DEVILLERS SOPHIE
PLANÈTE Les premières images prises par le satellite belge Proba V ont été dévoilées. Il poursuivra la surveillance de la végétation terrestre entamée il y a 15 ans. Les services apportés sont multiples.
Huit cents kilomètres au-dessus de nos têtes, le satellite Proba-V occupe à peine l’espace d’une machine à laver. Mais pour accueillir les images qu’il enverra (et stocker celles déjà envoyées par ses prédécesseurs), il faut trois pièces remplies d’ordinateurs, dans le centre de recherche flamand VITO, à Mol. Des images de la terre vue du ciel sont stockées ici depuis 15 ans. Lancé en mai, le satellite de fabrication belge Proba Végétation, remplacera fin de l’année Spot Végétation, dont les images étaient déjà traitées au Vito. Les deux satellites ont la mission de mesurer la végétation (forêts, champs…) sur Terre.
Dans la salle de contrôle du VITO, l’opérateur surveille l’arrivée des images : l’écran de l’ordinateur dévoile petit à petit le "segment" : pas une carte du monde complète, mais une bande dont le haut est plus large que le bas, en noir et blanc. Sur cette bande, déformée par la courbure de la Terre, on peut deviner les taches claires des nuages, le sol, et les zones sombres de la végétation. Lorsque ce segment arrive, il a déjà été traité au sein du Vito, par un logiciel spécialisé. Car ce que le satellite "enregistre" à mesure qu’il tourne autour de la Terre, ce ne sont pas des "images" de forêts ou de parcelles agricoles. Il est pourvu non de caméras, mais de capteurs, qui divisent l’espace en "pixel", carré d’un kilomètre de côté (100 à 300 m pour Proba). "Et les capteurs mesurent la quantité de chlorophylle présente dans chacun de ces pixels. Il y a une valeur, chaque jour, pour chaque pixel" explique Dirk Van Speybroeck (VITO). Les logiciels reconstituent ensuite des cartes à partir de ces données et réalisent divers traitements d’images.
Pleinement opérationnel en octobre prochain, Proba-V, financé par la Politique scientifique belge (Belspo) et l’Agence spatiale européenne, a déjà dévoilé ses premières images. Elles ont une résolution dix fois plus élevée que Spot. Un avantage pour les 10000 usagers dans le monde, auxquels le VITO fournit les images clé sur porte. Le satellite est ainsi capable d’enregistrer l’apparition et la croissance de la végétation au fil des mois, puis sa disparition (par exemple des semis à la récolte), sur tous les "pixels", dans le monde. "Le but du satellite est de mieux comprendre les changements observés dans la végétation." Pour étudier les changements climatiques, mais aussi voir les effets des changements végétaux sur la population (sécurité alimentaire…) et ceux exercés par ces populations comme la déforestation.
Des preuves pour les assureurs Parmi les services rendus, Végétation peut servir de référence pour les indemnisations destinées aux agriculteurs. "Un agriculteur estimant être victime d’une sécheresse peut réclamer un dédommagement. Les assureurs pourront se baser sur les données fournies par les satellites durant 15 ans. Et vérifier si les sécheresses de ce type sont fréquentes à cet endroit, ou bien assez rares pour justifier une intervention", dit-on au VITO. Le centre de recherches développe un projet dans ce but avec les assureurs belges. Un projet similaire a aussi été réalisé avec le Fonds des calamités, afin de vérifier par des images satellites le bien-fondé des demandes d’indemnisations. Le système devrait être adopté par la Flandre après la régionalisation du Fonds. Combattre la famine et les criquets Les satellites Végétation permettent d’observer les phénomènes de désertification. La FAO utilise notamment ces images pour prédire les menaces d’invasion par les criquets pèlerins dans les déserts en Afrique. Une pluie, en quelques semaines, peut y