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Le poker en ligne stagne en France

Publié le 10 juillet 2013 par Seifenblase @Pointe_d_Actu

Le poker a connu ces dernières années un certain engouement, notamment avec la régularisation du marché orchestrée par l’ARJEL en 2010. Le marché a alors connu une belle croissance, notamment avec la migration des joueurs en .com devenus illégaux vers les sites régulés en .fr.

Une fois cette migration effectuée, la croissance aurait pu se poursuivre. Et pourtant : l’ARJEL comptabilise 1 713 000 comptes joueur actifs en 2012, à peine 2% de plus que l’année précédente. La faute à la crise ? Pas que.

Des avantages et des inconvénients d’une régulation

Bien entendu, il est inutile de s’étendre sur les bienfaits de l’opération pour les joueurs, qui se résume essentiellement à une meilleure protection de leurs transactions (normes de sécurisation des paiements, protection en cas de litige dans le virement des gains, qualité des logiciels contrôlée…) et à des opérations de prévention face aux risques d’addiction.

Le poker en ligne est idéal pour les débutants désirant s’entraîner : il permet de jouer sans avoir beaucoup d’argent et de ne pas subir les intimidations courantes dans les salles de poker.

Le poker en ligne est idéal pour les débutants désirant s’entraîner : il permet de jouer sans avoir beaucoup d’argent et de ne pas subir les intimidations courantes dans les salles de poker.

En revanche, les joueurs, et en particulier les plus gros, ont beaucoup perdu dans l’opération. En effet, les salles en .com n’étaient pas soumises à une taxation, les sièges des sociétés se trouvant d’ailleurs la plupart du temps dans des paradis fiscaux. Aujourd’hui, une salle en .fr est taxée à un peu plus de 30% de ses revenus par l’Etat. Pour y faire face tant bien que mal, une seule solution : faire payer plus cher ses joueurs.

Ceci explique le déclin des mises en cash game, une tendance de fond depuis des mois : elles ont diminué de 5% entre 2011 et 2012 et cela n’est pas compensé par la progression des buy-in en tournoi. La crise n’est que l’excuse de façade ; le vrai problème étant la question des commissions plus importantes prélevées par les sites dans ce mode de jeu (cela vaut aussi des tournois, mais ceux-ci restent moins affectés) qui a de quoi faire fuir les gros joueurs.

Ce qui pose un sérieux problème de liquidité, c’est-à-dire de circulation d’argent. En effet, les commissions que prennent les salles pour vivre s’effectuent dans le cadre de celle-ci (par exemple, 2 cents pour chaque pot de 1€ sur une table de cash-game aux blindes de 1-2 cents). Plus il y a de joueurs de cash-game, et plus ils misent, plus les rooms prélèvent de rake. Mais le taux que les salles sont obligées de prélever pour être rentables est devenu trop peu compétitif.

Les salles peuvent-elles redevenir attractives ?

La régulation de 2010 a plafonné les diverses offres promotionnelles pour attirer des nouveaux venus, et notamment les bonus de bienvenue.

Ainsi, les promotions ne suffisent plus toujours. Certaines salles ont lancé des offres spéciales : code promo Everest Poker, Summer Line-up chez PokerStars, Summer Shots de Winamax ainsi que quelques tournois innovants. Mais le recrutement de nouveaux venus reste difficile. Et du côte de l’offre de jeu, difficile d’innover avec un nombre de variantes du poker légales très réduit (Texas Hold’em et Omaha).L’ARJEL en a conscience, mais elle peine incroyablement à se faire entendre. Au final, et paradoxalement, la régulation aura redonné à certains l’envie de retourner au .com…

Près de 35.000 personnes sont inscrites sur le fichier des interdits de jeux en France. Une hausse de 6,6% par rapport à juin 2010, selon un bilan publié lundi par l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel)

Près de 35.000 personnes sont inscrites sur le fichier des interdits de jeux en France. Une hausse de 6,6% par rapport à juin 2010, selon un bilan publié lundi par l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel)

Salle emblématique de la situation, Barrière Poker commence à se poser la question de sa fermeture, alors même qu’il ne s’agit rien de moins que la room partenaire du géant des jeux en France, la Française des Jeux. En dépit d’une offre de bienvenue a priori très attractive (40€ offerts aux joueurs même sans dépôt d’argent), elle peine à décoller : les objectifs fixés par la FDJ®et le Groupe Lucien Barrière n’ont pas été atteints et la baisse d’activité logique en été semble anormalement forte cette année. Les vacances n’expliquent pas tout… L’hécatombe des sites qui a eu lieu l’été dernier (fermeture en France de ChiliPoker, Titan, Winga, sans parler des déboires du géant FullTilt…) n’est peut-être pas terminée.

Pour couronner le tout, il va sans doute falloir convenir d’un fait : la mode du poker est passée et le nombre de joueurs maximum du marché français à sans doute été atteint. Si les rooms avaient pu être plus attractives il y a encore 1 ou 2 ans, peut-être le marché aurait-il encore un beau potentiel. Aujourd’hui, les répercussions de la fiscalité ainsi qu’un encadrement trop strict de certaines pratiques (notamment la forte limitation des variantes) semblent avoir raison des appétits de tapis verts…

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