Cruelles, Cat Clarke

*** Je tiens à remercier Stéphane-Laure et la Collection R  pour m'avoir permis de découvrir ce titre ***
Traductrice :Alexandra Maillard
L'hisoire: Alice King ne s’attend certes pas aux vacances de sa vie lorsqu’elle part avec sa classe pour un séjour dans la nature écossaise, mais elle n’est pas non plus préparée à la tournure plus que cauchemardesque que vont prendre les événements. Alice et sa meilleure amie Cass sont coincées dans une cabane avec Polly, l’associale de service, Rae, la gothique aux terribles sautes d’humeur et Tara, la reine des pestes. Populaire, belle et cruelle, cette dernière prend un malin plaisir à humilier les autres. Cass décide qu’il est grand temps de donner à Tara une leçon qu’elle n’est pas prête d’oublier. Va alors se mettre en marche une succession d’événements qui vont changer la vie de ces filles à tout jamais. Une irrésistible histoire de secrets coupables et d’amitiés troubles…

Mon avis : Avant toute chose : ne trouvez-vous pas cette couverture merveilleuse ? Et elle l'est encore davantage en vrai, je vous assure ! Associée à ce résumé tout bonnement irrésistible, Cruelles n'aura pas besoin de se forcer pour vous faire craquer, j'en mettrais ma main à couper :) Et une fois que vous l'aurez ouvert, je gagerais que vous ne le reposerez pas de sitôt...Cruelles raconte l'histoire de cinq jeunes filles : Alice, adolescente lambda, Cass, sa meilleure amie, Polly, jeune fille on ne peut plus effacée, Rae, gothique et mal dans sa peau et enfin Tara, reine du lycée et particulièrement implacable envers les autres. Alors que leur classe part en voyage scolaire, nos cinq "héroïnes" vont être forcées de cohabiter dans le même bungalow, bon gré mal gré. Si Alice en prend son parti, Cass voit les choses d'un autre œil : et si ce voyage était l'occasion de rendre à Tara la monnaie de sa pièce ? Sans qu'elle sache très bien où sa meilleure amie est en train de l'embarquer, Alice se décide à lui faire confiance. Une confiance qu'elle regrettera sans doute toute sa vie...Cruelles s'ouvre brusquement, le lecteur saisissant d'emblée la portée du drame vécu par ces jeunes filles. Mais les interrogations sont là : comment cela a-t-il pu se produire ? Alice entreprend de nous le raconter, mêlant présent et passé. Les 150 premières pages sont ainsi consacrées à l'explication -partielle, tout du moins- du drame, à la façon dont il s'est produit. Elles m'ont paru être une sorte d'exutoire pour cette jeune fille tenue au secret, cette jeune fille qui porte sur ses épaules un poids indicible. Malgré ces explications, on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a anguille sous roche, que la vérité n'est pas complète. Alice elle-même, d'ailleurs, ne cesse de s'interroger, de revenir sur les évènements, sur ce qu'il lui a échappé, sur ce qu'elle en a compris. On la sent véritablement écrasée par une culpabilité sans limite, qu'elle tente de gérer tant bien que mal, seule.Et les révélations arrivent, peu à peu. Je dois vous avouer que mes yeux s'écarquillaient au fur et à mesure de ma lecture, tant ce que j'entrevoyais me glaçait le sang. Un peu comme Alice d'ailleurs, qui comprend peu à peu que sa situation n'est pas seulement due à un concours de circonstances, à une mauvaise blague ayant mal tournée. Pour autant... Je n'ai pas vraiment réussi à me sentir proche d'elle. Je dirais plutôt que je l'ai prise en pitié : on la sent complètement perdue, sous le choc, et on ne peut qu'éprouver de l'empathie à son égard. Mais certaines de ses réactions m'ont laissée dubitative, voire quelque peu abasourdie : pourquoi, simplement POURQUOI ? Ce qu'elle a à gérer est loin d'être évident, bien au contraire. Mais pourtant... Je ne sais pas, je ne peux pas affirmer que j'aurais réagi différemment mais... Je l'espère.Cette empathie, je l'ai également ressenti pour Rae. Mais pour Cass et Polly, rien. Enfin, si : de la colère, surtout, et du dégoût. De l'incompréhension. Si j'ai revu mes positions concernant Cass au cours de mon avancée dans cette lecture, mes sentiments à l'égard de Polly n'ont fait que se renforcer : plus Alice en apprenait sur ce qu'il s'était véritablement passé, plus mon sang se glaçait, plus cette jeune fille me faisait horreur. (à surligner si vous ne craignez pas les spoils !) Peut-être avez-vous vous même été victimes d'humiliation, lors de votre scolarité. Ce fut mon cas, même si ça n'a jamais atteint des sommets. Je sais donc quelle peut être la souffrance ressentie par cette jeune fille. Mais je ne peux concevoir que l'on en arrive à de telles extrémités. Mais, après tout... peut-être suis-je seulement trop naïve.Enfin, il y a Tara. Cette fille que l'on a toutes et tous connue, que l'on a enviée, jalousée, aimée. Et, franchement, derrière sa carapace de peste... Je me suis prise à l'apprécier. Vrai de vrai ! Tout comme pour Alice, mes sentiments envers elle ne cessaient d'aller et venir, de fluctuer. Plus on avance dans notre lecture, plus sa carapace se fendille, et mieux on comprend ce qui l'a poussée à adopter un tel rôle. On comprend, donc on pardonne.Vous l'aurez compris, cette lecture m'a chamboulée. Je me suis prise à lire avec frénésie, à ne plus pouvoir m'en détacher : j'avais BESOIN de savoir le fin mot de l'histoire, de comprendre, tout simplement. Et si la fin m'a tout d'abord parue assez bâclée, je peux vous dire qu'après plusieurs jours de réflexion, aucune autre n'aurait eu autant de poids. Je n'ai qu'un seul regret concernant cette lecture : mon appendicite a eu la bonne idée de se déclencher pile en plein milieu. Je l'ai donc finie sous l'emprise de la morphine, groggy et l'esprit complètement ailleurs. Si j'ai tout de même ressenti ce besoin de savoir, l'urgence de continuer à lire, ma lecture s'en est tout de même trouvée... Non pas gâchée, mais presque. Ce n'est donc pas un coup de cœur, mais un excellent moment de lecture.  En bref, un roman youg-adult aux allures de drame, qui saura vous captiver tout du long : Cat Clarke met sa plume acérée au service d'une trame simple mais très bien développée, nous enveloppant dans une chape de doutes, de culpabilité, et de tristesse...  
4/5 : on en redemande !