Préfète Duffaut (ci-contre) m’attend sur une autre page. Ce peintre haïtien, décédé fin 2012, avait déjà retenu mon attention. Mais c’est ici une complète découverte, puisque je ne m’étais jamais aventuré au-delà des images qu’il produisait. Des villes ordonnées, colorées, heureuses, des villes comme il voulait qu’Haïti devienne. Des villes sous la protection d’Erzulie, cette Vierge Noire qui l’incita à peindre Jacmel, sa ville natale.
Et voici Jean-Claude Charles, « un homme toujours de passage » (dit de lui Dany Laferrière), un homme dans le monde, ici cherchant une femme à épouser, là seulement à manger en terrasse, ou le dos tourné à la rue. Jean-Claude Charles qui n’écrivait jamais sur un sujet, mais écrivait le sujet.
Ce ne sont pas des hommages, « compassés et frileux ». Ce sont de véritables rencontres, de celles qu’on ne fait qu’avec les morts. Parce que, dans cette revue, les morts vivent bien. Qu’il s’agisse de Boris Vian, avec sa trompette, en Haïti, ou de ceux qu’invitent Arthur H et Nicolas Repac dans « L’Or noir », récital de poèmes, un « lien entre les rives »…
Tout ce que je n’ai pas écrit à propos de cette revue, toutes les photos d’écrivains, d’artistes, d’Haïti, d’ailleurs, de partout, voyageurs, se posant à la Villa Médicis avec Soulages, « parl[ant] vrai / invit[ant] le silence à perdre du poids », comme l’écrit Georges Castera.
Deux autres articles à propos de la revue Intranqu'îllités ici et là.