Pour les plus jeunes
lecteurs, Hawkeye est ce Vengeur doté d'un arc et d'une habileté hors du
commun, reconnu sous les traits de Jeremy Renner au cinéma, avec plus ou moins
de conviction. Pour les plus anciens, ce personnage est aussi "Oeil de
Faucon", comme Clint Barton était traduit de par chez nous, à la bonne
époque. Un justicier un peu hâbleur, grande gueule, mais fort attachant. Le
voici de retour en librairie, chez Panini, dans la collection 100% Marvel, qui
abrite de la sorte la dernière maxi série en date (ou devrais-je dire on
going?) consacrée au héros à flèches. Les cinq premiers numéros sont ici
rassemblés, et nous permettent de suivre tout d'abord trois récits indépendants,
dans lesquels Clint à maille à partir avec la mafia russe qui contrôle
l'immeuble ouù il réside (et plus particulièrement le prix des loyers), fait
équipe avec la jeune Kate Bishop (elle aussi a pris l'identité de l'archer
durant son séjour chez les Young Avengers) contre une bande de criminels du
cirque, qui vole d'autres mauvaises graines, et enfin séduit une belle rousse
qui a toute une cohorte de malfrats aux trousses, mais aussi une belle voiture
vintage que Barton est décidé à acheter. Enfin les dernières pages sont dédiés
à une aventure en deux parties, The Tape, où il est question d'aller jusqu'à
Madripoor (une île fictive sur le modèle de Hong-Kong, paradis de la pègre
mondiale, bien connue des amateurs de Wolverine) pour récupérer une vieille
cassette vhs, où Hawkeye assassine un criminel et risque de compromettre son
propre gouvernement. Une vente aux enchères de l'objet est organisée, qui va
vite virer au délire et à l'aventure la plus rocambolesque. Rien à dire, on ne
s'ennuie guère dans ce premier tome, surtout dans sa seconde partie, avec sa
belle grande tranche d'humour frais.
Allez vous
renseignez, regardez un peu les différentes critiques reçues par cette série
aux Etats-Unis. Vous verrez. C'est un concert de louanges, et bien peu osent
dire qu'ils n'y ont pas trouvé d'intérêt. Car oui, Hawkeye est une série fort
agréable et intelligente. Le personnage n'est pas ici dans sa version gros bras
des Avengers (pour cela lisez les revues Panini consacrées à cette équipe
merveilleuse) mais dans une incarnation plus intimiste, alimentée par le
rapport amical (et de douce séduction innocente) avec Kate Bishop, qui gagne en
stature au fil des pages. Matt Fraction s'amuse et nous amuse, ce qui n'arrive
pas si souvent. On le sent à l'aise avec ce polar caustique et urbain, qui
déborde vers le super-héroïsme pur et dur sur la fin (Kingpin, le Shield, la
Main, sont présents). David Aja, enfant de la pub espagnol, réussi le tout de
force de garder un style très décomplexé et minimal par moments, tout en
organisant une construction des planches minutieuses et truffée de petites
cases, qui regorge de trouvailles sympathiques (dans les angles de vue, la
dynamique de l'action, ou l'humour pur et simple, comme quand un petit masque
du héros sert de cache sexe lors d'une cascade dans le plus simple appareil, au
saut du lit). Javier Pulido est moins original et audacieux, moins minutieux,
mais son style colle tout de même pas mal à celui des trois premiers épisodes.
Il se dégage une bonne ambiance de série B attachante de ce premier volume de
Hawkeye, qui pourrait bien être une des vraies bonnes surprises de l'été, dans
vos comic-shops. 12 euros seulement, de quoi se laisser convaincre d'y jeter un
oeil.