Cette étude sur le don d’ovocytes dans les cliniques européennes présentée à la réunion annuelle de l’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE) permet de mieux cerner les motivations des donneuses. Alors que dans certains pays ce don est rémunéré, les conclusions de l’étude expliquent indirectement pourquoi de nombreux couples se rendent à l’étranger pour des traitements de fertilité. Ainsi, plus la donneuse est jeune, plus l’argent sera la seule motivation.
L’incitation financière est une question controversée, même si tranchée en France, et cette étude réalisée par l’ESHRE, aboutit certes à la motivation de l’altruisme mais suggère aussi que la compensation financière reste une raison convaincante.
Les résultats sont issus de 1.423 donneuses d’ovules de 60 cliniques de 11 pays européens interrogées en 2011 et 2012. Parmi ses principaux enseignements,
· l’âge de la donneuse reste un facteur important dans la motivation de faire un don. Alors que l’âge moyen des donneuses participant à l’étude se situe à 27 ans (de 25,6 ans en Espagne à 31 ans en France), l’effet de l’âge est significatif sur des motifs altruistes:
· Si seules 46% des donneuses de moins de 25 ans, citent l’altruisme comme seule motivation de leur don,
· C’est le cas de 79% des donneuses de plus de 35 ans;
· 12% des donneuses de moins de 25 ans sont motivées exclusivement financièrement par rapport à 1% de ceux âgés de 35 ans.
· Plus la donneuse est jeune, plus l’argent est une motivation
Ainsi, la compensation financière reste une motivation importante pour de nombreuses femmes, en particulier dans certains pays. 40% des donneuses en Grèce déclarent que leur motivation est purement financière, et c’est l’incitation dominante en Russie et en Ukraine.
Les principaux « groupes » de donneuses identifiés dans l’étude sont,
· les étudiantes (18% en Espagne, 16% en Finlande, 13% République tchèque)
· les chômeuses (24% en Espagne, 22% en Ukraine, 17% en Grèce)
· les femmes célibataires (50% + en Espagne et au Portugal, 30% en Grèce)
· Près d’un tiers de toutes les donneuses ont un diplôme universitaire, et environ 50% ont déjà un enfant.
Combien les donneuses reçoivent? Des montants très variables selon le pays d’Europe, de « 0 » en France à 2000 euros en Belgique, et entre 500 et 1.000 euros dans la majorité des autres pays (valeur réelle recalculée en prenant en compte le pouvoir d’achat). Ainsi, dans certains pays d’Europe de l’Est, le don d’ovules peut être très incitatif pour les femmes pauvres ou sans emploi.
Les motivations du don d’ovocytes en synthèse :
· 46% sont motivées par l’altruisme seul
· 32% par l’altruisme et l’intérêt financier
· 10% par l’intérêt financier seul
· 5% motivée par l’altruisme et leur cas personnel
· 2% par leur cas personnel
Les plus hauts niveaux d’altruisme sont retrouvés en Belgique (86%), en Finlande (89%) et en France (100%), et les motivations purement financières en Grèce (39%), Russie (47%) et Ukraine (28%). En Pologne et au Royaume-Uni des proportions élevées de personnes partagent leurs ovules.
Des différences qui s’expliquent par les différences de réglementations, mais pas seulement.
Source: ESHRE Abstract no: 44, Reasons for donation among oocyte donors in 11 European countries via Eurekalert (AAAS) Eggs donations in Europe et Hum. Reprod.doi: 10.1093/humrep/det162Abstracts of the 29th Annual Meeting of the European Society of Human Reproduction and Embryology, London, United Kingdom, 7–10 July 2013 (In Press)