L'argent perverti tout, ne respecte aucune valeur. C'est une vérité que l'on peut constater tous les jours. Elle est encore plus vraie dans le monde du sport, et particulièrement dans le football et le rugby qui nous donne des exemples en ce moment. Je ne parle pas seulement des salaires mirobolants des joueurs ni des sommes faramineuses dépensées pour les transferts de joueurs. Non, je parle de l'impact qu'a l'excès d'argent sur le jeu lui-même et sur la compétition.
Dans le football, c'est l'arrivée du Qatar comme actionnaire principal du PSG qui a complètement changé la donne. En investissant des millions dans l'achat de joueurs, en constituant en équipe de mercenaires certes, mais bien plus doués que la moyenne des joueurs évoluant dans le championnat français, les nouveaux patrons du club achètent aussi la garantie d'être quasi systématiquement dans les premiers si ce n'est le premier. Ainsi la glorieuse incertitude du sport disparaît. Seuls quelques clubs pourront suivre, laissant les autres se disputer es places d'honneur. Comme en Allemagne, en Espagne ou en Angleterre, désormais plus aucune équipe surprise ne pourra être champion. Montpellier champion en 2012 sera le dernier petit poucet réalisant un exploit.
C'est tout le sport qui perd de son charme et de son essence. Sans compter que cela aura aussi des conséquences au niveau de la formation des joueurs. Ce qui jusqu'ici faisait la force du football français, ce qui nous a valu d'être sur le toit du monde en 1998 et d'avoir des clubs qui dans les années 90 ont rivalisé avec les meilleurs, c'est la politique de formation à la française. Former un joueur, est long, et coûte cher. Cette politique là, basée d'abord sur le respect des joueurs est en train de disparaître. Ce n'est pas pour rien si Auxerre, le meilleur club formateur est aujourd'hui en pleine galère en ligue 2. Lens, Nantes n'y arrivent plus non plus.
Le plus désolant, c'est que maintenant cette situation atteint aujourd'hui le rugby. Un sport qui a longtemps été exemplaire, qui ne s'est mis que très tard au professionnalisme, et qui jusqu'à présent pratiquait la modération salariale. Il y a un esprit rugby, et des valeurs faites de respect, de plaisir propres à ce sport. Mais l'argent arrive, ici comme ailleurs et est en train de modifier en profondeur l'âme de ce sport.
La victoire du RCToulon en coupe d'Europe est emblématique de cette dérive. Certes, Clermont, l'équipe vaincue est plus riche que Toulon, Mais le président du RCT a beaucoup investi dans ce club. Il a fait venir des joueurs du monde entier, des mercenaires certes mais des champions particulièrement doués. Cette équipe s'est rapidement réinstallé au niveau des meilleurs, mais sans gagner pour l'instant. Pour cela, il lui fallait faire vite, parce qu'il faut bien que l'argent investi rapporte un jour. C'est donc un jeu efficace, mais sans saveur qui a été mis en place. Une grosse défense qui fait déjouer l'adversaire, un buteur qui n'échoue jamais, et le tour est joué, Toulon devient une machine à gagner. Mais le rugby y perd de son âme, ne devient plus qu'un sport de combat.
Toulouse et Clermont, les deux autres grosses cylindrées ont fait le choix d'un jeu basé sur le mouvement et le plaisir. Ce jeu est beau à voir. Mais voilà, si Toulouse à gagner le championnat les deux dernières années, c'est en pratiquant un autre style de jeu, quant à Clermont, l'équipe est réputé pour ces échecs dans les matchs couperet. Il est à noter que ces deux clubs, s'ils recrutent aussi à l'étranger, sont surtout des clubs formateurs qui ont donné à la France beaucoup de ses meilleurs joueurs. Désormais, l'un comme l'autre commencent à changer de stratégie.
Il est à noter que le jeu pratiqué par le RCT est proche du jeu à l'anglaise, réputé plus efficace, mais moins beau à voir. C'est Bernard Laporte qui a imprimé sa patte à Toulon, celui-là même qui a modifié en profondeur le jeu de l'équipe de France au point qu'aujourd'hui il est méconnaissable. L'avenir du rugby, c'est un jeu où toutes les équipes auront la même stratégie basée sur le combat. Fini le beau jeu, finie la spécificité liée à chaque club, à chaque région. Si Castres est cet année en finale avec un petit budget, c'est aussi parce qu'elle a intégré comme tactique cet art du rugby de combat.
Aujourd'hui, dans ce sport comme dans bien d'autres, seule la victoire devient belle. peu importe la manière. Et c'est toute la philosophie du rugby qui s'en trouve transformée.