A propos de The East de Zal Batmanglij
Brit Marling, Alexander Skarsgård
Dans les recommandations de la semaine, on vous conseillera The East, thriller d’anticipation (mais pas tant que cela) américain dans lequel Sarah Moss (Brit Marling), une ancienne agent du FBI fraîchement recrutée par une agence de renseignements privée, enquête sur The East, mystérieuse organisation écolo-terroriste (le mot est fort, car ils ne tuent personne) qui proteste contre de puissants lobbies pétroliers ou pharmaceutiques en commettant des actions illégales, aussi inattendues que spectaculaires…
Tout le film tient dans le portrait émouvant et les ambiguïtés de cette jeune femme pétrie de religion catholique et de principes moraux qui vont la faire de plus en plus douter et se remettre en question. Alors qu’elle est parvenue à s’infiltrer au sein de The East et que l’organisation multiplie des interventions, Sarah commence à croire de moins en moins au bien-fondé de sa mission en même temps qu’elle tombe amoureuse de Benji (Alexander Skarsgård), son leader charismatique. Cette remise en cause chez Sarah correspond aussi à son rapprochement avec la nature, à sa communion avec les éléments organiques et minéraux, à son éveil à la forêt, à ses propres sens et à son corps, qui culmineront dans une très belle scène de toilette sur un lac…
Plusieurs raisons pousseraient donc à aller voir le second long métrage de Zal Batmanglij, co-écrit par le réalisateur himself et son actrice principale, Brit Marling et coproduit par Ridley et feu son frère Tony Scott.
D’abord parce que Brit Marling livre une interprétation sans faute, bien aidée il est vrai par une pléiade d’acteurs irréprochables autour d’elle, d’Elleen Page à Alexander Skarsgård en passant par Patricia Clarkson ou Tobby Kebbel.
Ellen Page, Alexander Skarsgård
Au-delà de son scénario bien ficelé et d’une mise en scène assez tendue et enlevée pour ne pas s’ennuyer (très peu de temps morts), The East nous plonge dans une horreur et un désastre écologiques qui n’ont rien de fictifs, mais correspondent bien à une réalité de notre époque, chaos engendré par les puissants irresponsables de ce monde. Ce qui rend le film passionnant, c’est qu’il pose avec recul et intelligemment des questions, c’est-à-dire sans être parti-prenant. Le film semble demander à chacun ce qu’il ferait dans la situation de son héroïne très fervente et qui se promet tout bas de combattre « sans être arrogante mais sans être faible non plus ». Credo en forme de pacte éthique.
Comment useriez-vous de votre libre-arbitre si vous étiez Sarah Moss ? Quelle responsabilité auriez-vous ? Quelles seraient vos difficultés à trancher, à vous positionner si vous deviez choisir entre une organisation écologique qui commet des actes illégaux mais dont les revendications comme la sonnette d’alarme qu’ils tirent semblent bien fondés et légitimes et des lobbies intouchables qui polluent et causent indirectement (involontairement ?) des milliers de morts chez des populations qui n’avaient pas demandé à boire de l’eau pollué ni avaler des médicaments aux effets secondaires destructeurs ?
Ce que la morale de l’histoire révèlera de plus odieux, au-delà des actes irresponsables de ces compagnies pétrolières ou pharmaceutiques, c’est que les puissants de ce monde ne montrent en général aucun scrupule ni remords pour leurs méfaits. Du pur cynisme, en quelque sorte…
http://www.youtube.com/watch?v=dJ5SXjn9Afw
Film américain de Zal Batmanglij avec Brit Marling, Alexander Skarsgård et Ellen Page
Scénario de Zal Batmanglij et Brit Marling :
Mise en scène :
Acteurs :
Dialogues :
Compositions de Halli Cauthery :