Dans la vie il y a les Bradford Cox, Ty Segall et autres WhiteFence qui balancent des disques tous les 4 matins et puis il y a les
autres, ceux qui font le mort, ceux dont on ne sait parfois même pas si il y
aura une suite. 2013 aura été l’occasion d’assister à plusieurs come back.
Retour sur 6 disques qui auront fait l’événement grâce à ces retours plus ou
moins improbables.
The Knife – Shaking The Habitual [Rabid]
Tout est dans le titre, le duo Suédois a décidé de secouer les
habitudes. Full of Fire, le premier
single, avait annoncé la couleur avec ses beats hallucinés et violents, un
défouloir gigantesque, un trip électronique de 9 minutes d’une rare violence
mais toujours extatique. Avec Shaking
The Habitual, The Knife n’est
plus un groupe pop mais expérimental se permettant tous les extrêmes comme le
titre ambient Old Dreams Waiting to Be
Realized de 19 minutes. Toutefois on retrouve quelques morceaux plus
familier permettant, s’il était possible de douter, de montrer que le groupe
n’avait rien perdu de son talent mélodique comme le léger A Tooth for an Eye. Mais c’est bien dans leur aspect le plus
électronique que The Knife éblouit
en montrant une envie d’en découdre et de faire danser les foules. On regrette
parfois la présence de compositions plus consensuelles, on aurait aimé que Shaking The Habitual soit plus radical
et plus punk n’hésitant pas à bousculer encore plus ses auditeurs. Cependant,
la mission est plutôt bien remplie puisque l’on sort de ces 96 minutes (Hé oui
quand même) lessivé et éprouvé démontrant ainsi que l’on a affaire à un disque
pas comme les autres.
Précédent album : Le
culte Silent Shout en 2006 considéré
par beaucoup comme un des meilleurs albums d’électro-pop de la précédente
décennie.
Qu’est ce qu’ils ont foutu pendant tout ce temps ? : La moitié féminine Karin Dreijer Andersson a sorti un disque solo en 2009 sous le nom
de Fever Ray. Ce fut là encore un
succès critique, et l’album jouit lui aussi d’un statut culte.
En 2010, ils ont collaboré avec Mt Sims et Planningtorock à la réalisation d’une B.O. pour un opéra. Le
résultat est assez expérimental et indigeste. Quelques titres à écouter
cependant comme l’envoûtant, dansant et exaltant Colouring of Pigeons qui
annonce quelque part la direction prise avec Shaking The Habitual.
Note : 08/10
Date de sortie : Avril 2013
Un titre en écoute à droite
Justin Timberlake – The 20/20 Experience [RCA]
Quand on est un poil lourd de l’industrie musicale, sortir un disque
tel que The 20/20 Experience est
plutôt couillu. Loin des standards pop du moment, Timberlake a décidé de sortir un disque R’n’B soigné et exigeant
qui se rapproche plus des expérimentations d’un Frank Ocean ou R. Kelly
que de la plupart des guignols qui trustent les charts. Tombé en désuétude, Timberlake aide à redonner au genre ses
lettres de noblesse. Dépassant souvent les 7 minutes, l’artiste s’amuse à
développer des compositions riches en instruments et en idées. Au final The 20/20 Experience réussi à concilier
une exigence artistique tout en réussissant à vendre des camions entiers
d’albums (c’est le disque le plus vendu de l’année aux Etats Unis pour le
moment et le seul à avoir dépassé le cap des 2 millions). Les amoureux de la
musique apprécieront The 20/20
Experience pour sa finesse mais aussi pour sa production signée Timbaland qui signe son grand retour.
Enfin le mec s’est décidé d’arrêter de recopier depuis 7 ans la même recette.
Il semble enfin prendre du plaisir à produire quelque chose de nouveau avec ce
disque aux idées nombreuses. Sa meilleure production depuis… FutureSex/LoveSounds.
Précédent album : FutureSex/LoveSounds en 2006, un carton
critique et commercial avec des tubes à la pelle. Dans le domaine de la musique
mainstream et de qualité, ce disque se pose là. Des chansons telles que My Love
ou Sexyback sont là pour témoigner.
