C’était en juin 1953, la patrouille Thunderbirds était créée dans le but de promouvoir l’US Air Force en montrant le savoir-faire, la rigueur, le professionnalisme de ses pilotes ainsi que les qualités de vol des avions qui composaient la formation.
Ils avaient débuté sur F-84G Thunderjet, puis F-84F Thunderstreak, F-100C Super Sabre, F-105B Thunderchief, F-100D Super Sabre, F-4E Phantom II, et volaient depuis 1983 avec six F-16 Fighting Falcon.
Tout comme la Patrouille de France, cette formation aurait dű fęter ses 60 ans cette année. Seulement voilŕ, ŕ cette occasion, le Gouvernement Américain leur a fait un drôle de cadeau : suite ŕ de drastiques coupes budgétaires, toutes leurs présentations 2013 ont été annulées ŕ partir du 1er Avril 2013, et malheureusement, il ne s’agissait pas d’un poisson…
Il faut dire que leur show ne devait pas ętre bon marché car c’était un des plus longs au monde : il durait plus d’une heure contre une vingtaine de minutes en moyenne pour les autres patrouilles militaires et civiles. Les Thunderbirds, c’était toute une mise en scčne et c’était du costaud…
Le spectacle commençait au sol, c’était le Ť ground show ť. D’abord douze mécaniciens défilaient en ordre serré jusqu’aux appareils. Chaque mouvement était synchronisé par les ordres hurlés d’un chef mécano, dont les impressionnantes vociférations n'avaient rien ŕ envier aux Sergents recruteurs du corps des Marines. Puis, avec la męme rigidité, les six pilotes rejoignaient leurs avions, saluaient énergiquement leurs mécaniciens et commençaient ŕ s’équiper.
Pendant ce temps, une musique, sans doute inspirée d’un générique de blockbuster hollywoodien, était mixée avec la voix suave d’une speakerine qui énumérait les noms et grades des pilotes, vantait les performances du F-16 Falcon et détaillait ses états de service au sein de l’US Air Force.
Aprčs 15 minutes, le premier appareil quittait sa place de parking et 10 minutes plus tard, la patrouille décollait… enfin !
Dans le ciel, ils n’étaient ni les meilleurs, ni les pires, mais le public américain, galvanisé et toujours patriotique appréciait, que dis-je, vivait littéralement leur démonstration rythmée par une musique qui hésitait entre marche militaire et hard rock. Une de leurs originalités était le fameux Ť Sneak Pass ť. Cela consistait ŕ surprendre le public, dont l’attention était retenue par la patrouille face ŕ lui, par le passage bas et ŕ haute vitesse d’un des deux solos surgissant par derričre et survolant la foule. Sursauts et vrillages de tympans garantis !
Oui, les Thunderbirds était une patrouille atypique certes, mais elle avait de trčs belles qualités : chaque figure était millimétrée, la synchro était parfaite et en patrouille, les ailiers ne bougeaient pas d’un centimčtre. Dommage que leur avenir soit aujourd’hui si incertain…
Concernant l’autre patrouille militaire américaine, celle de l’US Navy, les Ť Blue Angels ť, de vastes rumeurs laissent présager que le gouvernement Américain pourrait leur réserver le męme sort… En effet, le gouvernement ferme les robinets pour les Thunderbirds mais continue de subventionner des programmes trčs voraces comme le trčs controversé Joint Strike Fighter F-35 de Lockheed Martin dont le développement a déjŕ englouti la bagatelle de 400 milliards de dollars. Gageons que pour ce prix, le contribuable américain aurait sans doute préféré voir voler ses patrouilles nationales.
Le continent européen ne semble malheureusement pas échapper ŕ cette vague d’austérité puisque cette année, on a appris qu’ŕ l’orée 2016 la Patrouille Suisse serait dissoute, également pour des raisons budgétaires. Triste…
En France, le Livre Blanc de la Défense, récemment publié, plaide clairement en faveur d’une restriction des dépenses de l’armée de l’Air.
Alors qu’en est-il de notre belle Patrouille de France, dont nous venons de célébrer le soixantičme anniversaire en grande pompe ?
Jean-Yves Le Drian, notre ministre de la Défense, présent ŕ Salon de Provence pour les 60 ans de la PAF, s’était voulu rassurant ŕ ce sujet, qualifiant la patrouille Française d’Ť élément déterminent (…) un creuset, le ręve de l’aventure, la haute technologie, le professionnalisme, le patrimoine français (…) qu’il faut maintenir, męme si les budgets sont contraints. ť
Amen !
Souhaitons que cela ne soit pas des paroles Ť en l’air ť, destinées ŕ flatter le peuple et les médias dans le bon sens du poil. Espérons également que Jean-Yves Le Drian sache communiquer cette ferveur au reste du Gouvernement et la maintenir intacte le plus longtemps possible.
Bastien Otelli – AeroMorning