faire apparaître des îlots de végétation. Qui vont attirer et favoriser ces criquets destructeurs. L’apparition de ces zones vertes est repérée grâce aux satellites, ce qui serait impossible à faire en voiture. "Les gens sur place peuvent alors aller intervenir directement sur ces zones pour détruire les criquets", indique Joost Vandenabeele (Belspo). Le satellite est aussi capable de fournir à l’Europe le rendement des cultures dans les pays en développement et d’identifier les zones à problèmes. Ces infos sont fournies aux pays concernés pour aider à lutter contre les famines éventuelles. Production agricole belge La récolte annuelle de blé en Campine ou ailleurs sera-t-elle exceptionnelle ? Le satellite Végétation peut aider à le déterminer. Pour la Belgique, le modèle de prédiction et de mesure du rendement agricole est le résultat d’une collaboration entre le VITO, l’IRM ou encore l’ULg. Il mêle des données météorologiques (température, précipitations, jours de gel…), des modèles agrobiologiques (type de culture, sol…) et les données satellitaires, qui mesurent la croissance de la végétation. Les modèles sont surtout utilisés par les administrations régionales et les syndicats agricoles pour obtenir une vision globale de la situation des agriculteurs et identifier les problèmes éventuels d’une sous-région. Guetter les feux de forêts Proba-V et Spot Végétation surveillent aussi les forêts. Le centre VITO a ainsi participé à plusieurs projets en matière de surveillance des feux de forêts, notamment en Afrique du Sud. Le satellite mesure la végétation dans chaque "pixel", chaque jour. "Si du jour au lendemain, il n’y a plus de végétation, c’est qu’il y a un problème. Parfois, les espaces sont tellement grands, qu’on ne peut pas repérer les incendies à partir du sol". En cas d’incendie, ces mesures permettent aussi d’évaluer la quantité de CO2 rejetée dans l’atmosphère, données qui peuvent être intégrées dans les modèles de changements climatiques. Les données Végétation sont d’ailleurs très souvent utilisées par les climatologues, afin de raffiner leurs modèles de prévisions des changements climatiques. Notons que les données sont gratuites, sauf celles fournies quasi en temps réel, car l’exploitation qui en est faite est souvent commerciale. Fixer les quotas de la PAC Le but des satellites Végétation est de permettre à l’Europe d’être autonome en matière de données satellitaires sur l’environnement. Aux institutions européennes, le VITO fournit un indice de végétation qui aide à donner une estimation du rendement pour 11 cultures, sur toute l’Europe. Le satellite est capable de repérer chutes de végétation ou surproduction. L’Europe peut comparer ces données avec la production des 15 années précédécentes. "Elle peut alors localiser les endroits à problèmes", explique Antoine Royer, ingénieur agronome au VITO. Ces infos sont intégrées dans un système, capable de préciser les rendements à venir. "L’Europe réalisera alors la balance entre les produits consommés et ceux produits. Elle précisera ensuite les nécessités d’importations et d’exportations, et au final ajustera les quotas agricoles. Ce système est donc au cœur de la PAC. Et Proba -V en est une part significative." Des infos pour les traders Le gouvernement des Etats-Unis achète les images fournies par le satellite dès qu’elles sont produites. Les USA sont intéressés par les quantités de productions agricoles (surtout blé et maïs), et ce partout dans le monde. Ces données sont en fait utilisées par les traders qui les attendent chaque semaine afin de fixer leurs prix. Par exemple, si une moindre quantité de blé est produite dans le centre de la Russie, les traders peuvent hausser les prix. Si la production en Europe ou en Amérique du Nord est plus importante, le prix baissera.
