Que vous soyez fauchée comme les blés, pressée comme un citron, cuite de fatigue ou en panne de four ces petits livres sont censés vous sauver la mise. Je suis hors cible, c'est mon réfrigérateur qui est tombé en rade et croyez moi, c'est plus pénalisant que de ne pas pouvoir se servir d'un four. Car toutes les denrées périssables vous sont ipso facto interdites.
Cuisiner sans frigo n'a pas encore été écrit et je me porte candidate, qu'on se le dise. Pour le moment je vous parle des 4 autres qu'il faut considérer davantage comme des guides que comme des livres de recettes.
Commençons par celui auquel je donnerais la meilleure note : cuisiner fauché
Avec une telle contrainte, il faut faire preuve d'imagination et cette fois c'est assez réussi avec un éventail de propositions allant du classique à l'inattendu. Certes, on trouve une soupe poireaux-pommes de terre (p.28) emblématique des mois difficiles mais j'avoue que c'est si bon qu'on peut bien s'en régaler tous les jours.
Et puis elle est suivie d'un velouté de concombre à la menthe et pommes de terre au curry qui m'a semblé fort sympathique.
La salade niçoise (p. 34) est comme il se doit enrichie d'haricots verts. Et on ne nous recommande pas de la noyer sous le riz. Un excellent point ! Le Paris Nice (p.40) est la version haut de gamme de cette recette. Je ne suis pas sure que ce soit un plat "de pauvre" mais c'est toujours positif d'apprendre une nouvelle présentation.
Juste après, une salade d'épinards, petits pois et feta montre que là encore on peut se régaler pour pas cher. Il suffit d'y penser.
En dessert (p.92) la soupe de pêches au basilic fera oublier à vos convives que votre porte-monnaie était quasi vide quand vous avez fait les courses.
La transition est toute trouvée pour cuisiner sans faire les courses que j'ai lu avec intérêt. Cà tombait bien, je n'avais pas envie de sortir, j'étais fatiguée ... mais à mesure que je tournais les pages la moutarde me montait au visage. Ou il me manquait toujours un ingrédient, ou la recette était d'une banalité affligeante.
Voilà que je tombe sur la quiche lorraine (p.60) que l'on me suggère de réaliser avec du gruyère râpé. Déjà que c'est pas le nom correct, puisqu'on emploie de l'emmental ... en plus les puristes savent que ce fromage est sacrilège dans une quiche qui se veut lorraine pure souche.
Arrive la tarte au citron (p.88) ... comme si on avait tous sous la main une pâte sablée, des citrons jaunes, et surtout un citron vert (je vous mets au défi d'ouvrir vos placards et de brandir ce fruit là).
Les auteurs auraient dû avertir : cuisiner sans faire les courses ... aujourd'hui (sous-entendu vous repérez la recette, et faites les courses la veille).
Seule vraie découverte : les tagliatelles au chocolat (p.90) parce que j'ai toujours du cacao amer chez moi, mais vous peut-être pas ...
Pour le reste je n'ai pas besoin d'un bouquin pour penser à faire des crêpes ou un gratin de pomme de terre. Vous aurez deviné qu'il a la plus mauvaise note.
Moins catastrophique, cuisiner pressé. On sait tous que le temps n'est pas un gage de succès dans le domaine culinaire. J'ai retenu des boulettes de veau à la pistache (p.16) encore que trouver l'huile de pistache prendra du temps (et que donc il faudra pas être si pressé que çà ou avoir pensé à anticiper).
Les pêches pralinées rôties au miel m'ont séduites (p.84), mais fastoche pour moi car j'ai du pralin tout prêt depuis que j'ai fait des Paris-Montargis.
Les muffins de la page 40 m'ont fait sourire. Le cuisinier était si pressé qu'il a carrément zappé la moitié de la recette puisque les ingrédients du superbe muffin au saumon et au crevettes ne sont tout simplement pas cités.
Terminons par cuisiner sans cuisson qui est lui aussi une compilation de fausses promesses. Car il faut bien faire cuire les fèves avant de les introduire dans les verrines (p.14) et que les jolies présentations avec des noeuds de ciboulette nécessite qu'on les ébouillante. A oublier donc si on est en camping sans le moindre réchaud.
Sans cuisson parfois, mais en tout cas pas sans appareils ménagers. Si vous n'avez ni robot, ni réfrigérateur le pari devient impossible. Et souvenez-vous de mon souci : mon réfrigérateur a rendu l'âme.
Moralité : feuilletez attentivement ces livres alléchants avant de vous lancer, surtout si c'est pour faire le petit cadeau "sur le pouce, quand on n'a pas de temps à y consacrer et qu'on est fauché" ....
Les mini guides Hachette sont sortis en juin 2013 et sont chacun vendus 6 €