Quand j’étais jeune, insouciante et nullipare, j’avais plein de principes, ça on a compris. Entre autres, celui concernant les dessins animés : Cendrillon, tu ne passera pas le pas de ma digital TV. Une greluche qui passe toute la journée à nettoyer en pleurnichant sur un mec qui est assez tebé pour préféré une rousse aux grands pieds à une plante blonde aux cheveux jusqu’aux genoux et aux yeux de poupée, non merci. Mais ça c’était avant. Avant que tigresse en arrive à se prendre pour la réincarnation d’une princesse. Le mystère autour de cette transformation reste entier. Je pensais vraiment que je transmettrais les vraies valeurs je lui apprendrais, au marketing infantile point je ne l’exposerais, aux dessins-animés point je l’abrutirais, une maman névrosée je serais. Pour les nullipares, une info : on tient environ une trentaine de mois (je sais que vous allez compter en mois, on en reparlera plus tard). L’entrée à l’école semble avoir changé la donne : si tôt arrivée en classe, ma fille se déguise en princesse en enfilant une robe en tulle-polyester rose bonbon, des sandales en talon en plastique rose fuchsia (sur ses chaussettes, imagine), parfois pousse l’hérésie stylistique jusqu’à porter un diadème en plastique lui aussi, peut-être même avec quelques plumes dessus et des diamants (y’en a jamais assez). Maman et sa conscience féministe fermera les yeux, oui tu es belle, et s’en ira, se disant que certaines choses la dépasseraient définitivement. Puis il faut bien que l’enfance se passe non ?
Sauf qu’à la maison, Tigresse ne parle plus que de princesses. Elle réclame son déguisement à la maison aussi, sa tiare, ses dessins animés, ne parle plus que de Cendrillon (encore cette niaise de blondasse), danse seule en s’imaginant avec un prince charmant et dis à son copain qu’elle veut se marier avec lui. Dur dur.