Moscovici démission !

Pierre Moscovici, c'est le ministre de l'économie de la France, celui qui tient les cordons de la bourse (avec le ministre du budget), donc le vrai pouvoir. Pierre Moscovici, c'est aussi l'homme qui au nom de la France avait accepté sans barguigner de signer un accord qui prévoyait de taxer les quelques économies mises de côté par des milliers de travailleurs Chypriotes. Chypre, c'est tout petit, c'est loin, on s'en fout, on peut bien y mener les politiques les plus austèritaires et les libérales possibles ! Sauf que cela lui a valu de se faire traiter de "salopard" par François Delapierre, secrétaire national du parti de gauche, et que ce qui devait passer inaperçu a été montré au grand jour. Certes, on peut penser ce que l'on veut du terme employé, mais il reste qu'un ministre d'un gouvernement qui se dit de gauche a osé trahir les catégories populaires d'un pays ami. Quand on est de gauche, c'est plus qu'une faute, c'est une honte.

Mais doit-on s'en étonner de la part de quelqu'un qui se réclame l'ami de Dominique Strauss-Kahn, l'ancien patron du FMI, l'organisme qui soutient toutes les politiques d'austérité sur le vieux continent ? Pierre Moscovici est à l'écoute des patrons. Il suffit qu'un petit groupe de "pigeons" caquette un peu trop fort, et le voici qui rapplique et remet son projet de loi dans sa besace ; et dans le même temps des milliers de salariés dont les entreprises ferment ou délocalisent n'ont que l'inertie du gouvernement pour seule réponse.

Ces derniers jours, Pierre Moscovici a franchi un pas supplèmentaire dans son asservissement au grand capital. Il juge que la Taxe sur les Transactions Financières (TTF) que l'Union Européenne va mettre en place est trop élevée, qu'elle serait un frein pour l'économie française. La TTF, c'est quoi ? En gros, c'est l'équivalent de la fameuse et célèbre taxe Tobin. Sa principale disposition consiste à taxer  toutes les transactions financières, 0.1 % pour les actions et obligations, et 0.01 % pour les produits dérivés. Bref, peanuts au vu des milliards en jeu et échangés tous les jours, et de façon souvent assez opaque. Ces chiffres sont à mettre en comparaison avec ceux de l'augmentation de la TVA, (+0,4 % pour le taux normal, + 3% pour la restauration), décidée par le gouvernement, sous l'impulsion de Mr Moscovici, et qui sera payée par tous les Français, notamment les plus fragiles. Qu'à cela ne tienne, pour Pierre Moscovici, la TTF est trop élevée. Pauvres petits patrons !

Petit rappel en ce qui concerne cette taxe : c'est Nicolas Sarkozy qui en début 2012 s'y était dit favorable, à la surprise générale (c'est quand même jusqu'à présent le président le plus ouvert aux idées libérales que nous ayons eu). C'est sous sa présidence que le sujet a été mis à l'ordre du jour au sein de l'Union Européenne. Rappelons encore que durant la campagne électorale pour l'élection présidentielle, François Hollade s'y était à son tour dit favorable et en avait même fait une de ses promesses.

En soi, la TTF (ou taxe Tobin), ce n'est pas rien. C'est un des marqueurs de la gauche. En yb tournant le dos, Pierre Moscovici vient rappeler qu'il n'est pas de gauche. Certes, ce n'est un scoop pour personne, mais cet homme est trop influent sur la politique économique de notre pays (et de l'Union Européenne), il a commis trop d'actes de trahison idéologique envers le camp auquel il est censé appartenir, qu'il est urgent que cela cesse. Il doit démissionner !

Evidemment, personne n'est dupe, derrière Pierre Moscovici, il y a François Hollande, et rien ne peut se faire sans son aval. Mais il est de plus en plus évident pour un nombre grandissant d'économistes et de Français que la politique absurde de réduction de la dette publique nous mène droit dans le mur. Tôt ou tard, François Hollande sera contraint de changer de cap. Qu'il le fasse maintenant en envoyant un signe fort : Virer Moscovici !