Les mêmes qui s'étaient enthousiasmés devant le printemps arabe et cette soudaine soif de liberté des peuples arabes, nous ont très ressorti les vieilles antiennes alarmistes, la peur de l'islam, le danger terroriste, quand il est apparu évidemment que les premiers bénéficiaires de ces révoltes populaires seraient les partis religieux. Ce fut le cas en Tunisie et en Egypte.
Mais comment pouvait-il en être autrement quand les dictatures en place, soutenues, il faut le rappeler sans cesse, par toutes les "démocraties" occidentales, ont méthodiquement, systèmatiquement, laminé toute trace d'opposition, laissant les religieux occuper le terrain. Ils n'ont d'ailleurs pas manquer de le faire, surtout en Egypte, où ils ont multiplié les dispensaires, les aides aux plus pauvres, les bourses aux vêtements, toutes choses qui dans ce pays pauvre les ont rendu populaires des plus humbles.
Mais considérer qu'avec l'arrivée des Frères musulmans la révolution prenait, c'était faire fi des enseignements de l'histoire, les révolutions se déroulant toujours sur le temps long. Les révolutions arabes n'y échappent, surtout en Egypte. La soif de liberté, d'égalité, d'émancipation a donc repris sa marche en avant. C'est par millions qu'ils se sont levés face au nouveau pouvoir, lequel enfermé dans sa doctrine religieuse s'est avéré incapable de répondre aux aspirations populaires.
on ne peut être qu'admiratif devant ces millions d'Egyptiens, déterminés à ne pas se laisser voler leur révolution. Admiratif, mais inquiet, car si le nouvea pouvoir est à son tour tombé, c'est par un coup d'état militaire. Non, la reprise en main par l'armée n'est pas une bonne nouvelle comme on l'a beaucoup trop lu et entendu dans nos médias français. En intervenant, les militaires ont interrompu un processus populaire qui aurait lui aussi abouti à l'éviction de Mohammed Morsi, mais ils ont surtout protégé leurs intérêts économiques énormes dans le pays. Ils ont ainsi empêché la révolution de continuer sa route, le peuple n'a pas pu s'emparé du pouvoir, comme cela en prenait le chemin.
Et de fait, la nomination du nouveau premier ministre Hazem El Beblaoui ne présage rien de bon. Cet économiste réputé proche des militaires et surtout connu pour ses idées libérales. Comment espérer que ce qui échoue partout puisse fonctionner dans un pays où toute l'économie est en pièce ? Tout indique que les Egyptiens sont en train de se faire voler leur révolution. Mais attention, ce epuple magnifique a déjà à maintes reprises montré à quel point il était déterminé et surtout politiquement adulte.