Un biocarburant fabriqué à partir de la pollution industrielle ? L’idée n’est pas nouvelle, mais le procédé complexe, essentiellement à cause du monoxyde d’azote. Ce gaz inhibe le développement des microalgues consommatrices de dioxyde de carbone, et donc bonnes candidates pour le processus. La microalgue Heterosigma akashiwo semble pourtant se distinguer du lot.
Le 02/07/2013 à 09:31 - Par Delphine Bossy, Futura-Sciences
Produire un biocarburant à partir de la pollution industrielle serait possible. La microalgueHeterosigma akashiwo est prometteuse, tant pour la réduction de la pollution des centrales que pour l’élaboration de biocarburant. Le dioxyde de carbone et les oxydes d’azote stimulent sa croissance, l’algue grandit et grossit deux fois plus vite en leur présence. Elle produit par ailleurs un fort taux d’hydrates de carbone, que l’on sait convertir en biocarburant pour alimenter les voitures.
L’activité industrielle injecte en masse dans l’atmosphère du dioxyde de carbone, puissant gaz à effet de serre et du monoxyde d’azote. Ce gaz toxique traverse aisément les membranes cellulaires, se diffuse à travers le cytoplasme et réagit à l'intérieur de la cellule entraînant la fabrication d’une série de produits cytotoxiques. En général, les fortes concentrations de monoxyde de carbone inhibent le développement des microalgues, les rendant inefficaces à la production de biocarburant à partir des émissions gazeuses industrielles. Or, Heterosigma akashiwo se distingue des autres algues en ce qu'elle est capable de neutraliser le monoxyde d’azote, qui semble même stimuler sa floraison !
Phytoplancton marin connu comme l’algue japonaise des marées rouges, Heterosigma akashiwo serait donc capable de produire du biocarburant à partir des gaz issus des combustionsindustrielles. Une équipe de l’université du Delaware, menée par la chercheuse en biosciences marines Kathryn Coyne, montre que cette algue produit beaucoup plus d’hydrates de carbone lorsqu’elle est stimulée au dioxyde de carbone et au monoxyde d'azote. L’équipe cherche des partenariats industriels pour tester leur découverte à grande échelle. Affaire à suivre donc.