L'hisoire: Une bien étrange paire se présente aux portes du château Garamont : un sorcier autoritaire et susceptible, accompagné d’un homme-loup aussi effrayant que noble de coeur. Pour la jeune Ariale, retenue prisonnière dans sa chambre, nul doute qu’ils ont un lien avec le chevalier Eras, son père mystérieusement disparu… Une compagnie d’aventuriers des plus inattendues naît alors. Zétide le puissant sorcier, Hogo le noble et monstrueux Lycante, la belle et farouche Lucia, et, bien sûr, Ariale partiront à la recherche du chevalier Eras et tenteront de percer le secret de sa quête.
Mon avis : J'ai longtemps repoussé cette lecture, faute de trouver le temps nécessaire pour ses 1114 pages. Pensez-vous, c'est tout de même un sacré pavé ! Et le livre en lui-même n'est pas particulièrement apte à susciter l'envie de lire, tout du moins la mienne : le papier est si fin que l'on s'attendrait plutôt à le retrouver dans une Bible ! Je vous avoue que je n'aime pas particulièrement ça, ayant peur d'abîmer les pages au moindre geste malencontreux. Ne voulant pas l'emmener dans les transports, j'ai donc profité de mes derniers jours de convalescence pour m'y plonger. Et, en tout et pour tout... Il ne m'aura fallu que trois jours (assez intensifs, il est vrai) pour en venir à bout.
Parlons un peu de l'histoire... Cette trilogie prend place dans le Troisième Monde, un univers créé par les Dieux et divisé en trois "mondes" distincts : L'Aeldo, où vivent les humains et les peuples alliés (c'est à dire tout un tas de peuplades plutôt pacifiques et, diront nous, du "bon" côté de la force, type Nains, Licornes, Onyx, Lycantes...), Le Monde Gris, une sorte d'entre-deux aux contours flous et indéfinis et, enfin, Le Maûne, terre hostile rassemblant les plus viles créatures divinement créées. En théorie, ces trois mondes ne communiquent pas, où uniquement de manière temporaire et sur l'intervention d'un mage. Malheureusement, l’Équilibre a été renversé voici dix ans, et Le Maûne est en passe d'écraser L'Aeldo : des hordes entières de créatures monstrueuses se déversent des Dalles, ces portes communiquant d'un monde à l'autre. Les peuples alliés n'ont qu'une seule solution pour endiguer l'invasion : trouver et "lire" La Belle Arcane, une rune légendaire créée par les Dieux et destinée à contrecarrer l'influence de la Malerune, responsable du Déséquilibre (Ça va, je suis claire ?). Telle est donc la tâche que s'est fixé le chevalier Eras de Garamont, chevauchant à travers L'Aeldo depuis maintenant trois ans. Les nouvelles sont pourtant rares et souvent mauvaises. Aussi, quand il fait parvenir à Zétide, mage et ami, un message porteur d'espoir, le vieil homme n'hésite pas un instant : il se lance sur les routes avec son compagnon de toujours, Hogo, guerrier Lycante d'exception, afin de suivre les indications laissées par Eras et retrouver La Belle Arcane. De nombreuses embûches se dresseront sur leur chemin... Sans compter la pugnacité des deux filles Garamont, Ariale et Lucia, bien décidées à accompagner les deux hommes, afin de revoir leur père...
La Malerune débute donc sur cette fameuse lettre, et marque ainsi le début de la quête de Zétide et Hogo, très rapidement rejoints par Ariale et Lucia. A l'inverse de ce que le résumé laisse entendre, le Chevalier Eras n'est que très peu présent par rapport à nos quatre protagonistes principaux, n'apparaissant que ça et là, évoqué par les autres ou rapidement mis en valeur le temps d'une ou deux pages. Il reste toutefois un des piliers l'ouvrage, en tant que meneur (même absent) de la quête entreprise par nos quatre héros. Parlons un peu d'eux : le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils forment une bande plutôt atypique. Et attachante ! Je serais bien en peine de départager Hogo, Lucia et Ariale, d'ailleurs. Zétide est un personnage intéressant, mais beaucoup moins "sensible" que les trois autres. Sa patience plus que limitée aura parfois eu raison de la mienne, je l'avoue. Hogo est celui qui a fait battre mon cœur, malgré sa bouille poilue et son nez tenant plus du museau qu'autre chose. Sa timidité est juste adorable, et on n'a qu'une seule envie : lui faire un gros câlin. Lucia m'a beaucoup plu : elle ne s'en laisse pas compter et n'hésite pas à affirmer haut et fort ce qu'elle pense. Ariale, elle, apporte à l'ouvrage une touche de tendresse indéniable. Enfin, avez-vous déjà vu une enfant de dix ans à peine se lancer dans une quête épique ? Elle ne cesse de douter d'elle même, et possède pourtant une force indéniable. J'ai beaucoup aimé suivre son évolution, la voir s'affirmer au fil des pages.
Nous suivons ainsi nos quatre compères tout au long de leur quête, déjouant les pièges de leurs ennemis et franchissant les obstacles se dressant devant eux. Avec, parfois, redondance et prévisibilité. J'ai trouvé ce point un peu dommage, dans le sens où je n'ai, à aucun moment, été véritablement surprise. Enfin, à aucun moment... N'exagérons tout de même pas : il y a bien des pans de l'intrigue que je n'avais pas deviné. Malgré tout, ces actions répétées, ces embûches prévisibles, ont provoqué en moi une certaine lassitude, et particulièrement lors de ma lecture du premier tome. Les deux tomes suivants ont heureusement forcé sur l'intensité de l'action et, si j'ai remarqué quelques longueurs, je me suis prise au jeu et les ai enchainés l'un après l'autre en une journée.
Il faut dire que l'univers créé par Pierre Grimbert et Michel Robert est tout bonnement captivant : le bestiaire est impressionnant, la mythologie fouillée et bien construite. J'ai particulièrement apprécié les passages traitant de la religion maitresse de L'Aeldo, dans le sens où cela nous permet de mieux cerner les enjeux de la quête principale. Les nombreuses descriptions ont également su ravir mon cœur, tant les paysages évoqués m'ont à la fois parus réels et féériques. Une fois emportée par l'histoire, j'avais plutôt l'impression d'être en train d'écouter un conteur au coin du feu, subjuguée par ces mots et cette trame aux airs de légendes.
En réalité, j'ai passé un excellent moment avec ce titre. Ses quelques défauts m'ont certes fait passer à côté du coup de cœur, mais je retiens surtout que les anglophones n'ont pas le monopole de la Hight Fantasy, que les Français s'en tirent avec tous les honneurs. Et, surtout, qu'ils manient un outil manquant bien souvent aux romans anglo-saxons : l'humour. Et oui ! J'ai ri en lisant certains passages, et particulièrement lors des joutes verbales opposant Lucia à Zétide. Et, de vous à moi : cela fait du bien ! Je ne saurais donc que conseiller cet ouvrage aux amateurs de Fantasy, aussi bien qu'aux néophytes : Mise à part cette mythologie parfois difficile à aborder, il me parait tout à fait approprié pour les personnes souhaitant se lancer dans l'univers merveilleux qu'est la Fantasy. Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire :)
En bref, une trilogie très intéressante qui m'aura fait passé un excellent moment, grâce à un cocktail qui marche et nous séduit : une bonne dose d'humour, de l'action, des personnages atypiques et hauts en couleurs, des méchants trèèès méchants, et une fin... Qui vaut le détour !