(Photo par Aurore Thomas – Tous droits réservés)
Aurélie On The Road Again
Sur ma route, je croise un panneau : attention. Sur la route, certains disent qu’il ne faut pas regarder dans le rétroviseur, qu’il faut choisir sa direction et filer comme le vent. Qu’il faut aller de l’avant et bien négocier ses virages car sinon, vous vous faites prendre au tournant et vous allez droit dans le mur. Qu’il faut connaître ses priorités pour ne pas les griller et ne pas faire fausse route et aussi éviter de se perdre. La route est longue. Semée d’embûches, de pentes glissantes, de faux plats, de dos d’âne qui secouent bien. Il faut s’adapter à la route mais ne pas la laisser déterminer sa conduite et ne pas se contenter de faire comme on nous a appris à rouler.
_ C’est par là.
Il existe des routes que personne n’aurait pensé que vous prendriez. Ils ne s’attendaient pas à ce que vous empruntiez ce chemin là. Et cela fait du bien de les prendre quand, au final, ça roule pour vous, contre toute attente. Certains choisissent de tourner dans la direction opposée des routes qu’on leur a indiquées. D’autres suivent les mêmes chemins que ceux qu’ils connaissent depuis des années et qu’ils ont vu prendre. D’encore fuient les sentiers de leurs ainés, proches et entourages. Détours et des tours plus tard, parfois arrivant à destination, là même où ils ne voulaient pas atterrir. Certains vous enverront sur des mauvaises routes ou vous indiqueront de fausses directions pour plusieurs raisons ; eux-mêmes perdus et/ou désireux que vous ne trouviez pas votre chemin, eux-mêmes empruntant cette voie et se réjouissant de voir grossir la file pour se persuader que c’est la bonne route. Certains vous diront que les routes sont embouteillées, qu’il ne faut pas aller par là, que c’est une impasse, que le chemin est impraticable, que vous seriez un bel idiot de penser que cela vous mènera jamais quelque part. Et même si cela ne vous emmène pas très loin, le tout n’est-il pas d’en revenir avant de s’embourber totalement ? De quoi obtenir son permis sans carburer à l’arrière pensée.
_ T’es à plat. Fais le plein.
Malgré tout, même sur la bonne voie, il faut savoir demander son chemin car les GPS et les bonnes vieilles cartes routières peuvent parfois êtres brouillées, confuses ou non mises à jour car une chose est sûre, chacune d’entre elles est unique pour chacun. Certains tournent en rond un bon bout de temps avant de trouver leur destination. Certains font demi-tour, certains restent bloqués à des carrefours, certains attendent que le feu rouge passe enfin au vert pendant que d’autres se concentrent sur les panneaux indicateurs ou les ignore totalement.
Ceux qui ont la chance de prendre l’autoroute avec voiture et péage pré-payés, qu’ils ne confondent pas cette allée avec un raccourci à travers champs qui pourrait bien les conduire à n’y trouver aucun sens et à manquer de moteurs. Les fous du volant, eux, se lancent plein pot, ils ne voient pas les injonctions de ralentir, encore moins les panneaux STOP et ne se soucient que peu des autres. Ils foncent droit dans le décor. Ou s’arrêteront-ils un jour pour admirer l’ampleur du paysage manqué ?
_ Tu as changé la direction ?
Le manque d’orientation est cruel. Un bon co-pilote essentiel. Distances de sécurité et aires de repos sont vos alliés. Quitte à se faire doubler à différents passages à niveaux, mieux vaut ne pas s’impatienter dans la nuit plein phare. Les antibrouillards vous sortiront du flou et que sais-je encore, en roue libre…
_ Où veux-tu aller ? me demanda-t-il.
_ Je ne sais pas, répondis-je.
A dire vrai, j’avais peur que tous les chemins que je pourrais prendre ressemblent furieusement à ceux que j’avais déjà empruntés ou même croisés. Et ça, c’était vraiment à en caler sur place au milieu de ce qui semblait être nulle part.