À la recherche de valeurs changeantes et durables

Publié le 11 juillet 2013 par Raymond Viger

Une histoire ordinaire ?

Je me suis prêté à l’exercice, et ça m’a rappelé mon père qui allait travailler à l’usine avec sa boîte à lunch noire, dans les années 50 et 60. À l’intérieur, un ou deux sandwichs enveloppés dans du papier ciré, un dessert, un thermos de thé.

Sur la boîte, son prénom anglicisé, puis un sigle avec des ailes. Depuis la Deuxième Guerre, il y travaillait sur des moteurs d’avions. Entre l’homme qui posait des boulons en usine et le pilote mourant dans les flammes (comme nous en voyions dans les films et les bandes dessinées), pour nous, aucune différence. Notre père était un héros de toute façon, comme il se devait de l’être.

Ils étaient des centaines, comme lui, à entrer à l’usine le matin avec une boîte semblable. Des centaines à travailler dans de grandes usines, dont beaucoup sont disparues aujourd’hui des décors urbains (comme de celui d’Hochelaga-Maisonneuve). D’abord déplacées vers les banlieues, et ensuite bien souvent vers l’Asie.

Or, en quoi mon père se démarquait-il du bataillon de « soldats en civil » des grandes usines qui avaient participé, à leur façon, à l’effort de guerre ?

Mon père avait ses rêves, qui n’étaient pas les miens. Et nous avons été probablement moins proches, en vieillissant, qu’il ne l’aurait espéré. Or, cela n’a rien de particulier ; ce n’est qu’un fait courant de la vie ordinaire. Et pourtant… chaque vie ordinaire comporte une somme d’expériences impressionnantes et dignes de respect.

Des valeurs plus grandes que soi

Les valeurs varient, d’un individu à l’autre. Et aussi d’une génération à l’autre, tout comme les conditions de vie et la culture. Or, chacun cherche le bonheur à sa façon.

Soit dans le rêve d’une aisance matérielle qui règlerait tout (mais on s’aperçoit

éventuellement que ce n’est pas le cas). Soit dans la victoire de la science et de la technologie (mais là non plus, on n’arrive pas forcément au bonheur).

La vie, la vie… C’est plutôt le grand marché de la consommation qui se poursuit : production, travail, consommation. De plus, l’environnement s’est révélé plus fragile qu’on ne l’avait cru, et rien ne va plus. Sans parler du juste partage social qui n’est pas encore résolu.

Alors, où se trouve la solution ? Certainement pas dans la seule satisfaction des besoins personnels. Cela, nous le savions déjà depuis la Préhistoire, en regardant les étoiles auprès du feu et en nous insérant dans un ensemble plus grand que nous.

En ce moment, nous sommes tous des personnages de roman, dans une histoire qui se cherche une profondeur et un but plus grand que soi. En d’autres mots, nous sommes à la recherche de valeurs plus durables, qui dépassent notre petit moi et notre réussite personnelle.

Et il n’y aura jamais de bonheur durable sans ces valeurs (communautaires, altruistes, humanitaires) qui vont plus loin que soi, peu importe le nom qu’on leur donne.

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