Si vous avez une playstation 3 ou, plus largement, si vous vous intéressez un tant soit peu aux actualités du jeu-vidéo, le nom The Last Of Us devrait sonner agréablement à vos oreilles. Ça tombe bien, il va revenir tout du long.
Je me suis dit qu’il était temps que je vous parle de mon amour pour lui lorsque, dans un élan de lucidité, j’ai réalisé que je lisais à peu près chaque article qui voulait bien prendre la peine d’en parler – et si possible, d’en faire l’éloge. Pas forcément la meilleure façon de prolonger l’expérience mais, à défaut de pouvoir lancer le CD et prendre la manette en main, c’est largement suffisant pour faire remonter de bons souvenirs. Parce que oui, The Last Of Us, c’est avant tout une des meilleures expériences de jeu que j’ai pu avoir jusque là.
Cadeau : ce qui suit est garantit no-spoil. Je crois.
Il faut comprendre mon initiative, c’est aussi une façon de dire merci. Le titre de Naughty Dog étant une exclusivité ps3, potentiellement la dernière à retenir, je m’estime déjà chanceux d’avoir pu squatter la play d’un pote pendant une quinzaine d’heures d’affilés. Jours et nuits. Nuits et jours. Au petit dej’, avant de dormir, et même pendant que les autres dorment. En bref : tout le temps, non-stop.
A vrai dire, le dernier jeu à m’avoir autant accroché était le reboot de Tomb Raider par Square Enix dans lequel je m’étais attaché à Lara. Je pense d’ailleurs que la variable dans l’équation est l’importance que je choisis de donner – ou pas – aux protagonistes de l’histoire. Le sujet mériterai que l’on s’attarde dessus mais j’ai déjà pas mal de choses à dire, aussi n’en dirais-je pas plus. Toujours est il qu’en voyant le plaisir non dissimulé que je prends en jouant à ce genre de productions (ou en tout cas aux AAA qui essayent d’innover un peu), je me dis qu’il serait peut-être temps d’investir dans un bon pc ou dans l’une des prochaines consoles. Encore mieux : dans les deux.
Parce que l’un des seuls défauts que je veux bien reprocher à The Last of Us, d’une certaine manière, c’est son exclusivité. C’est ce qui m’attriste le plus lorsque je pense à toutes ces personnes qui ne mettront surement jamais leurs mains dessus. Pauvres d’eux même. Il mérite tellement d’avoir un public plus large, d’être vu, joué et éprouvé, qu’il pourrait justifier à lui seul l’achat d’une console Sony. Enfin, si l’on n’était pas en fin de cycle. (Après libre à vous, je crois qu’ils ont prévus de la saigner jusqu’au bout cette machine).
En même temps, presque paradoxalement, c’est en parti grâce à son statut d’exclusivité que Naughty Dog a pu faire un jeu aussi abouti. On sent qu’ils ont poussé la ps3 dans ses derniers retranchements. Les chargements, bien que rares, sont longs. Très longs. Le prix a payer pour de si belles textures et des environnements ouverts. En outre, les cut-scènes tournant avec le moteur du jeu sont juste magnifiques.
Malheureusement, des bugs font ponctuellement leur apparition, comme celui qui m’a privé d’une partie des dialogues sonores avant que je me décide à éteindre la console, sortir le Cd, le remettre et relancer le jeu. Une minute de pause. Ou de torture, c’est selon. J’ai néanmoins joué pas mal de temps avec ce bug et c’est pourtant pas faute de m’avoir rabâché que je passais à coté de la moitié du jeu – ce qui est vrai, vu que l’ambiance sonore est vraiment importante, aussi bien dans le gameplay que dans l’immersion. Mais j’y pouvais rien moi, j’étais jeune et naïf. Je n’avais que 4h de jeu, comment pouvais je savoir ?
Mais The last of us c’est surtout une histoire, celle de Joël et Ellie. Le premier a la cinquantaine et vit une vie de contrebandier dans un monde où le cordyceps – un virus/champignon touchant originellement les fourmis – s’est vu muté de façon à pouvoir infecter les humains, les transformants au passage en zombies mutants infectés et plus si exposition prolongée. Sauf qu’il va se voir confier un colis un poil différent de ce à quoi il a généralement l’habitude : la petite Ellie, et va avoir pour tâche de l’emmener à l’autre bout du pays. Contre vents et marées. Pourquoi ? Parce que. Fin de l’histoire. Sinon je spoil, et ce serait vraiment dommage.
Néanmoins, la force de ce titre réside dans sa capacité à piocher les bonnes idées à droite et à gauche pour ensuite les pousser à leur paroxysme. Ou en tout cas à la limite du techniquement possible. Pourtant on évolue en terrain connu. Jouer la carte des survivants dans un univers post-apo, c’est pas faire preuve d’originalité. Les zombies, les infectés, les mutants – peu importe leur nom, tous ces trucs là pullulent par milliers dans les productions actuelles. Et inlassablement, la patte Naughty Dog ne cesse de se faire sentir, rappelant à nous de lointains souvenirs concernant un certain Uncharted.
