Depuis Lyon (Rhône).
Matteo Trentin.
Le chronicoeur, au volant du véhicule de l’Humanité toute la journée sur l’étape du jour, a pu le vérifier de près et s’en délecter: le Peuple du Tour a été au rendez-vous de cette traversée plutôt accidentée entre Saint-Pourçain-sur-Sioule et Lyon (191 km). Une foule absolument considérable a accueilli les rescapés de la centième édition, pour l’une des toutes dernières occasions de briller avant une infernale succession de cols, à commencer par demain et le petite visite à l’impitoyable Mont Ventoux.Ce samedi, l'euphorie a donc continué à régner dans les rangs de l'équipe Omega-Quick Step, qui vient d'aligner trois victoires en quatre jours. Sur tous les fronts depuis St-Malo, entre victoires et polémiques, le leader de l'équipe Mark Cavendish était à priori au repos sur un parcours si vallonné. Toute la formation belge aurait presque pu souffler un peu, après son époustouflant coup de bordure de vendredi. Mais Débarrassé de ses tâches d’équipiers de luxe auprès du sprinteur britannique, l'Italien Matteo Trentin a profité de cette liberté d'un jour pour se glisser dans la belle échappée (18 coureurs) et a jailli dans l'interminable dernière ligne droite, à quelques pas du stade Gerland, pour régler les attaquants au sprint.
A 23 ans, il décroche la première victoire de sa carrière chez les professionnels, devant de sacrés clients, comme Michael Albasini (2e), Andrew Talansky (3e) et Jose Joaquin Rojas (4e).
Dans cette journée promise aux aventuriers, en raison des sept côtes répertoriées, il était peut-être plus dur pour lui de se glisser dans l'échappée gagnante. Au terme d’une bataille encore une fois assez éprouvante pour les 181 coureurs, le peloton a résisté pendant deux heures avant d'abandonner quand un groupe de 18 hommes s'est formé à l'avant, les 4 attaquants du matin (Voigt, Kadri, Vichot et Bak) recevant un coup de main providentiel. Malgré une tentative désespérée et presque ridicule de Cunego (Lampre) et Hoogerland (Vacansoleil), partis à contre-temps et longtemps perdus entre l'échappée et le peloton, ce sont ces 18 hommes qui se sont disputé la victoire dans les faubourgs de Lyon, avec deux côtes (Duchère et Croix Rousse) avant six kilomètres tout plats. C'est ce passage sur les quais du Rhône qui a servi Trentin a profité du passage sur les quais du Rhône pour dominer les puncheurs.
Le Ventoux.
Et demain? C’est dimanche 14 juillet. Et pour la Fête nationale, le Tour rejoint le sommet mythique du Ventoux, pour la 15e étape, qui a la particularité d’être aussi la plus longue de l’épreuve: 242,5 kilomètres. A partir de Givors, la course prendra la direction du sud et rejoindra le Vaucluse par la Drôme provençale. Trois côtes assez insignifiantes figurent sur le parcours avant le célébrissime Mont Chauve, abordé par Bédoin sur le versant sud. C’est là, dans la petite bourgade entourée par les vignes, que commencent les 20,8 kilomètres d’ascension, d’une pente moyenne de 7,5%, jusqu’à l’Observatoire à l’altitude de 1912 mètres. Au Chalet Reynard (1435 m), il restera encore 6,5 kilomètres de montée dans un univers de pierres, minéral et lunaire, surchauffé en cas de canicule, dévasté par le vent quand le mistral souffle fort. L’épreuve a franchi quatorze fois le Géant de Provence depuis 1951. Mais l’arrivée de l’étape n’a été jugée au sommet qu’à huit reprises, la dernière en 2009 (victoire de l’Espagnol Juan Manuel Garate). Deux contre-la-montre et cinq étapes en ligne sont arrivés au Ventoux, où les Français (Raymond Poulidor, Bernard Thévenet, Jean-François Bernard et Richard Virenque) se sont imposés à quatre reprises. Des centaines de milliers de spectateurs sont attendus pour cette 15e étape, encadrée par un dispositif exceptionnel pour préserver un site naturel remarquable… Une certitude: le Peuple du Tour sera présent, sur les pentes mythiques comme devant leurs téléviseurs. Et une seule question: Chris Froome sera-t-il encore en jaune dans vingt-quatre heures?Pour mémoire, voici les premiers au sommet du Mont Ventoux: 1951: Lucien Lazarides (FRA)1952: Jean Robic (FRA)1955: Louison Bobet (FRA)1958: Charly Gaul (LUX), arrivée (contre-la-montre)1965: Raymond Poulidor (FRA), arrivée1967: Julio Jimenez (ESP)1970: Eddy Merckx (BEL), arrivée1972: Bernard Thévenet (FRA), arrivée1974: Gonzalo Aja (ESP)1987: Jean-François Bernard (FRA), arrivée (contre-la-montre)1994: Eros Poli (ITA)2000: Marco Pantani (ITA), arrivée2002: Richard Virenque (FRA), arrivée2009: Juan Manuel Garate (ESP), arrivée