Si vous suivez la page des éditions Pocket, vous n'avez pas pu passer à côté des concours flash qu'ils organisent de façon récurrente. En fin d'année dernière, ils sélectionnaient ainsi les "meilleures" chroniques sur leurs ouvrages phares... Et j'ai eu la joie de voir mon nom apparaitre sous la couverture de Mille femmes blanches, de Jim Fergus. A la clé, l'ouvrage de notre choix. Et c'est sur La Florentine que le mien s'est porté...
L'hisoire: Bourgogne, an 1457. De passage à Dijon, Francesco Beltrami, riche marchand florentin, assiste à l'exécution de deux jeunes amants accusés d'inceste. Bouleversé, Beltrami sauve l'enfant de ces amours illégitimes : Fiora. La jeune fille, d'une inégalable beauté, connaîtra, dans la Florence de Lorenzo de Médicis, la douceur de la vie de palais, mais aussi de cruels revers de fortune lorsque le meurtre de son père adoptif la jettera sur les routes. (Non, il n'y a pas de bug... J'ai simplement caché une partie du texte, qui en dit peut-être un peu trop ;) )
Mon avis : Je lorgnais sur ce beau pavé depuis un certain temps déjà, quand le Chapelier fou a eu la bonne idée de le sélectionner pour ce mois de juin. Bon, admettons, je lui ai un peu forcé la main... Mais tant que ma PAL descend, ça marche, non ? Je l'ai donc commencé jeudi dernier, sans trop savoir à quoi m'attendre : je n'avais lu aucune chronique sur cette première intégrale, ni même sur aucun autre ouvrage de Juliette Benzoni. En tout et pour tout, je n'avais qu'un seul indice : ma grand-mère possède une étagère entière consacrée à cette auteure. Une étagère entière !! (Et qui c'est qui se frotte les mains en songeant à ce qu'elle va pouvoir lui piquer...?) Et dire que je ne l'ai appris que tout récemment... Enfin, je me suis lancée à l'assaut de ce morceau, pensant le trainer pendant une bonne semaine. Et, surprise ! Il a suffit d'une dizaine de pages pour que je sois complètement sous le charme de cet ouvrage, complètement embarquée dans l'univers florentin si joliment décrit par l'auteure. Dès lors, impossible de le lâcher : toute excuse était bonne à prendre pour grappiller quelques minutes supplémentaires de lecture. Si j'ai étalé la lecture du premier tome sur trois jours, le second n'aura pas fait long feu : je l'ai dévoré en l'espace d'une journée.
La Florentine rassemble ainsi quatre ouvrages : Fiora et le Magnifique, Fiora et le Téméraire (compilés sous le titre Fiora et la vengeance), Fiora et le Pape et, enfin, Fiora et le roi de France (compilés sous le titre Fiora et l'amour). Vous l'aurez compris, l'héroïne de cette fresque historique n'est autre que... Fiora. Fiora, jeune femme de 17 ans ignorant tout de sa naissance et vivant dans l'insouciance la plus profonde, au cœur d'une Florence en plein âge d'or. Tout débute quand, en 1457, le riche marchand florentin Francesco Beltrami pénètre dans la ville de Dijon. Alors qu'il y venait pour affaires, ses plans vont être contrariés : on se prépare à exécuter deux jeunes gens sur la place principale. Accusés d'inceste et d'adultère, Jean et Marie de Brévailles marchent vers la mort la tête haute. Francesco Beltrami, bouleversé par la beauté de Marie, va tout faire pour sauver la fille de ces amours interdits, la petite Fiora. Quittant avec précipitation Dijon, il ramènera sa fille adoptive à Florence, où il l'élèvera en ne lui dévoilant rien de ses véritables origines.
Pendant 17 ans, Fiora va ainsi vivre dans le luxe et l'opulence, aux côtés de son père et de Léonarde, sa nourrice. Nous la découvrons évoluant au sein d'une société où les Médicis viennent de faire leur entrée, dans une Florence chatoyante et perpétuellement en fête. Le premier tome va bien évidemment... bouleverser tout cela : la vie de Fiora va sombrer dans le chaos en l'espace de quelques chapitres, la jeune fille découvrant ainsi la vérité sur sa naissance et la propension de ses concitoyens à se retourner brusquement contre elle. Elle se découvrira des ennemis puissants et acharnés, des ennemis qui n'auront de cesse de la persécuter avant de la voir fuir Florence en abandonnant tout derrière elle. Le second tome, lui, s'attachera davantage à suivre les errances de la jeune fille à travers la France, bien décidée à se venger des personnes ayant causé son malheur. Elle côtoiera tour à tour Lorenzo de Médicis (ou Laurent de Médicis), dit le Magnifique, Louis XI, roi de France, et le Duc de Bourgogne, ou Charles le Téméraire. Autant de personnages emblématiques qui rythmeront ses voyages, chacun tombant sous le charme de cette jeune fille à la beauté exotique.
