Dan Tepfer & Ben Wendel reçoivent à Paris

Publié le 12 juillet 2013 par Assurbanipal

Dan Tepfer&Ben Wendel

reçoivent à Paris.

Mercredi 10 juillet 2013. 20h.

Dan Tepfer : piano, clavier, ordinateur, chant

Ben Wendel : saxophone ténor, basson, clavier, ordinateur

Quatuor à vent composé de :

Elfie Bonnardel et Antoine Vornière : bassons

Erica Bliznik et Carol Mundinger : clarinettes

Invités surprise :

Oliver Bogé : saxophone alto

Kendrick Scott : percussions

 

Le portrait de Dan Tepfer & Ben Wendel a été réalisé lors d'un précédent concert parisien par la Souriante Helène POISSON. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Ca commence par un solo de sax ténor. Classique, grave, majestueux. Que c’est bon d’entendre un saxophone sans microphone ! Le sont est tellement plus chaud, plus naturel. Dan s’ajoute léger, rapide. Puis un solo de piano méditatif, impressionniste. Ca y est, les bassons enchaînent ajoutant de la gaité à la musique. Ils créent une vague qui va crescendo du piano au quatuor en passant par le saxophone. Tous glissent sur la même onde de plaisir. Ca change avec un dialogue où les bassons ponctuent l’onde du piano. Celle-ci poursuit sa route, comme une lame qui n’a pas encore atteint le rivage. Aux vents d’improviser alors que le piano tisse un fond grave et lent. Ben reprend son sax en mains pour un dialogue entre cuivre et vents ponctué par le bourdonnement du piano. Stop !

C’est la première fois que Ben Wendel joue dans ce type de formation. Dan l’a déjà fait, notamment avec Lee Konitz, mais avec un quatuor à cordes. Il y a quelques soucis de mise en place. Ben Wendel nous raconte une blague, nous incite à discuter entre nous, sort de la scène. Un spectateur prête aux musiciens un Ifaune en état de marche. Habituellement, le public est prié de couper ses portables avant le concert. Ici, on lui demande d’en prêter un allumé et chargé. Le progrès fait rage. 

Duo sax ténor, clavier électronique avec des nappes de son douces, planantes entre l’orgue d’église et le dulcimer. Les bassons prolongent dans le grave, les clarinettes dans l’aigu. C’est à la fois agité et tranquille. Le sax ténor tourne autour de la mélodie de « Body and Soul », il me semble. L’accompagnement du piano et du quatuor à vent perturbe tous mes repères de jazzophile. Le but est atteint. Duo purement Jazz entre sax et piano vite rejoint par le quatuor. C’est une musique exigeante pour ses auteurs comme pour ses auditeurs. Fort joli final en duo.

Dan commence au piano avec un ostinato main gauche. Le quatuor enchaîne en ponctuant. Ben prend son basson. Dan en soliste. Le quatuor ponctue à tous vents. Lorsque Ben Wendel joue du basson, c’est comme l’envol d’un héron. Gauche au départ puis majestueux, puissant. Tiens, le piano swingue.

Dan nous explique le processus créatif en cours. Il a un clavier électronique posé sur le piano. Quand il joue dessus, les notes vont dans son ordinateur. Dan a réalisé un logiciel qui permet de transformer les notes jouées sur le clavier en notes écrites à l’écran de l’ordinateur qui les transmet, via oui fi, vers les Ifaunes et les tablettes électroniques des musiciens du quatuor à vents. Ceux-ci font ensuite leurs propres choix musicaux quant au rythme, à la texture, à l’articulation, à la dynamique.

Ben s’empare du clavier et de l’ordinateur. Olivier Bogé est l’invité surprise au sax alto. Dan commence une petite comptine légère que ponctue le quatuor avec un léger décalage de sons. S’ensuit un duo piano/sax alto plein de souffles, de vibrations bref un autre style que Lee Konitz avec qui Dan Tepfer joue en duo depuis quelques années. Ben ajoute le son du clavier, le quatuor se joint au jeu et la musique s’envole, majestueuse et rythmée. Belle scansion du piano. Le stylo de ma voisine de devant tombe sur le plancher. Cela ^ponctue bien la fin du solo de piano.

Olivier Bogé quitte la scène. Dan se met debout devant le piano. Ben reprend son sax ténor mais reste au clavier. Le quatuor joue une mélopée. Je ne reconnais pas la mélodie mais quand Dan se met à cahoter «  Never let me go », un standard que chantait notamment Chet Baker, tout doute disparaît. C’est la première fois que j’entends Dan chanter. Il se débrouille bien, l’animal. C’est juste émotionnellement et musicalement, un beau compromis entre Frank Sinatra et un chanteur de lieder. De plus, il chante sans micro. Au dessus d’un clavier électronique et d’un quatuor à vent, chapeau. Jusqu’où s’arrêtera t-il ? Il est bien moins maladroit lorsqu’il chante que lorsqu’il joue du sax alto. Dan se remet au piano pour discuter avec Ben au ténor. C’est romantique en diable, sentimental mais pas sentimentaliste. Petit bémol : Dan est un peu juste sur la fin pour roucouler avec le quatuor.

Dan nous demande si quelqu’un a amené des baguettes. Une spectatrice propose des baguettes chinoises. Un peu petit. C’est que Kendrick Scott, un des meilleurs batteurs du monde selon Dan, monte sur scène. Comme matériel, le père de Dan, en gentil organisateur, lui prête un seau à charbon en cuivre et des tisons. Ben commence au ténor. Kendrick prend ses outils en main et commence à ponctuer vif, précis, léger. Il a vite trouvé le bon ton sur son instrument de fortune. Est-ce répété ou totalement improvisé ? Je reconnais un morceau de l’album du duo Dan Tepfer&Ben Wendel avec l’ajout de cette pulsation rythmique légère et implacable. Kendrick prend ensuite le seau comme une calebasse, le tenant avec la main gauche à l’intérieur, le frappant de la main droite. Pendant ce temps, Dan et Ben poursuivent leur dialogue de bien entendants. Le quatuor vient s’ajouter à la fête. Ca danse ! Kendrick a repris ses baguettes magiques. Cela l’inspirera t-il pour un enregistrement ? Quelle belle cavalcade entre pianiste, saxophoniste et percussionniste. Laissez hennir les chevaux du plaisir comme disait Alain Bashung.

RAPPEL

Retour sur scène du duo Dan Tepfer&Ben Wendel. Retour au classicisme avec une ballade épurée. « Ask me now » de Thelonious Sphere Monk. La mine Monk est inépuisable. Après le Tinissima Quartet de Francesco Bearzatti, en voici une nouvelle preuve. 

Le public enchanté réclame les musiciens qui reviennent sur scène saluer avec le quatuor.

Pour ceux qui préfèrent leur Jazz servi en plein air, en bord de mer, le duo Dan Tepfer & Ben Wendel sera en concert au festival Jazz à Vannes (56) le mardi 23 juillet 2013 à 21h. 

La musique jouée devrait être proche de celle jouée au Smalls Jazz Club à New York, USA, sur l'autre rive de l'Océan Atantique, le 14 mai 2013. Voici Dan Tepfer & Ben Wendel improvisant sur " Solar " de Miles Davis.