Qu’est ce qu’il a foutu pendant tout ce temps ? : Du cinéma essentiellement, à l’inverse de
Britney Spears, et Mariah Carey la reconversion est plutôt
réussie. Bien qu’il n’ait pas eu de rôles marquants jusqu’ici, petit à petit, Timberlake se fait une place à
Hollywood. Le petit prince de la pop à déjà réussi à taper l’incruste chez Fincher et les frères Coen, ce n’est pas rien.
Note : 08/10
Date de sortie : Mars 2013
Un titre en écoute à droite
DJ Koze – Amygdala [Pampa
Records]
S’il y a un album qu’il ne faudra pas oublier sur la plage c’est celui-ci.
Amygdala et sa pochette loufoque est
une épopée grisante, ensoleillée et dansante. Accompagné tout du long par un
beat percutant et des basses rondes et cotonneuses, on dérive à ses côtés pour
mieux s’oublier. A mi chemin entre la mélancolie et la béatitude, DJ Koze déploie un univers magnifique
et chaleureux.
Mieux, Amygdala est un
disque grand public à deux facettes. La première est le versant électro-pop de
l’artiste représenté par de nombreux artistes comme Caribou, Matthew Dear,
ou encore Apparat nous offrant, le
plus souvent, le meilleur d’eux même. Une fois seul aux manettes, Dj Koze nous invite à quitter le jour
pour entrer dans le monde de la nuit. Plus House, ses interventions solos
permettent au DJ de livrer une électro plus frontale de quoi affronter le dancefloor
comme l’imparable Marilyn Whirlind,
gros tube en puissance. Encore une fois Pampa
Records frappe très fort avec ce disque pour tous. Le chouchou de la sélection.
Précédent album : Kosi Comes Around en 2005, qu’on ne
connait pas donc on ne va pas s’étendre sur le sujet.
Qu’est ce qu’il a foutu pendant tout ce temps ? : Il a fondé le label Pampa Records en 2009
qui a déjà quelques belles sorties comme le chef d’œuvre Thora Vukk de Robag Wruhme
2ème de notre top en 2011. Et puis c’est un artiste électro, il a
donc publié des tas d’EPs, de remix et autres compilations.
Note : 08/10
Date de sortie : Mars 2013
Un titre en écoute à droite
Daft Punk – Random Access Memories [Columbia]
Difficile cette année d’être passé à côté du retour des deux Frenchies
tant le battage médiatique a été important. On eu le droit à 50 teasers, et
autant de fausses annonces, de fakes et multitudes de pollutions médiatiques.
Une fois n’est pas coutume, Daft Punk
a encore changé de son avec RAM qui
prend ses distances avec la musique électronique. Surtout, c’est un disque
ambitieux, il y a quelque part la volonté de revisiter la musique d’hier,
d’aujourd’hui et d’inventer celle de demain. Un objectif pas du tout accompli.
Si l’on apprécie leur appropriation du disco avec Nile Rodgers, on est afféré par la pauvreté des mélodies en matière
de musique électronique. Si Giorgio By
Moroder fait illusion les deux premières minutes on tombe vite face à un
synthé kitsch et pauvre par la suite tout comme Contact sauvé de justesse par son final bruitiste et jouissif. Les
problèmes de ce disque sont nombreux. A vouloir inventer la musique du futur on
a l’impression d’assister à ce que faisait les auteurs des années 50 quand ils
imaginaient les années 2000. C'est-à-dire un futur plutôt comique que réaliste.
On retient tout de même quelques tubes comme Get Lucky bien sûr où Touch,
un morceau baroque aux allures de cabaret décalé.
Précédent album : Human After All en 2005, le calimero de
leur disco. Bien qu’en dessous des deux précédents, Human After All reste une belle démonstration de puissance et
d’efficacité où les mélodies sont rabâchées jusqu’à l’abrutissement. Un vrai
rouleau compresseur qui bien qu’il soit limité n’est pas inintéressant.
Qu’est ce qu’ils ont foutu pendant tout ce temps ? : Pas mal de choses. Ils ont tourné un film
expérimental appelé Daft Punk's Electroma, un road trip robotique. Ils ont
ensuite tourné en remixant leurs propres titres qui a aboutit à Alive2007 et a permis de donner aux
disques Discovery et Human After All une crédibilité
plus importante et puis il y a eu la B.O. de Tron: Legacy qui a un Derezzed
près n’est pas très intéressante.