Bien sûr les références ou les bonnes idées ne s’arrêtent pas là et explosent sans cesse à l’écran, lorgnant aussi bien du coté du cinéma avec Les fils de l’homme que du coté de la littérature avec le plus récent The World War Z. Pour le plus grand bonheur de tous.
Alors c’est vrai, de prime abord, rien ne semble vraiment novateur. Certains ne seront pas attirés, ne comprendront pas, jusqu’à ce qu’on leur mette un pad en main. Jusqu’à ce qu’ils s’investissent émotionnellement dans l’histoire, qu’ils aient l’impression de voyager aux cotés des personnages. Jusqu’à ce que survivre devienne survivre.
De The last of us, on n’en revient pas sans séquelles. Et après ça, pas mal de trucs vont vous paraître fades.
Tout ça parce que l’un des gros points forts de The last of us c’est sa narration. Oui, vous avez bien lu : sa narration, la façon dont l’histoire est amenée.
Tout ce que je peux dire, sans risquer un spoil massif et total, c’est que les twists s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. Maîtrisée de bout en bout, l’écriture est constamment renouvelée, entraînant de même l’attention du joueur. Les différents événements narrés respirent l’authenticité et l’on voit difficilement comment tout cela aurait pu arriver d’une autre façon tant tout est logique. Et pourtant, difficile de prédire ce qui arrivera dans les dix prochaines minutes. Pour le coup on pourrait presque être en face d’un très bon film. Sauf que là, on influe un peu sur le déroulement des choses. (Rassurez vous, on ne sort jamais des scripts).
C’est sans parler de la coopération tacite faite entre la narration et le gameplay, l’un se mettant au service de l’autre et inversement. Des phases entières m’ont fait crier au génie (pseudo-spoiler : notamment celle à la toute fin de l’automne) et je vous assure que j’attends impatiemment de voir à nouveau un jeu qui va me sortir ça de cette façon.
Indice : c’est pas pour encore.
En outre, rendons à césar ce qui est à césar : si Joël semble calqué sur le modèle de Nathan Drake, le feeling est vraiment différent. Du haut de ses 50 balais, il est beaucoup moins agile et bien plus lourd dans ses déplacements, à tel point que courir s’avérera être la seule option de déplacement envisageable. En ce qui concerne les mécaniques de combat, on reste dans du classique – les fans d’Uncharted ne devraient pas être dépaysés. Notons toutefois la sensation grisante qu’offre Joël une fois au corps à corps. Pour le coup le vieillard s’en sort avec les honneurs. Du moins, quand on prend la peine de neutraliser subtilement quelques gardes avant de foncer dans le tas ou d’avoir attirer quelques infectés dans un endroit plus propice à leur casser des briques sur la tête. Sinon vous êtes assurés de mourir en boucle, le corps fatalement transpercé de balles ou la carotide assurément sectionnée d’un coup de mâchoire.
D’ailleurs, en ce qui concerne la difficulté, si le mode normal vous apportera d’emblée du challenge il faudra commencer directement en difficile pour comprendre l’importance d’un tir manqué, synonyme de balle gaspillée. Parce que pour avoir pris le temps de fouiller le jeu, j’ai rarement fini à court de munitions. Petit bémol, donc.
Enfin, le dernier point sur lequel je reviendrai est l’humanité insufflé aux personnages. Ceci étant notamment du à un script et un doublage français de grande qualité et à des expressions faciales criantes de réalité. Chaque personnage rencontré aura sa personnalité, son passé et sa façon à lui de se comporter avec vous. L’occasion alors de faire un peu d’humour ou de rajouter à l’intensité dramatique globale. Point bonus pour les deux personnages principaux dont la mentalité évolue tout au long de l’aventure, à force de rencontres et de problèmes surmontés ensembles. D’ailleurs Ellie sera sans cesse en proie aux questionnements et aux états d’âme d’une adolescente qui cherche sa place. Mais le meilleur restera sans doute toutes les réflexions et les mimiques qu’elle vous adressera au fur et à mesure de votre avancée. Sérieusement, qui n’a pas voulu lui en coller une quand elle s’est mise à vouloir apprendre à siffler en plein milieu d’une ville remplie d’ennemis ? Et en même temps, qui n’a pas voulu la prendre dans ses bras tel un père fier de sa fille lorsqu’elle y est finalement arrivé quelques minutes (dizaines de minutes ? heures ?) plus tard ?
Je vous cache pas que The last of us, c’est tout ça et bien plus à la fois. C’est probablement avant tout une histoire. Celle de deux personnes que tout oppose devant apprendre à survivre ensemble.
J’ai néanmoins conscience d’avoir été brouillon dans mon développement, d’avoir écrit avec la plume du fanboy par moments, mais croyez moi quand je vous dit que c’est une histoire qui vaut la peine d’être vécue.
Et puis, #TeamEllie quoi.