c'est l'été, il fait chaud. Peut-être avez-vous la chance d'être en vacances, au bord de la plage ou noyés dans un océan de verdure. Ou alors vous devez encore travailler et chercher un moyen d'évasion. Que vous désiriez vous détendre ou échapper à la réalité, laissez-moi vous proposer une lecture, qui nous renvoie six siècles en arrière. Je veux parler de l'excellent ouvrage de l'historien Georges Minois, un essai d'histoire totale sur La Guerre de Cent Ans, publié dans la collection tempus des éditions Perrin. Un petit ouvrage qui fait le tour de la question en 730 pages, n'en oubliant aucun de ses aspects militaires, politiques, religieux, démographiques, économiques, culturels. Vous allez vous dire : 730 pages d'histoire totale, c'est rébarbatif pour les vacances. Eh bien pas du tout. Ce livre a l'avantage de se lire tout seul et il ne vous reste plus qu'à vous laisser bercer par la musique des mots pour vivre l'évasion totale. Comment ne pas frissonner de plaisir devant une telle prose :
"La Guerre de Cent Ans, en fixant l'attention de l'Angleterre sur l'espace français, a retardé sa vocation maritime. Pendant que les deux royaumes sont occupés à se battre, Castillans et Portugais commencent à explorer l'Atlantique. L'année d'Azincourt, les Portugais d'Henri le Navigateur s'emparent de Ceuta ; en 1434, ils atteignent le cap Bojador. Les premières caravelles commencent à naviguer. Un autre monde s'ouvre, à l'insu de la France et de l'Angleterre."
Il y a bien sûr dans ce passage la beauté et la fluidité de la langue. Mais il nous livre aussi une clé d'interrogation sur notre présent. Car derrière l'automne du Moyen Âge, se profilent déjà les Temps modernes et le beau XVI° siècle. Pareillement, ne vivons-nous pas l'automne de la civilisation industrielle telle que la détermina le XIX° siècle ? A avoir, avec cette grille de lecture, les yeux rivés sur les courbes atones de la croissance et de l'emploi, ne fermons-nous pas notre regard à l'univers des possibles qui nous attendent, nos Temps modernes à nous ?