C'est un acte assez sidérant que vient de commettre le gouvernement grec. En l'espace de quelques heures ils ont décidé et réalisé la fermeture de toutes les chaînes de télé et de radio publiques. 2600 personnes sur le carreau, sacrifiées sur l'autel de la lutte contre les déficits. La gestion etait paraît-il particulièrement calamiteuse. C'est possible, mais toujours est-il qu'en agissant ainsi, le pouvoir grec met à mal l'un des fondements caractèristiques des démocraties modernes, à savoir l'existence de médias publics indépendants du pouvoir. Le gouvernement serait en mesure de réfléchir à une nouvelle organisation des médias de service public. Reste à savoir quels seront leurs moyens maintenant que meur indépendance est clairement remise en cause.
Mais le problème est bien plus grave, car en Grèce comme partout ailleurs en Europe, la quasi totalité de l'espace médiatique est occupé par des entreprises privées qui n'ont que la rentabilité pour mot d'ordre. Or, la télévision publique grecque était le dernier espace où étaient organisés des débats, où l'on parlait de culture, de littérature, où ce qui se passe dans le monde avait sa place. Bref, ce qui a brusquement disparu des écrans grecs hier soir à 22 heures, c'est une partie de la fabrique de l'esprit critique. C'est à la démocratie grecque que l'on s'en est preis hier soir.
Le plus surprenant encore, c'est le silence assourdissant des dirigeants de l'Union européenne, et particulièrement celui des dirigeants français, pays qui se dit fier de promouvoir l'exception culturelle. Tout se passe comme si la Grèce était en train de mourir et que ceux-là en sont particulièrement conscients et ne bougent pas.
Ce qui se passe en Grèce est un crime politique de masse.