L'hisoire: Décembre 2008, dans une vallée encaissée des Pyrénées. Au petit matin, les ouvriers d’une centrale hydroélectrique découvrent le cadavre d’un cheval sans tête, accroché à la falaise glacée. Le même jour, une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée. Le commandant Servaz, 40 ans, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier cette enquête, la plus étrange de toute sa carrière. Pourquoi avoir tué ce cheval à 2 000 mètres d’altitude ? Serait-ce, pour Servaz, le début du cauchemar ? Une atmosphère oppressante, une intrigue tendue à l’extrême, une plongée implacable dans nos peurs les plus secrètes, ce premier roman est une révélation !
Mon avis : C'est une chronique à chaud que je vous écris. Je dirais même plus : il s'agit d'une chronique brûlante. J'ai la tête enfiévrée, les yeux cernés et lourds, les membres tremblants. Le regard un peu fou. Il y avait longtemps que je n'avais pas lu de thriller, et plus longtemps encore qu'un thriller ne m'avait pas fait cet effet là : JE SUIS CONQUISE ! Conquise, et pas franchement rassurée, de vous à moi. Mais j'aime avoir peur. Et puis, Chéri est là pour me protéger : "Hé, Hé, t'es réveillé ? WOUHOU, t'es réveillé ?!!! Non, parce que j'ai entendu un bruit, là..."Lorsque le commandant Servaz est appelé toutes affaires cessantes pour élucider le meurtre d'un cheval, il n'en croit pas ces oreilles : tout ce tintouin pour un simple canasson ? Il faut dire que la mise en scène à de quoi faire froid dans le dos : la pauvre bête, décapitée, a été suspendue en haut d'un funiculaire de haute montagne. Le propriétaire du cheval, richissime homme d'affaires, tient à tout prix à ce que lumière soit faite sur cette affaire. Servaz va alors commencer à fouiller, tout en ne pouvant s'empêcher de tourner son regard vers l'hôpital psychiatrique voisin : ce centre, unique en Europe, abrite les plus grands criminels psychotiques du continent. Et si l'un d'eux s'était échappé ? Et si, et si... ? Servaz se perd en conjonctures. Et pourtant, le pire reste à venir...J'admets volontiers que j'ai légèrement donné dans le racolage de bas étage pour titiller votre intérêt. Mais, croyez-le, ce thriller en vaut la peine : bien ficelé, bien mené, il m'a tenu en haleine sur plus de 700 pages. Et si j'avais quelques certitudes quant au dénouement, j'étais encore bien loin du compte !Dès les premières lignes, le cadre est posé : nous nous trouvons dans un environnement froid, hostile, prompt à inspirer les pires cauchemars. Bienvenue dans une vallée encaissée des Pyrénées, où l'atmosphère sordide du village n'a rien à envier à celle de l'hôpital psychiatrique voisin ! Dès lors, quoi de mieux pour réchauffer l'ambiance qu'un bon meurtre bien sanglant ? Et c'est Freedom, le cheval préféré d’Éric Lombard, qui va en faire les frais : décapité, dépecé, accroché à un téléphérique en haut d'une falaise givrée, puis découvert par un groupe d'employés de la centrale hydroélectrique voisine. Voilà, vous venez de lire les cinquante premières pages, et la chair de poule est déjà là ! Préparez-vous : la suite est du même acabit, ou presque. Bernard Minier nous plonge dans une atmosphère des plus oppressantes, où chacun à quelque chose à cacher. Si, au début, on se prend à douter, tout comme Servaz, du sérieux de cette enquête, l'auteur ne tarde pas à nous rappeler à l'ordre, nous invitant de la manière la plus charmante qu'il soit à aller nous terrer sous notre couette. Soyons clairs : je ne suis pas particulièrement bravache. Mais j'aime volontiers sentir les poils de ma nuque se hérisser, quitte à ne pas en dormir de la nuit. Ce qui arrive d'autant plus aisément que je suis facilement impressionnable. Donc, résumons : j'aime avoir