« A quelque chose malheur est bon », disent les anciens. L’adage colle bien au crowdfunding, financement participatif né de la crise. Pendant que les acteurs financiers traditionnels se montrent frileux face au risque et que les codes, comportements et règles du jeu changent, ce modèle alternatif de financement, en circuit court, fait recette avec Internet : 40 millions d’euros d’investissement en France, 21 milliards d’euros dans le monde et quelques succès aussi fulgurants que retentissants.
Le financement participatif (ou collecte) est une expression décrivant tous les outils et méthodes de transaction financières entre les individus avec pas ou peu d’inter-médiation par les acteurs traditionnels. (Source : wikipédia)Qui offre, qui demande ?
Le crowdfunding bouscule les rapports. Le porteur de projet, qui exerce souvent dans un domaine « à risque » ou peu prometteur en retour sur investissement (création artistique, intérêt général, startup…) est détourné de gré ou de force des canaux traditionnels. Il se tourne alors vers le grand public, fixe un montant pour lancer son projet et offre en échange une vision et l’aventure qui mène à sa réalisation.
De l’autre côté, la foule (crowd) des épargnants modestes est en quête de coups de cœur et de partage. Et tant mieux si, en plus, ça paye.
Quant à la place de marché, elle se résume à une plateforme web, souvent spécialisée dans le secteur.
Des outils de collaboration massive 2.0
Ce financement participatif – ou populaire – n’est en rien nouveau. C’est même vieux comme le troc. Mais le web 2.0 l’a amplifié comme jamais. Ainsi, le crowdfunding n’est ni plus ni moins que le principe du réseau social en ligne appliqué à la finance. C’est ce qu’a révélé, en avril 2007, Ray Algar, consultant de la société britannique Oxygen Consulting et père de la théorie de la « consommation collaborative ». Laquelle englobe d’autres formes d’échanges en ligne comme la location entre particuliers, les services d’hébergement, l’autopartage, etc.
John Cassavetes, crowdfunder avant l’heure
« Financez un film qui vous ressemble ! »
C’est avec ces mots adressés aux auditeurs d’une radio locale que John Cassavetes a trouvé les financements pour Shadows (1959)
Des objectifs quantitatifs et d’engagement
L’investissement n’est pas toujours en monnaie sonnante et trébuchante. Il s’agit parfois de demander du temps, de l’action, de la participation. Quel que soit leur objet, les campagnes de crowdfunding fonctionnent toutes sur les deux mêmes ressorts : force du nombre et engagement partagé.
- La foule : en matière de financement participatif, pas d’interlocuteur unique. La « foule » des financeurs est composée de contributeurs modestes. De leur nombre dépend la viabilité du financement ou la réussite de l’action.
- L’engagement : on est ici dans la logique tribale du réseau social : l’internaute se reconnaît dans un projet, un artiste, une action sociale, etc. et s’engage dans le collectif pour sa réussite.
Ci-dessous, voici quelques exemples de campagnes de financement collaboratif qui ont fait parler d’elles.
Pour la création du jeu Star Citizen, Robert Space Industries a collecté via la plateforme de crowdfunding nord-américaine Kickstarter quelque 10 millions de dollars.
Lassé de l’incapacité des pouvoirs publics à résoudre le problème des déchets abandonnés dans la nature, l’Estonien Rainer Nõvalk décide de lancer en 2008 la campagne de crowdfunding Let’s Do It. Son objectif ? Mobiliser le plus largement les citoyens pour recenser puis collecter les déchets sauvages. Et le résultat ? 750 bénévoles se sont mobilisés pour le recensement et plus de 50 000 pour la collecte de 10 500 déchets. Soit l’implication de 4% de la population du pays !
Exemple peut-être le plus connu : en 2008, l’équipe de campagne du futur président a utilisé les réseaux sociaux pour mobiliser et collecter des fonds privés.
« Le message, c’est vous » dit Zioum, qui offre à chacun la possibilité de créer ses propres messages publicitaires.
4 conseils pour réussir sa campagne de crowdfunding
Envie de réussir votre campagne de financement participatif ? Voici 4 règles à respecter :
- Séduire
Toute campagne commence par un appel à la participation : clarté du projet et de la vision, valeurs, promesse d’aventure, communication numérique de qualité (vidéos, photos, son), etc. Les porteurs de projet doivent séduire les internautes, en plus d’être visibles. - Fixer un montant cohérent et une date limite
Ce sont deux données primordiales de la campagne : la somme minimale fixée au départ doit être cohérente avec le projet. Et la deadline claire pour tous. Statistiquement, les 7 derniers jours de la campagne sont les plus rentables. Globalement, la durée de la collecte est proportionnelle au montant demandé (d’une dizaine de jours pour 1 000 € à plusieurs mois au-delà de 50 000 €). - Mobiliser et s’appuyer sur des ambassadeurs
L’objectif est de rassembler un maximum de financeurs. Un premier cercle social qui joue le rôle d’ambassadeur permet de créer un effet boule de neige. - Offrir des contreparties originales
Au-delà de la participation financière, les investisseurs attendent de participer. Vous êtes un groupe de musique ? Offrez une figuration dans le clip, le nom au générique ou un concert privé.
Daniel feat. Youthstar, premier clip du groupe aixois Deluxe (Chinese Man Records), a été entièrement financé en crowdfunding, via la plateforme Oocto
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