Dans l'appartement, les rideaux sont souvent baissés, la petite tenue exigée, les douches plus nombreuses. Les températures ne sont pas caniculaires mais je n'aime pas la chaleur.
Alors la lumière est artificielle, les écrans limités, les boissons nombreuses. Et quand il fait chaud, j'aime boire... chaud. Encore heureux que toute ma menthe ne se soit pas oxydée. Un petit thé vert à la menthe, un gunpowder qui date pourtant, rehaussé de la plante et du sucre candy brun.
Un emploi du temps nonchalant, un laisser-aller et pourtant.
L'été, je suis toujours l'ombre de la maman que je voudrais être. Ce temps de proximité total avec les autres est un temps de pression pour moi. Je suis désœuvrée. Pendant de très longues années, je ne voulais pas être maman, je ne pouvais même pas être disponible, attentive, présente aux enfants des autres. Pour être là, il me fallait encore prendre soin de moi, m'offrir un temps, une attention, un respect qui me manquait. Pour être présente, il fallait que je sente une présence pour moi, à moi.J'ai eu la chance, un peu provoquée, un peu subite, un peu ou beaucoup imposée à l'autre, d'être un mère au foyer. Je ne suis pas au foyer d'ailleurs, je suis à moi... bon oui, chez moi, chez nous. Pendant les vacances, ce temps à moi est réduit, je me dois d'être plus aux autres, à ce fiston pour qui je me remets en cause si souvent, à cet homme que je continue à vouloir être mon partenaire de vie. Je n'ai plus cet emploi du temps qui leur permet d'être à d'autres activités. Ils sont là. Loin de moi l'idée de ne pas être heureuse en leur présence mais je me dois de me contenir, de faire avec ce manque de présence à moi. Je n'ai pas un temps que je me consacre, pour, après, être bien dans la présence aux autres. Je me sens en représentations.
Les vacances c'est aussi un retour dans le passé. Une autre vision de ma maman, cette fois-ci presque vraiment mère et vraie grand-mère. Ce sont mes sautes d'humeur que je reconnais n'être que des filaments baveux d'un passé... mais cela après une montée dans les tours, après des pleurs, après des cris, après des souvenirs qui reviennent à flot.C'est une envie de laisser des traces écrites, un témoignage d'une enfance, d'une insolence... le tout privé, même pour mon frère qui n'a pas envie de savoir... grand bien lui fasse. Le besoin de noter là ce qui m'a déstabilisée, construite par destructions successives, les événements, les manquements, les trahisons... juste pour me dire que le fil du rasoir que je ressens toujours ces mois-ci, ces mois en présence, ces mois où je me sens opprimée, sont des signes, juste des reliquats. Que le chemin est long mais que je suis pas à pas en train de le faire.Juste pour me dire que j'ai bien grandit, que je comprends, qu'il y a une chance pour je ne détruise pas tout, pour que mes passages en force deviennent plus doux. Pour que je devienne sereine tous les jours de plus en plus longtemps, pour que ses émotions qui remontent avec une telle force que j'en tombe encore à la renverse, passent, comme passent les nuages.