Je viens d'apprendre la disparition du compositeur tchèque Mario Matous, survenue subitement le 4 juillet dernier. Un grand vient de nous quitter. Ses études sont de pures merveilles et j'aimerais, afin de lui rendre en toute humilité l'hommage qui lui est dû, vous soumettre deux d'entre elles, particulièrement impressionnantes.
L'halluciné
Matous, M.
Szachy, 1975 - 1ère Mention Honorable
Les Blancs jouent et gagnent
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les Blancs ont ici un mat forcé ! Bien plus encore que le confinement du Roi en défense, sur la huitième, c’est la force terrible d’un coup, de surcroît totalement improbable, qui autorise cette affirmation. Rares sont les solutionnistes qui peuvent se vanter de l’avoir trouvé. Et je ne vous parle même pas des machines, qui l’élaguent aussitôt de leur arbre d’analyse, au profit de possibilités « plus rationnelles ».
La tentative naturelle 1.
1.
Position après 1. …
Et maintenant, que jouez-vous ? 2.
Position après 4.
4. ...
Position après 5. ...
6.
Position finale
Il faut se méfier des Fous, surtout lorsqu’ils ont l’air de faire n’importe quoi !
Le gouffre
Matous, M.
Ceskoslovensky Sach, 1993 - Mention Honorable Spéciale
Les Blancs jouent et font nulle
Dans l'état actuel des choses, la Tour blanche est dominée. Une simple retraite amène inéluctablement sa perte sèche par
1.b7+
Position après 4.
4. ...
Position après 5. ...
Un léger doute plane sur la salubrité de la ligne de jeu choisie par les Blancs ; ils viennent de perdre leur unique Pion, leur Tour est attaquée et la menace
Position après 7. ...
8.
Position finale
Cette case h1 est un véritable gouffre !
En 2007, Mario Matous reçut le prix de « l'étude de l'année », décerné par la Commission Permanente de la FIDE, pour un magnifique chef-d'oeuvre que je vous laisse découvrir sur Chess.com. Il était considéré comme l’un des plus grands compositeurs d’études contemporains. J'espère avoir réussi à vous en convaincre grâce à ce bref hommage.