L’opposition a traîtreusement profité que Nicolas Sarkozy assistait à l’enterrement de Jean-Claude Brialy, pour poser la première pierre (certes virtuelle) d’une terrifiante machine de guerre anti-UMP pour les législatives.
Ainsi François Hollande a-t-il pour un temps abandonné l’argument semble-t-il totalement contre-productif, de la nécessité pour les électeurs de faire barrage à une vague bleue pour insister sur le bilan de cinq années de pouvoir UMP en rappelant : "il me paraît nécessaire de rappeler qu'une élection législative, c'est aussi une évaluation d'un bilan, pas simplement une nouvelle phase. On finirait par oublier qu'il y a une majorité sortante, on croirait être un état quasiment révolutionnaire où un nouveau président sans aucun lien avec le précédent viendrait nous dire qu'il n'a rien à voir avec la politique qui a été menée depuis cinq ans".
Hélas, ce positionnement bon, bien que tardif, est aussitôt anéanti par la demie main tendue… au MoDem. Après l’annonce par François Bayrou que son parti "se prononcerait au cas par cas au second tour des législatives" au sujet d’éventuels désistement en faveur des candidats socialistes, le premier secrétaire du PS, tout en considérant que le MoDem "s'est mis dans une forme d'impasse", n’a pas totalement fermé la porte à des accords avec les centristes : "nous ne pouvons avoir des accords de désistement que si nous sommes d'accord sur un certain nombre de principes communs, de politiques communes" mais "rien n'est prévu". Bref, une nouvelle fois, comme lors de l’entre-deux tours de la présidentielle, le PS ne sait plus sur quel pied danser avec François Bayrou face auquel les socialistes jouent à une sorte de "je t’aime moi non plus", qui a toutes les chances de leur être aussi fatal le 17 juin que le 6 mai.
Pendant ce temps-là, et sans que l'opposition trop occupée à cafouiller de pseudo alliances bancales ne trouve rien à y redire, Brice Hortefeux tente de révolutionner les mathématiques. Le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement, a demandé aux responsables des forces de l'ordre de procéder cette année à 125 000 "mises en cause pour infraction à l'entrée et au séjour des étrangers" devant la justice dans des enquêtes portant sur l'immigration irrégulière, avec pour objectif 25 000 expulsions avant décembre. Même en ajoutant à ce nombre les 2 500 départs volontaires aidés financièrement annoncés par le ministre, il n'en reste pas moins que 97 500 personnes seront "mises en cause" sans pour autant être expulsées. De deux choses l’une, soient elles ne sont pas en situation irrégulière et alors Brice Hortefeux avec ses nouveaux quotas atteint des sommets de démagogie, soit le ministre en dépit de ses rodomontades n’a pas les moyens de son affichage politique et dans ce cas il donnera amplement raison à Jean-Marie Le Pen qui qualifie ces annonces d’"imposture".