Cette semaine, pour contrer l'humeur estivale ambiante, vous avez le choix entre deux situations de crise (Nyx, partenaire officielle de votre dépression) : l'invasion zombie avec World War Z ou la prise d'otage avec Hijacking. Vous remarquerez au passage la diversité de mes propositions. C'est qu'il en faut pour tous les goûts voyez-vous !
Excepté les sujets, qui sont diamétralement opposés, j'évoque donc ici deux films qui optent pour deux traitements cinématographiques différents : le long-métrage de Marc Foster carbure à l'adrénaline et aux effets spéciaux, celui de Tobias Lindholm, à l'inverse, repose sur un rythme volontairement engourdi et un hyperréalisme déroutant. Reste à savoir si l'angoisse musclée et visuelle de World War Z a fonctionné sur moi ou si la tension plus insidieuse et éminemment discrète d'Hijacking m'a davantage conquise ?
- World War Z (Marc Forster) Le parcours surréaliste mais enthousiasmant de Gerry, ancien enquêteur de l'ONU, chargé de trouver le remède à un redoutable virus – écran de fumée pour "zombie" – qui menace la planète. En dépit d'un postulat invraisemblable – on a du mal à croire que l'avenir de l'humanité repose sur les épaules d'un seul homme (oui, même si c'est Brad Pitt !) – et de quelques raccourcis scénaristiques préjudiciables, un blockbuster impressionnant, au rythme frénétique et aux effets spéciaux saisissants. Les marées humaines qui tentent de fuir l'invasion zombie sont effarantes de réalisme. Ce déferlement de gigantisme, allié à une vitesse inopinée dans un film de zombies, crée une tension inédite – il est regrettable toutefois que la bande-annonce dévoile les séquences les plus sidérantes – qui a qui plus est le mérite de ne pas reposer sur l'utilisation massive d'hémoglobine (pas une goutte de sang dans ce film !). L'angoisse atteint ainsi son apogéesans être gore ou traumatisante. Bien que le huis clos final aurait mérité d'être plus approfondi et la fin, moins prédicatrice, une superproduction réussie dans l'ensemble, d'autant plus lorsque l'on connait les conditions chaotiques du tournage (tensions, changement de scénaristes, modification de la fin, sortie retardée etc).
En deux mots : survitaminé et stupéfiant.
Le petit plus : World War Z est l'adaptation du roman éponyme de Max Brooks (chroniqué par Spaceship Graphics ici). Il semblerait qu'une suite soit d'ores et déjà envisagée. Un jeu vidéo est également en préparation. N'hésitez pas si :
- vous aimez les films catastro-apocalyptique ;
- le duo Mireille Enos / Brad Pitt vous intrigue (il y a une formidable alchimie entre eux !) ;
- vous recherchez un long-métrage palpitant, à la 24 heures chrono (ici aussi, pas le temps de s'ennuyer) ;
Fuyez si :
- vous désirez frissonner (la grande peureuse que je suis a sursauté plusieurs fois mais la majorité de mes amis n'ont, eux, absolument pas eu peur) ;
- les fins moralisatrices ont tendance à vous agacer ;
- vous attendez un long-métrage qui aborde le thème des zombies avec autant d'intelligence qu'In The Flesh ;
Le récit implacable de l'abordage d'un cargo danois par des pirates somaliens et des négociations opiniâtres qui s'ensuivent. Une reconstitution hyperréaliste servie par un casting 4 étoiles tant du côté des personnages principaux que des secondaires – qui ont, eux, volontairement été choisis parmi des acteurs non-professionnels – et brillamment articulée autour de deux personnages (le cuisinier pris en otage et le PDG de la compagnie propriétaire du navire) et de leur interférence. Ce sont donc deux huis clos qui se jouent dans Hijacking : l'un dans un bateau, l'autre dans un bureau où l'âpre tractation est discutée. Si la mise en scène éminemment sobre permet d'éviter les écueils du genre, elle aboutit toutefois, combinée au rythme lui volontairement dilué – afin de rendre compte le plus fidèlement possible de l'interminable attente je suppose – à un long-métrage d'une apathie extrême et dessert ainsi la violence feutrée de ce drame humain. En outre, le point de vue – uniquement danois – ne permet pas d'examiner les enjeux géopolitiques qui motivent les actes des pirates et constitue une lacune inexcusable selon moi. En résumé, un thriller intéressant malheureusement desservi par une forme (photographie et cadence) extrêmement fastidieuse.
En deux mots : réaliste et assommant.Le petit plus : avis aux sériephiles, on retrouve le formidable Pilou Asbæk aka Kasper Juul (Borgen) et Søren Malling (The Killing) dans Hijacking. N'hésitez pas si :
- vous aimez tout particulièrement les documentaires fictionnels ;
- le traitement cinématographique des actes de piraterie vous intéresse ;
- vous êtes fan de Pilou Asbæk et/ou de Søren Malling (ils sont comme toujours formidable !) ;
Fuyez si :
- vous n'êtes pas vraiment adepte des huis clos ;
- ce n'est pas la grande forme en ce moment (c'était mon cas et j'ai piqué du nez à plusieurs reprises) ;
- vous vous attendez à un film d'action (le réalisateur a ici pris le parti de montrer l'attente) ;
Verdict ?Je vous recommande World War Z, le blockbuster de Marc Foster (non non, ceci n'est pas une blague, c'est même à marquer d'une pierre blanche !) qui n'est certes pas scénaristiquement exempt de défauts mais qui a au moins le mérite d'être visuellement bluffant et globalement distrayant. Attention, je ne vous invite toutefois pas pour autant à bouder Hijacking qui est un long-métrage d'une grande intelligence, au sujet plutôt inédit qui plus est, mais que j'ai malheureusement vu au mauvais moment (comprenez par là : en pleine digestion, par une chaleur harassante etun jour où j'avais accumulé pas mal de fatigue)À vous de voir !