Dépendance cyber US

Publié le 10 juillet 2013 par Egea
  • Cyber
  • Géopolitique

J'ai trouvé ceci, en commentaire de l'excellent billet Big data subir ou accompagner de Thierry Berthier, sur le blog de JP Baquiast. Il s'agit de toute la liste des dépendances que nous, Européens et Français, avons envers les systèmes cyber US. Ce qui amène forcément quelques commentaires.

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  • Nous dépendons des USA pour les systèmes d'exploitation: Windows, Unix, Linux, OS X et IOS d'Apple, Androïd pour nos téléphones: qui nous certifie que ces sytèmes d'exploitation ne peuvent par scanner le contenu de nos machines lorsqu'ils opèrent des mises à jour de leur logiciel?
  • Nous dépendons des USA pour les langages de programmation: Java, javascript, C, C++, Perl, et dans une certaine mesure Php, mais aussi Python, Lisp, Jess, etc...
  • Nous dépendons des USA pour les bases de données: Oracle, MySQL, PostgreSQL, Sybase, Virtuoso, etc...
  • Nous dépendons des USA pour les plateformes de développement informatique: Visual Studio, Eclipse, Netbeans...
  • Nous dépendons des USA pour les navigateurs internet: Firefox, Chrome, Internet Explorer...
  • Nous dépendons des USA pour les moteurs de recherche: Google, Yahoo, Bing...
  • Nous dépendons des USA pour l'échange de photos en ligne: Instagram, Skydrive,Flickr, etc...
  • Nous dépendons des USA pour les réseaux sociaux: Netlinks, Viadeo, Facebook...
  • Nous dépendons des USA pour les communications instantanées: Twitter, Skype, visiophonie, chat sur Skype/Outlook/Gmail...
  • Nous dépendons des USA pour la bureautique en ligne ou bureautique tout court: Google Doc, OpenOffice, Microsoft Office, outils bureautique d'Apple...
  • Nous dépendons des USA pour la plupart des logiciels d'impression et imprimantes: Xerox, Hewlett Packard, etc..
  • Nous dépendons des USA pour beaucoup d'outils GPS
  • Nous allons dépendre dans un proche futur des voitures Google sans conducteur qui pourront remplacer tous les taxis et même nos véhicules particuliers
  • Nous dépendons des USA pour la plupart des ordinateurs et cartes d'ordinateurs (conçus aux USA, et fabriqués en Chine)
  • Nous dépendons des USA pour la majeure partie des solutions de Cloud Computing et de stockage des données, qui se font à l'aide de solutions américaines.
  • Nous dépendons des USA pour les serveurs utilisés en programmation: JBOSS, TOMCAT, APACHE, RESIN, WEBSPHERE,WEBLOGIC, etc...
  • Nous dépendons des USA pour les lieux où l'on met nos applications téléphoniques à acheter en ligne : soit Google, soit Apple
  • Nous dépendons des USA pour les outils de localisation géographique: mappy, google earth, google map, etc...
  • Nous dépendons des USA (dans quelle mesure pour le coup?) pour Wikipedia.
  • Nous dépendons des USA pour la plupart des firewalls existants.
  • Nous dépendons des USA pour la plupart des anti-virus existants.
  • Nous dépendons des USA pour la plupart des recherches actuelles faites en informatique et outils informatiques: la liste donnée ici n'est pas exhaustive (ex: Photoshop, Word, Excel, Firebug, CMS, outils de gestion de données...) mais n'est qu'une infime partie de ce que produisent les USA.

Accessoirement, quand le rapport Bockel appelle à boycotter les routeurs d'origine chinoise (Huawei et ZTE), il omet de signaler que les routeurs américains doivent, par la loi, incorporer une porte dérobée au profit des autorités américaines. Échapper à une surveillance chinoise et opter pour une dépendance américaine ? où est l'avantage ?

Pendant ce temps, tout un tas de pays n'acceptent pas cette situation et bâtissent leur propre système national : Chine, bien sûr, mais aussi Russie ou Iran. Le lecteur dira qu'il s'agit là de régimes autoritaires, et qui ne sont pas "alliés". Il reste que ces pays sont encore nourris d'une logique de souveraineté, ce qui n'est plus le cas français, il faut malheureusement le constater. PRISM nous rappelle que dans le cyber (comme dans le monde du renseignement) il n'y a pas d'amis.

Pas d'amis dans le cyber, ce qui correspondant bien au monde post-hobbesien, et zéro polaire que nous décrivons sur égéa depuis maintenant quelques mois : la lutte de tous contre tous. Le Cyber est décidément en phase avec la situation géopolitique de ce XXI° siècle.

Ceci pose implicitement la question des "alliances". En effet, nous poursuivons dans le cyberespace le mode de relations géopolitiques que nous avions établies dans le monde d'avant. Or, non seulement celui-ci est modifié par la simple irruption du cyberespace, mais aussi parce que tout un tas de données géopolitiques ont été radicalement altérées : fin du schématisme bipolaire, fin de la centralité occidentale (ce qu'on appelle, en termes élégants, émergence), planétisation. Autrement dit, malgré nombre de Livres Blancs successifs, nous continuons toujours de "raisonner" selon une grammaire qui n'a plus court.

Le cyber n'est pas simplement un outil d'ouverture maximale des sociétés : il peut aussi être, si l'on en a la volonté, une opportunité de renationalisation des politiques. Mais tout est question de volonté, et à force de dire qu'on est interdépendants, on le croit et on s'abandonne au déclin délétère.

Autrement dit encore, le cyber peut être l'occasion d'un sursaut géopolitique (et d'abord, politique). Mais c'est une question de volonté. En France, on n'a pas de pétrole, mais on n'a pas de volonté.

O.Kempf