"Benjamin Siksou : la Nouvelle Star, et après ?
Écrit par Dr Groove
Parmi les quelques candidats de la nouvelle star qui méritent qu’on oublie qu’ils ont participé à un télé-crochet, peu n’ont pas encore publié d’album. Et à l’écoute de ceux qui s’y attelent trop rapidement, on se dit que c’est tant mieux si la livraison d’une production studio prend un peu de temps. C’est le cas de Benjamin Siksou. Il était déjà bien à la télé, il est encore mieux en vrai.
Le morceau qu’on retient d’un candidat à un télé-crochet en dit long sur son potentiel. Christophe Willem avait son Sunny, Julien Doré sa Lolita et Benjamin Siksou a immortalisé Just The Two of Us. Le premier est un titre popularisé par Boney M, figure de proue du disco populaire vite enterré et resservi aux mariages. Le second un tube de minette dont on retient les mensurations. Le troisième un hit R’n’B écrit par un monstre du saxophone (Grover Washington Jr.), un chanteur culte (Bill Withers), épaulés à la basse par un musicien qui a écrit un des albums les plus marquants de Miles Davis, « Tutu » (Marcus Miller) et à la batterie par un des plus grand session men ayant joué avec à peu près tout le monde (Steve Gadd). La différence réside donc dans la longévité. Benjamin Siksou, contrairement à ses deux camarades, n’a pas encore publié d’album.
Pour cause : « En sortant de la Nouvelle Star, je voulais déjà faire un album de mes chansons. Seulement mes premières compo ne me satisfaisaient plus et les nouvelles n’étaient pas encore assez abouties. J’écrivais en français et en anglais, ce qui ne me plaisait pas non plus. Il m’a donc fallut cinq ans, et des dizaines de concerts à Paris et en province pour trouver mon style, peaufiner l’écriture uniquement en français, maquetter, enregistrer. Il y a donc eu un souci de timing avec les maisons de disques. Lorsqu’elles voulaient je n’étais pas prêt et au moment où je l’étais, elles étaient passé à autre chose. », nous écrit-il par mail entre deux représentation de son nouveau spectacle à Avignon. Parmi les jeunes gens à qui certains ont reproché le désir d’immédiateté, le finaliste du télé-crochet de M6 en 2008 n’est pas celui qui s’est le plus précipité.
A 26 ans, Benjamin Siksou fait partie des chanteurs français dont l’intégrité artistique et les connaissances musicales inspirent le respect. On trouve sur les projets qu’il a pu présenter, en attendant l’album qui devrait arriver, des artistes et des musiciens qui travaillent dans l’ombre mais qui sont loin d’être inconnus de la profession. Avec Hugh Coltman (qui pose actuellement sa voix sur le piano d’Eric Legnini, en tournée avec l’album « Sing Twice »), il compose « My Eternity », morceau pop français teinté de sonorité bleutée-cuivrées : « Hugh Coltman, je l’ai rencontré il y a six ou sept ans. J’avais entendu sa voix au sein du collectif Black and White Skin. On s’est bien entendu. J’ai fait une de ses premières parties à la Bellevilloise et en sortant de l’émission, on s’est posé une après-midi sur la terrasse d’un ami commun, Paul Mesguish et nous avons composé My Eternity. C’est allé tout seul. J’étais venu avec des bribes de mélodies et de textes. Il a su structurer le tout et donner de la profondeur au texte. ». On trouve aussi Vincent Ségal (-M-, Bumcello…) à la réalisation de son premier EP, des collaborations avec la jeune guitariste et chanteuse de blues Nina Attal…
Après plusieurs années sans autres nouvelles que des annonces de concert et un ou deux morceaux, on redécouvre Benjamin Siksou lors d’un concert en appartement, une soirée Sofar Sound. En plus d’avoir gardé son aisance avec le public, son côté drôle et charmeur, il s’est amélioré techniquement et a affiné son orientation artistique. Bien qu’il n’ai « Pas de mission en tête », il est bel et bien un des chanteurs qui peut changer l’image des musiques qui l’ont fait grandir, comme Nougaro il y a bien longtemps déjà. S’il n’a « rien à faire oublier de la Nouvelle Star » et qu’il « ne regrette absolument rien », Benjamin Siksou a déjà changé de cap.
En amont de son nouvel album — un mélange de blues, de jazz, de rock, et probablement bien qu’autres choses encore — à paraître prochainement, le chanteur se produit à Avignon jusqu’au 31 juillet, avec un spectacle original intitulé « Valise Blues » : « Mon spectacle est une sorte de voyage initiatique a travers l’histoire du blues. L’histoire du personnage errant que j’interprète pourrait être celle de cette musique. À travers les textes que j’ai écrit, j’ai voulu faire ressortir le romantisme qui, je trouve, se dégage de ces morceaux. Ils s’alternent avec les plus grands standards de Robert Johnson et son blues du Mississippi, Louis Armstrong et la Nouvelle Orléans ou le blues plus crooner de Ray Charles. » Benjamin Siksou, prochain Nougaro ? C’est tout ce qu’on lui souhaite."
Photo © Virgile Texier
Source : http://coupdoreille.fr/index.php/long-read/228-siksou