Mes bons amis connaissent le respect plus que scrupuleux que j'ai pour un principe churchillien fondamental : "no sport".
Mes bons amis connaissent aussi le respect quasi filial que j'ai pour un corps médical qui m'est proche d'autant plus que ce sont tous, chirurgiens, anesthésistes, cardio et autres spécialistes, de vrais amateurs du beau vin, et donc aimant bien des discussions qui les changent des habitudes de leur si noble métier. Tous ceux-ci m'ont intimé de façon parfaitement limpide, l'urgente nécessité de dédier régulièrement ce corps physique qui nous commande à une activité régulière dans le but plus que sain d'entretenir cette machine complexe qui ne peut se satisfaire de rester inactive. C'était clair, précis et sans appel.
Dont acte.
C'est là qu'intervient un mien ami, PDG d'une unité de production de vélocipèdes et lequel, compatissant, me propose d'être cobaye d'une nouvelle machine montée sur mesure, de la véritable haute couture.
Me voilà testeur !
Mais achtung !! Pas question de choisir une de ces terribles machines à souffrance comme en ont les célébrissimes vignerons Perrin (Beaucastel) ou Perse (Pavie), deux forcenés cyclopédistes ayant déjà monté tous les cols de souffrance des tours de France. Des allumés dont il était hors de question de rejoindre la petite communauté qui se réunit régulièrement avec des étapes tardives que la morale m'oblige à ne pas évoquer. Des seigneurs, je ne vous dis que ça !
J'ai donc réussi à obtenir un cycle avec assistance électrique. Pas de confusion : ce n'est point un solex silencieux, car cette assistance ne fonctionne que si l'on pédale. Que ce soit bien clair dans les esprits mesquins de quelques rares lecteurs cherchant à moquer ce nouvel esprit sportif qui m'anime !
On est dans la crème de la crème : shimano, nexus 8, selle papale, freins de référence, pneus bi-color, tableau de bord et tout le toutim :
On voyage à une certaine altitude que connaissent bien les conducteurs de 4*4 britons ou japonais. Ne jamais être doublé, dépasser tous les quidam souffrant par 30° alors que vous batifolez avec Phlipp Glass dans les oreilles, j'avoue que c'est une petite jouissance bebête totalement interdite par des principes religieux qui, malheureusement, n'étaient point prioritaires ce jour à Bordeaux.
On en m'en voudra pas d'évoquer sur un blog dédié au vin une telle divergence factuelle mais - va savoir Charles - cela va peut-être inciter des amis dont la vie des dernières décennies a été un total engagement à la haute gastronomie et aux vins de belle réputation, sans consacrer les minima nécessaires à une tenue physique loin d'un Hinault, certes, mais dont l'impératif devient de plus en plus exigeant avec le temps… si toutefois on n'a pas l'envie d'une rencontre précoce avec les sbires barbus d'un St Pierre qui n'était pas que buveur d'eau : du moins, on l'espère !
On vous dira tout :-)