Note : 06/10
Date de sortie : Mai 2013
Un titre en écoute à droite
Boards Of Canada – Tomorrow's Harvest [Warp]
Il n’est jamais simple de rentrer dans l’univers de Boards Of Canada qui peut s’avérer très
hermétique. Tomorrow's Harvest ne
déroge pas à la règle, on s’ennuie parfois, le temps peut paraitre long surtout
au milieu du disque qui s’essouffle. Mais Boards
Of Canada arrive encore à nous émerveillé par moments. Contrairement à la
pochette le disque nous évoque plus des virées nocturnes futuristes avec ce
synthés 80’s façon Blade Runner. Le
synthé qui nous habite tout du long nous donne l’impression d’entendre
plusieurs fois la même mélodie avec ces longues plages aérienne et Lynchienne.
Ce n’est qu’arrivé vers la fin que le soleil se lève enfin avec Nothing Is Real, sûrement le meilleur
titre du disque, la musique se fait plus joyeuse et moins inquiétante une
humeur qui se prolongera jusqu’à Come To
Dust qui nous refait tomber du côté obscur.
Précédent album : The Campfire Headphase en 2005, qu’on
n’a pas réécouté depuis…2005. Normal, on avait été beaucoup moins séduit que
par Geogaddi qui restera dans nos
esprits leur sommet de beauté et de contemplation.
Qu’est ce qu’ils ont foutu pendant tout ce temps ? : Bonne question dont je n’ai pas la
réponse. Il y a eu quelques EPs, quelques apparitions live, un remix mais c’est
bien maigre pour 8 ans de silence.
Note : 07/10
Date de sortie : Juin 2013
Un titre en écoute à droite
David Bowie – The Next Day [Columbia]
Honnêtement on n’y croyait plus. David Bowie quoi… Quand l’annonce à
été faite on était excité comme une pucelle. On parle de David Bowie là !
Le mec qui pendant dix ans n’a rien foutu mais qui a suivi l’actualité musicale
des dix dernières années. De Tv On The Radio à Arcade Fire en passant
par Animal Collective et Cut Copy, David il connait bien ces groupes donc le premier qui vient me
faire chier en disant qu’il est venu cachetonné ou me dire que c’est un caprice
de vieux dépassé ça va mal se passer. Non, The
Next Day est le retour d’un grand pas encore rincé qui en avait l’envie.
Les premiers extraits nous ont d’ailleurs excités eux aussi, The Stars (Are Out Tonight) a un son de
guitare qui défonce, Where Are We Now?
est belle à mourir… Bordel, quand l’album est sorti on n’en pouvait plus. Bien
sûr, The Next Day ne fait pas mieux
qua se discographie de 1969 à 1980 (qui est insurpassable en terme de
qualité/productivité), c’est hors compet mais hors de cette période il se hisse
avec Reality comme le meilleur. PAF.
Alors ouai on est pas mal dérangé au début avec la production de Tony Visconti qui fait sonner ce disque
étrangement (ça aurait été enregistré 1994 on n’aurait pas été étonné),
quelques mélodies ne sont pas oufissime (genre If You Can See Me qui n’était pas indispensable hein) mais il y a à
côté quelques merveilles comme l’entêtant Valentine's
Day aussi trémoussant que triste où Bowie
retrouve une seconde jeunesse dans la voix ou encore la chanson titre où il
démontre qu’il n’est pas encore prêt à être envoyé à l’hospice. Surtout on
savoure avec The Next Day ce retour
inespéré le plus beau de tous parce qu’on ne s’y trompe pas le King of the Pop
c’est pas Michael mais David!
Précédent album : Reality en 2003, qu’on aime beaucoup
avec ces tubes à gogo et pourtant assez boudé au profit de Heathen sorti l’année d’avant pas mal non plus
Qu’est ce qu’il a foutu pendant tout ce temps ? : Après son attaque cardiaque sur scène qui
l’a convaincu d’arrêter de tourner et de faire de la musique, Bowie a fait
quelques apparitions vocales chez Tv On
The Radio et sur le disque de Scarlett Johansson mais il a surtout profité de cette retraite pour profiter de
sa famille et se la couler douce.
Note : 08/10
Date de sortie : Juin 2013
Un titre en écoute à droite
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