peur, mais je ne risquerais pas un pied hors de mon lit si j'entends un bruit suspect. J'enverrais Chéri, en priant pour que ce ne soit rien. Et bien, avec Glacé, j'ai été servie. Sans être terrorisée (ça, c'est plutôt l'apanage de Sire Cédric, Stephen King - j'avais fait des cauchemars pendant une semaine après avoir lu Shinning- ou encore Mo Hayder), je peux vous assurer que j'étais dans mes petits souliers. Et pas qu'un peu !Nous suivons donc à la fois l'enquête du commandant Servaz -sur lequel je reviendrais très vite-, mais aussi le quotidien de Diane Berg, jeune psychologue fraichement arrivée dans le centre psychiatrique. Et nous découvrons avec elle les pensionnaires abrités par le centre. Je vous épargnerai la description de leurs méfaits -Chéri n'y a pas coupé, lui- mais, très sincèrement, j'aurais mieux fait de stopper ma lecture ici et d'aller directement me coucher. Son personnage m'a beaucoup intéressée dans le sens où, nouvelle dans cet établissement des plus particuliers, tous ses sens sont aux aguets. Elle nous permet ainsi de pénétrer dans le saint des saints, et d'obtenir des informations qui échappent aux inspecteurs. Pour la Sherlock en herbe que j'aime être, vous pensez bien que l'occasion était belle ! Malgré cela, je n'ai pas pu m'empêcher de la trouver en décalage avec son environnement : que diable vient-elle faire ici ? D'après ce que j'ai compris, elle est simplement titulaire d'une licence en psycho. A la rigueur, elle a fait un master. Et elle se retrouve catapultée dans un institut pareil, pour enrichir son CV ? Mouais. Bon, ne soyons pas difficile : elle est intelligente, curieuse (c'est presque un vice, à ce niveau là) et n'a pas froid aux yeux.Servaz, lui, m'a charmée. Ce flic d'une quarantaine d'années, divorcée et papa d'une ado de 17 ans a tout du bon héros de thriller : loin d'être bête, il marche avant tout au feeling. Le petit détail qui cloche ? C'est lui qui va le dénicher. L'aspect que personne n'avait envisagé ? C'est encore lui qui va mettre le doigt dessus. J'ai aimé ce côté "papa-ours" qu'il présente de temps à autre, tout en étant sensible à son côté légèrement casse-cou. Un bon thriller passe avant tout par les deux personnages qui vont le mener : l'enquêteur et le tueur. Et, du côté de Servaz, rien à redire.De l'autre non plus, remarquez. J'ai échafaudé tout du long maintes et maintes hypothèses et, tout en touchant légèrement la vérité du doigt, j'étais quand même loin du dénouement final. J'ai aimé suivre les évolutions de l'enquête, me perdre moi-même en conjectures et en fausses pistes. Mais j'ai par dessus tout adoré comprendre que la vérité dépassait largement tout ce que l'on pouvait imaginer de prime abord. De petits détails glanés ici ou là en petits détails, on comprend que cette affaire est en train de prendre une tournure des plus sinistres, remuant la fange du passé à qui mieux-mieux. Et que tout ce beau monde risque d'être éclaboussé ! Le mystérieux tueur reste bien planqué jusqu'au bout, et se montre enfin quand on a soupçonné tout le monde, même les plus improbables. Vous l'aurez sans doute compris, j'ai adoré ce thriller. Je l'ai trouvé haletant, très bien construit, mené tambour battant par un Bernard Minier qui sait ce qu'il fait. Je n'ai pas décelé une seule fausse note, complètement absorbée par le filet de sueur froide qui coulait dans mon dos. Tout est justement dosé, pile poil ce qu'il faut pour nous flanquer une bonne frousse sans paraitre rocambolesque. Il y avait longtemps que je n'avais pas ressenti cela ! En bref, un thriller très justement écrit, mené d'une main de maitre par un auteur qu'il me faudra suivre : c'est un coup de cœur, doublé d'une bonne dose de sueurs froides !