Résumons. Les révélations de Snowden (dont on apprend qu’il aurait accepté la proposition d’asile Vénézuélienne, ce qui j’en profite au passage ne grandit pas franchement l’attitude de la France à son sujet…) nous ont appris, enfin à nous, commun des mortels, que les USA avaient un programme, Prism, dont la vocation est d’opérer un espionnage à l’échelle mondiale. Vous connaissez pour la plupart d’entre vous la suite, les gouvernements européens se sont empressés de jouer les vierges effarouchées en hurlant au scandale et en exigeant officiellement des explications de la part du gouvernement américain que l’on attend toujours… Sauf que. Première puce à l’oreille, le fait qu’ils ne remettent absolument pas en cause les négociations sur le libre échange entre les états unis et l’Europe. Deuxième puce à l’oreille, nous avons appris depuis que les pays européens ne sont pas en reste, puisqu’ils développent le même type de dispositifs. Voici une infographie qui nous montre comment la France intercepte l’ensemble de nos communications personnelles, qu’elles soient sous la forme de mails, de coups de téléphone, ou de fax :
source : Le Monde
Et donc, à partir du moment où l’on sait tout cela, je constate que non seulement cela ne crée aucune polémique particulière d’une ampleur perceptible, mais que de plus ces informations semblent tomber dans un océan sinon d’indifférence générale, du moins dans une marre de fatalisme assez exaspérant à mes yeux. Et puisque mes concitoyens semblent si bien s’incommoder de ce genre de violation manifeste de nos libertés fondamentales sans qu’ils ne se donnent la peine de réagir, je ne vois pas pourquoi j’irais me commettre dans une lutte perpétuelle pour la défense des droits humains les plus basiques, comme je l’ai toujours fait, sans que mes concitoyens ne se joignent plus activement à ma propre indignation. J’ai donné, et plus que de raison. J’ai en effet passé l’âge de me battre seul contre des moulins à vent. J’ai pu avoir dans le passé des velléités de me prendre pour la réincarnation de Don Quichotte himself, comme me l’ont assez reproché mes amis et mon entourage, mais tout cela est bien fini. J’ai donc envie de dire et d’écrire, non par dépit mais par simple pragmatisme, que je devrais me satisfaire plus aisément de voir mes congénères se laisser plumer jusqu’à leur plus substantifique moelle, et que moi, en pur égoïste que je ne suis pourtant pas, je vais aller cultiver mon jardin. Ou plutôt, comme je n’en ai pas (ou plus depuis peu), me contenter de rénover mon petit appartement pour en faire ma bulle à moi, mon petit cocon bien douillet. Dont je m’extrairai de temps à autre pour accomplir quelque voyage qui me faisait rêver depuis longtemps…. Et vous, allez vous faire f…. (censuré) voir chez les grecs. Plus mon problème.
Annexe :
Soutenons le Venezuela et les Latino-Américains qui reprennent le flambeau laissé à terre par les gouvernements européens
En révélant par le menu l’ampleur du dispositif planétaire d’espionnage des Etats-Unis, et les menaces qu’il fait courir aux libertés des citoyens, Edward Snowden a rendu un grand service à tous les défenseurs des droits de l’homme, quel que soit le continent où ils se trouvent. Compte tenu des énormes risques personnels qu’il a pris, son attitude mérite la reconnaissance et le respect.
C’est pourquoi on aurait attendu des gouvernements européens, principales cibles – et d’ailleurs désignées comme telles – de la National Security Agency (NSA), qu’ils répondent favorablement à la demande d’asile politique formulée par ce lanceur d’alerte désormais traqué par tous les services de renseignement des Etats-Unis. Malheureusement, en s’alignant de fait sur l’administration Obama, aucun d’entre eux n’a jugé bon de mettre ses actes en accord avec les principes qu’il proclame dans les forums internationaux, et qui figurent d’ailleurs dans les textes de l’Union européenne.
En répondant favorablement à la demande d’asile humanitaire que lui a officiellement soumise le dissident américain Edward Snowden – et comme Evo Morales, pour la Bolivie, et Daniel Ortega, pour le Nicaragua, avaient également par avance accepté de le faire –, le président vénézuélien Nicolas Maduro et, avec lui, l’Amérique latine ont repris le flambeau laissé à terre par les gouvernements européens.
Dans le combat qui s’annonce pour la liberté et la sécurité d’Edward Snowden, nous appelons les citoyens européens et, en particulier, les responsables politiques, associatifs et syndicaux, à signer cet appel pour affirmer leur solidarité avec les forces et les dirigeants progressistes latino-américains, et tout particulièrement avec le président Maduro.
POUR SIGNER CET APPEL
LISTE DES PREMIERS SIGNATAIRES
- Manuel Castells, professeur et directeur de l’Internet Interdisciplinary Institute à l’Open University de Catalogne, Barcelone (Espagne).
- Susan George, écrivain, présidente du Conseil d’administration du Transnational Institute (France)
- Ignacio Ramonet, président de Mémoire des luttes, directeur du Monde diplomatique en español (Espagne)
- Carmen Castillo, cinéaste, écrivain (France)
- Jean-Luc Mélenchon, député européen, co-président du Parti de gauche (France)
- Maite Mola, responsable internationale du Parti communiste d’Espagne (Espagne)
- Gianni Vattimo, philosophe, député européen (Italie)
- Micol Savia, avocate, représentante de l’Association internationale des juristes démocrates auprès des Nations Unies, Genève (Suisse)
- Bernard Cassen, président d’honneur d’Attac et secrétaire général de Mémoire des luttes (France)
- Teresa Carballeira, professeur de droit public, Université de Saint-Jacques de Compostelle (Espagne)
- Noël Dolla, artiste peintre (France)
- Margarita Ledo, professeure, Université de Saint-Jacques de Compostelle (Espagne)
- Francis Wurtz, député européen honoraire (France)
- Françoise Alamartine, secrétaire nationale adjointe en charge des relations internationales de Europe Ecologie Les Verts (France)
- Roberto Savio, fondateur de l’agence IPS (Italie)
- Gus Massiah, membre fondateur du Cedetim/Ipam (France)
- Denis Duclos, philosophe, directeur de recherches au CNRS (France)
- Santiago Alba, écrivain (Espagne)
- Armand et Michèle Mattelart, professeurs, essayistes (France)
- Pierre Conesa, maître de conférences à Sciences Po Paris (France)
- Pouria Amirshahi, député (France).
- Juan Torres, économiste, Université de Séville ( Espagne)
- Francisco Jarauta, philosophe, Université de Murcie ( Espagne)
- Salim Lamrani, maître de conférences à l’Université de la Réunion (France)
- Lina Galvez, Université Pablo de Olavide, Séville (Espagne)
- Pascual Serrano, journaliste, essayiste (Espagne)
- Ricardo Garcia Zaldivar, économiste, Université Carlos III Madrid (Espagne)
- Christophe Ventura, rédacteur en chef de Mémoire des luttes (France)