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L'élection américaine devrait être une leçon pour la droite française.

Publié le 07 novembre 2012 par Leunamme

Barack Obama vient d'être réélu à la présidence des Etats-Unis, pourtant, j'ai tendance à penser que bien plus qu'une victoire de Barack Obama, c'est d'abord une défaite de Mitt Romney et de la droite conservatrice.

En toute logique, Barack Obama aurait dû perdre cette élection. En premier lieu parce que dans la situation de crise économique aiguë que connaît le monde, aucun chef d'état sortant n'a été réélu, à l'exception de Mme Merkel, mais elle n'avait pas de candidat crédible face à elle en 2009, ce qui ne sera pas le cas en 2013. Ensuite, parce que pour une majorité des Américains, son bilan en tant que président n'est pas bon, c'est d'ailleurs pour cela qu'il avait été sanctionné lors des élections intermédiaires de 2010, infligeant au passage au parti démocrate la plus grande défaite pour un parti au pouvoir jamais vue depuis la guerre. Enfin, même si cela compte peu dans le vote des Américains, son bilan en matière de politique étrangère est quasi nulle : s'il a bien retiré les troupes d'Irak, c'est un pays en ruine qu'il laisse (j'admets, ce n'est pas de sa responsabilité), il n'a pas femé Guantanamo, le conflit israëlo-palestinien est au point mort, et il n'a pesé sur pratiquement aucun dossiers internationaux.

Et pourtant, il a gagné ! Certes, le charisme du personnage opère toujours, mais cela ne suffit pas. Il faut à mon avis, aller chercher les raisons ailleurs, et notamment du côté de son adversaire. Mitt Romney est mormon, ce qui n'est pas forcément bien vu dans un pays où le protestantisme est si fort. Il est également milliardaire et doit sa fortune à des fonds d'investissements, ce qui dans cette crise là est loin d'être un atout. Tout cela a pesé, n'en doutant pas, mais la défaite de Mitt Romney est ailleurs.

Cet homme qui a su imposer une réforme de la santé dans l'état où il était gouverneur, a souvent eu des positions plus ouvertes que la majorité des membres de son parti sur des sujets cruciaux comme l'avortement, la peine de mort ou les droits accordés aux homosexuels. Pour des raisons électoralistes et sous la pression de l'aile la plus conservatrice du parti républicain, il va durcir son discours et prendre un colistier proche des positions de ceux que l'on appelle les Tea Party. Cette branche du parti républicain ne dépareillerait dans aucune formation d'extrême-droite européenne. Plus que tout le reste, ce sont ces prises de positions là et les propos de certains de ses soutiens qui vont lui faire perdre l'élection. Les femmes notamment, ont voté massivement Obama, mais les jeunes aussi ainsi que toutes les minorités, catégories de populations réputées plus fragiles et souvent visées par des discours rétrogrades.

A l'heure où la droite française durcit de plus en plus son discours pour essayer de récupérer l'électorat FN, cet épisode américain est plein d'enseignement. En France comme de l'autre côté de l'Atlantique, la société est majoritairement plus ouverte et tolérante que sa classe politique, même si dans les deux cas elle est traversée par des minorités ultra conservatrices qui savent se faire entendre. Romney tout comme Sarkozy, ont d'abord perdu parce qu'ils faisaient peur.


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