Qui a dit que le football américain était un sport ennuyeux ? George Clooney vient en tout cas prouver le contraire avec son Jeux de dupes : en 1925, en tout cas, c'était follement amusant. On pouvait ruser, tricher gentiment, coller des marrons à l'adversaire sans être inquiété ni vilipendé par la presse. Et c'est ainsi que Clooney se met en scène en footballeur senior, roublard mais amoureux de son sport. Son personnage est à l'image de Jeux de dupes : il part un peu dans tous les sens, mais le fait avec une telle envie que l'on est prêt à en accepter certains défauts. Explicitement rétro, le film est une comédie aussi insaisissable que ce foutu ballon, puisqu'elle n'est pas vraiment romantique, ni franchement sportive. Ni rien d'autre, d'ailleurs. Juste une agréable compilation de scènes souvent loufoques et toujours gaies, bien loin du noir et blanc et du sérieux de l'impeccable Good night, and good luck.
Le prix de la loufoquerie, c'est que le moindre ratage a pour conséquence une désagréable impression de flottement, une foultitude de petits moments embarrassants pendant lesquels on ne peut que se contenter de siffloter en attendant que la scène suivante remonte le niveau. Malheureusement, la qualité et le rythme de Jeux de dupes semblent jouer aux montagnes russes, et l'on finit souvent par trouver le temps un peu long lorsque le foireux prend le pas sur le très bon. Heureusement, l'esprit délibérément positif de l'ensemble rend le film tout à fait regardable, d'autant que Clooney livre une nouvelle prestation de choix, mêlant en un même homme l'Ulysse de O'Brother, le Danny Ocean de Soderbergh et le play-boy désabusé des pubs pour les dosettes. Le voir évoluer est un régal, et on imagine que le plaisir doit être décuplé pour celles (et ceux, pas de sectarisme) qui apprécient les beaux mâles. On n'en dira pas autant de Renée Zellweger, première erreur de casting d'un Clooney qui avait su jusque là choisir ses acteurs avec un discernement admirable. La Renée joue de plus en plus avec ses grosses joues rouges et se contente de plisser les yeux et remuer la tête pour faire croire qu'elle joue. On appelle ça le syndrome Richard Gere. Insupportable, bien loin de l'image de femme fatale et rigolote imposée par son personnage, elle est la principale responsable de la frustration générale ressentie devant ce Jeux de dupes qui n'arrive jamais vraiment à hauteur de ses modèles, de Walsh à Hawks.
6/10