Les services apportés sont multiples
Des preuves pour les assureurs Parmi les services rendus, Végétation peut servir de référence pour les indemnisations destinées aux agriculteurs. "Un agriculteur estimant être victime d’une sécheresse peut réclamer un dédommagement. Les assureurs pourront se baser sur les données fournies par les satellites durant 15 ans. Et vérifier si les sécheresses de ce type sont fréquentes à cet endroit, ou bien assez rares pour justifier une intervention", dit-on au VITO. Le centre de recherches développe un projet dans ce but avec les assureurs belges. Un projet similaire a aussi été réalisé avec le Fonds des calamités, afin de vérifier par des images satellites le bien-fondé des demandes d’indemnisations. Le système devrait être adopté par la Flandre après la régionalisation du Fonds. Combattre la famine et les criquets Les satellites Végétation permettent d’observer les phénomènes de désertification. La FAO utilise notamment ces images pour prédire les menaces d’invasion par les criquets pèlerins dans les déserts en Afrique. Une pluie, en quelques semaines, peut y faire apparaître des îlots de végétation. Qui vont attirer et favoriser ces criquets destructeurs. L’apparition de ces zones vertes est repérée grâce aux satellites, ce qui serait impossible à faire en voiture. "Les gens sur place peuvent alors aller intervenir directement sur ces zones pour détruire les criquets", indique Joost Vandenabeele (Belspo). Le satellite est aussi capable de fournir à l’Europe le rendement des cultures dans les pays en développement et d’identifier les zones à problèmes. Ces infos sont fournies aux pays concernés pour aider à lutter contre les famines éventuelles. Production agricole belge La récolte annuelle de blé en Campine ou ailleurs sera-t-elle exceptionnelle ? Le satellite Végétation peut aider à le déterminer. Pour la Belgique, le modèle de prédiction et de mesure du rendement agricole est le résultat d’une collaboration entre le VITO, l’IRM ou encore l’ULg. Il mêle des données météorologiques (température, précipitations, jours de gel…), des modèles agrobiologiques (type de culture, sol…) et les données satellitaires, qui mesurent la croissance de la végétation. Les modèles sont surtout utilisés par les administrations régionales et les syndicats agricoles pour obtenir une vision globale de la situation des agriculteurs et identifier les problèmes éventuels d’une sous-région. Guetter les feux de forêts Proba-V et Spot Végétation surveillent aussi les forêts. Le centre VITO a ainsi participé à plusieurs projets en matière de surveillance des feux de forêts, notamment en Afrique du Sud. Le satellite mesure la végétation dans chaque "pixel", chaque jour. "Si du jour au lendemain, il n’y a plus de végétation, c’est qu’il y a un problème. Parfois, les espaces sont tellement grands, qu’on ne peut pas repérer les incendies à partir du sol". En cas d’incendie, ces mesures permettent aussi d’évaluer la quantité de CO2 rejetée dans l’atmosphère, données qui peuvent être intégrées dans les modèles de changements climatiques. Les données Végétation sont d’ailleurs très souvent utilisées par les climatologues, afin de raffiner leurs modèles de prévisions des changements climatiques. Notons que les données sont gratuites, sauf celles fournies quasi en temps réel, car l’exploitation qui en est faite est souvent commerciale. Fixer les quotas de la PAC Le but des satellites Végétation est de permettre à l’Europe d’être autonome en matière de données satellitaires sur l’environnement. Aux institutions européennes, le VITO fournit un indice de végétation qui aide à donner une estimation du rendement pour 11 cultures, sur toute l’Europe. Le satellite est capable de repérer chutes de végétation ou surproduction. L’Europe peut comparer ces données avec la production des 15 années précédécentes. "Elle peut alors localiser les endroits à problèmes", explique Antoine Royer, ingénieur agronome au VITO. Ces infos sont intégrées dans un système, capable de préciser les rendements à venir. "L’Europe réalisera alors la balance entre les produits consommés et ceux produits. Elle précisera ensuite les nécessités d’importations et d’exportations, et au final ajustera les quotas agricoles. Ce système est donc au cœur de la PAC. Et Proba -V en est une part significative." Des infos pour les traders Le gouvernement des Etats-Unis achète les images fournies par le satellite dès qu’elles sont produites. Les USA sont intéressés par les quantités de productions agricoles (surtout blé et maïs), et ce partout dans le monde. Ces données sont en fait utilisées par les traders qui les attendent chaque semaine afin de fixer leurs prix. Par exemple, si une moindre quantité de blé est produite dans le centre de la Russie, les traders peuvent hausser les prix. Si la production en Europe ou en Amérique du Nord est plus importante, le prix baissera.