S'il n'y avait qu'une chose à retenir de ce roman, ce serait sans doute celle-ci : Juliette Benzoni n'a pas son pareil pour éveiller notre intérêt devant l'Histoire, la retraçant en dosant justement fiction et faits bel et bien avérés. Après ma lecture, je me suis empressée de faire quelques recherches sur cette période dont j'ignorais tout jusqu'à lors. Et quel plaisir de retrouver des évènements évoqués dans le livre, vécus, même, par l'héroïne ! Pas un instant je ne me suis dit qu'elle en faisait trop, que ce n'était pas crédible : on sent qu'elle maitrise parfaitement son sujet. Elle tisse sa toile sans aucune fausse note, régalant le lecteur de détails en tout genre : je m'y suis lovée avec plaisir, enchainant les chapitres comme autant de petits macarons à la framboise. L'Histoire et moi, c'est une grande histoire d'amour, et je dois remercier Juliette Benzoni pour l'avoir fait résonner si justement.
Côté personnages, il y a foule : je m'y suis un peu perdue au début. Malgré cela, on s'y repère relativement aisément, à mesure que l'on avance dans l'intrigue. Fiora reste bien entendu au centre de tout ce beau monde, et je m'y suis (c'était à prévoir) beaucoup attachée. J'ai aimé sa force de caractère, et sa capacité à garder (plus ou moins) la tête froide au plus profond de la tourmente. J'ai aimé la voir passer de la jeune fille insouciante et un peu futile à cette jeune femme forte et courageuse, prête à en découdre avec ses ennemis. Et, plus que tout... J'ai adoré suivre les méandres de sa relation avec Philippe de Selongey, dont je ne vous dirais rien de plus... Raah, je ne tiens pas ! Sachez seulement qu'elle est là en filigrane et ne prend (presque) jamais le pas sur l'intrigue principale (même si de très nombreux rappels y sont faits), mais que c'est tout de même à elle que l'on imputera (en partie, d'accord) les sanglots qui m'ont secouée de temps à autre. Alors, imaginez ma joie quand je vois le titre de la seconde intégrale, Fiora et l'amo(ûûûûû)ur : comment voulez-vous rester sereine avec un titre pareil, je vous le demande ! Quoi qu'il en soit, j'ai vraiment apprécié le personnage de Fiora, ce qui explique en partie mon engouement pour cet ouvrage : l'histoire se tient parfaitement et les personnages sont très bien construits, c'est un CARTON PLEIN.
Pour les autres... Je ne sais pas par où commencer, tout en voulant ne pas trop vous en dévoiler... J'ai beaucoup aimé Léonarde, qui est en quelque sorte l'ange gardien de Fiora. J'ai regretté d'assister à la disparition assez mystérieuse de Kathoun. Je suis tombée sous le charme des trois figures politiques mises en avant, trois hommes bien différents mais qui trouvent tous grâce aux yeux de Fiora. J'ai détesté Fray Ignacio et l'odieuse Hieronyma. J'ai apprécié le caractère affable de Francesco Beltrami, je me suis amusée des répliques d'Esteban et de Douglas Mortimer. Enfin, j'ai été déçue par Démétrios Lascaris. Pour tout vous dire, j'ai véritablement vécu cette lecture, jusque dans les moindres points de suspension...
Finalement, je n'aurais qu'une critique à formuler : il est impensable, impossible que la personne en charge de la réédition de ce texte l'ait relu. C'est simple, je n'ai jamais lu un livre contenant autant de fautes. Orthographe, conjugaison, grammaire : tout y passe, on ne fait pas de jaloux ! J'ai trouvé ça extrêmement limite de la part des éditions Pocket, quand on pense qu'ils ont les moyens de se payer un correcteur professionnel. Non pas que ça ait gâché ma lecture, mais... Comment dire ? Le charme se rompait régulièrement, à la vue de ces petites piques assassines. J'ai trouvé ça dommage, surtout face à la plume si légère de l'auteure, à son talent sans pareil pour intégrer des descriptions longues de plusieurs pages sans amoindrir l'intérêt du lecteur. Que voulez-vous, il fallait bien y trouver un défaut ! Enfin, j'accepte tout de même de fermer les yeux, parce que, VRAIMENT, j'ai adoré ce premier volet des aventures de Fiora. J'ai adoré... Tant et si bien que je supplie soir après soir Chéri de m'offrir -ou, tout du moins, à m'autoriser d'acheter- le deuxième (évidemment, mamie a une étagère pleine de Benzoni, mais précisément pas celui qui m'intéresse... C'est un complot !). Parce que, croyez-moi ou non, une fois que la plume de Juliette Benzoni a jeté son dévolu sur vous, il est impossible de s'en passer...
En bref, un roman historique d'une qualité incroyable, mêlant à la perfection fiction et Histoire. Je ne peux que regretter de ne pas avoir découvert Juliette Benzoni plus tôt, tout en songeant avec délice à tous les ouvrages signés de sa main qui m'attendent...
Coup de coeur !