A l’image de l’outil de Google dédiée à son sujet, le suivi des épidémies de grippe est un véritable booster pour la création d’applications basées sur l’analyse des messages transitant via les réseaux sociaux permettant d’établir une cartographie dynamique de la situation. Le premier avantage étant la rapidité d’accès à l’information, voir la production des résultats en temps réel.
A titre d’exemple aux USA, les outils traditionnels de suivi, tels que les Centers for Disease Control and Prevention proposent un indicateur avec un décalage de deux semaines sur la prévalence de la grippe en fonction des symptômes évoqués lors de consultations à l’hôpital.
Sans parier sur le remplacement des traditionnelles études épidémiologiques, on ne peut s’empêcher de constater le formidable atout que représente l’utilisation des réseaux sociaux, couplés aux technologies des mobiles, de la cartographie, de la géolocalisation…dans la surveillance des épidémies en tout genre.
Petit florilège des outils développés :
Twitter comme vigie des zones de pandémie en cas d’épidémie.
Partant du constat que les personnes grippées ont tendance à publier de nombreux messages sur leur maladie sur Twitter, pourquoi ne pas essayer d’analyser ces tweets pour dégager des tendances de progression de l’épidémie, au sein d’une zone comme les États-Unis.
C’est sur cette hypothèse qu’ont travaillé des chercheurs de l’université de Rochester. En s’intéressant aux échanges postés sur Twitter par les utilisateurs malades, afin de mettre au point une application appelée GermTracker, dont l’algorithme est capable de cartographier dans l’espace et dans le temps les lieux où les maladies sont les plus actives. Ils ont pu ainsi recenser sur un mois à New York les différents lieux où se sont rendus les individus malades de la grippe.
A partir de l’analyse des mots clés et des données de géolocalisation issues des données GPS contenues dans les tweets, l’application utilise un code couleur allant du vert au rouge et permettant de classer un individu en fonction de son état de santé et positionne les gens sur une carte consultable par tous.
Afin d’en savoir un peu plus sur la véracité des propos tenus sur Twitter, l’application à ses utilisateurs de cliquer sur l’un des points de couleur qui représente un « potentiel malade », il a accès à son tweet et peut l’évaluer lui-même en disant s’il est ou non d’accord avec la classification de ce celui-ci.
(Quelques liens pour découvrir les facettes de cette application : http://www.cs.rochester.edu/~sadilek/research/ - http://www.nypost.com/p/news/local/fluish_hot_spots_K0uXLef5k523G0ifN7yY4M?utm_source=SFnewyorkpost&utm_medium=SFnewyorkpost - http://fount.in/m ).
Cliquer pour visualiser le diaporama.
Facebook, lieu de discussion autour de la santé
Selon le baromètre « Web et Santé » (Hopscotch /Listening Pharma), Facebook représente 51% des conversations sur le thème de la santé, c’est un lieu de discussions autour de la santé, visiblement pour les internautes.
Cela explique sans doute, son utilisation via l’application autour de la grippe « Help, I Have the Flu », qui se rapproche de Germ Tracker, cité ci-dessus. « Help, I Have the Flu » utilise et analyse les statuts Facebook de vos amis, à la recherche de mots tels que « tousser » ou « grippe ». Vous êtes ainsi alerté de l’état de santé de vos amis.
https://apps.facebook.com/help-flu/
Google, le pionnier dans le suivi de la grippe
On ne présente plus l’outil de Google, lancé en 2008, consacré au suivi de la grippe Google Flu Trends. L’outil, qui existe dans une quinzaine de pays à ce jour, utilise les données de recherche agrégées pour estimer les régions dans lesquelles l’activité grippale est à son plus haut niveau. Google a constaté que la fréquence de ces recherches en ligne sur la grippe correspond de près à l’activité grippale réelle.
Hypothèse confirmée dans les grandes lignes, par le réseau Sentinelles*, en France, (voir la page de comparaison des surveillances Sentinelles et les recherches sur Google : http://websenti.u707.jussieu.fr/sentiweb/?page=google ), même si quelques controverses naissent ici ou là**…
http://www.google.org/flutrends/about/how.html
Des plateformes collaboratives spécifiques
Le mode collaboratif est à l’honneur, avec la plateforme FluNearYou. Projet de sécurité publique utilisant des données partagées de plus de 40.000 personnes, puis, les analyse pour suivre les tendances et l’activité de la grippe. Ce site a vocation d’aider le grand public, les médecins, les autorités de santé à se préparer à la pandémie.
Le suivi épidémiologique via les mobiles
Des applications mobiles pour suivre les pathologies en temps réel sont également développées, proposant des modules de cartographie, telle Click Clinica proposée par l’université de Liverpool. Celle-ci permet au corps médical de disposer d’une carte des maladies, qu’ils enrichissent eux mêmes en indiquant les pathologies des patients visités ou rencontrés. Ainsi, il est possible d’indiquer les symptômes d’une personne, et le traitement qui lui est conseillé.
Le tout, de façon anonyme afin de respecter la vie privée des individus, mais localisée, pour dresser une cartographie la plus précise possible. Elle recense ainsi des conseils et des bonnes pratiques émises par des institutions comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE).
Voir cette vidéo de démo http://www.guardian.co.uk/science/video/2012/nov/26/click-clinica-app-doctors-video
Un atout supplémentaire dans le suivi épidémiologique
Ces quelques exemples démontrent la richesse et les possibilités offertes par les réseaux sociaux dans le chapitre de surveillance épidémiologique.
Un atout indéniable dans le suivi en temps réel, d’une éventuelle pandémie. Un mode de suivi permettant sans doute, aux autorités sanitaires de posséder une cartographie, plus ou moins fiable de l’évolution d’une situation. Mais, il ne faudrait pas sans doute, vouloir opposer ces 2 « écoles » ou vouloir remplacer les systèmes traditionnels actuellement mis en place autour de la surveillance épidémiologique (systèmes basés sur des méthodologies et acteurs connus et éprouvés) par le suivi via les réseaux sociaux.
Mais il est clair, que dorénavant, les responsables de la surveillance épidémiologique doivent prendre en compte les informations collectés via les réseaux sociaux, d’autant que diverses études ont souligné la corrélation entre les données fournies par Google et celles collectées de manière « plus scientifique ».
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Pour en savoir plus :
*Réseau Sentinelles : réseau constitué de 1300 médecins généralistes libéraux, de France Métropolitaine ayant pour mission de surveiller 13 indicateurs de santé : http://websenti.u707.jussieu.fr/sentiweb/?page=bulletin
** Article « pharmacovigilance 2.0 » : http://carnets.parisdescartes.fr/blog/view/133758/pharmacovigilance-20
Article « Rôle accru des médias sociaux dans le suivi de la propagation des maladies » : http://sciencepourlepublic.ca/fr/feature/past-features.aspx?id=88