Malgré la couverture plus ou moins ratée des éditions de la grenouille bleue, j'ai pris le livre dans mes mains, Nirvana Blues, j'aimais le titre aussi, un oxymore est toujours agréable, et en ai lu la jacquette ne serais-ce que pour voir si l'auteur était cet ami à moi, de la même ville, portant le même nom.
Non. Celui-là a une drôle de bouille ronde avec l'arcade sourcillière qui tire vers le regard bridé et l'aspect bouledogue sympathique. Un peu la tête à Jack Nance.
En lisant comment il se présentait je lisais ceci: Parmi ses influences, on compte des films: Taxi Driver de Scorsese, Lost Highway de David Lynch...
(...)
Comme on poursuivait sur la jaquette arrière avec des influences qui sont aussi un peu les miennes (Bergman, Faulkner, Baudelaire...) je suis donc parti avec le livre. Troublé toujours.
Son livre raconte l'histoire, la sienne je crois, d'un homme suspendu hors de sa vie, privé du monde le jour où son amour le quitte. Il a raison le Fred, l'homme est un oeil. Et le sien est perçant. Voilà un Travis Bickle du 418 doté d'une spectrale écriture.
Utterly Strange disent les infortunés de la langue...
Mais Frédéric Gagnon n'est pas un nom extrêmement rare au Québec alors ces drôles de hasard ont vite échappé à mon imagination. Ce qui m'a bouleversé (encore) c'est le retour de ce cardinal.
La dernière fois, c'était à propos de la piscine dont la toile n'arriverait qu'à l'aube de la Saint-Jean Baptiste. Une toile qui devait arriver à la troisième semaine de mai.
On s'amuse de l'idée du cardinal parce que quiconque connaissait mon père ne l'aurait jamais comparé à un cardinal. À un tigre ou un puma, un animal fonceur peut-être. Un gracieux volatile qui sifflote en huit comme une rivière coule au printemps? PFF! non. Mon père chantait du nez et comme une casserole.
Et on décompresse.
J'ai lu le livre de Gagnon en 24 heures. Ça se lit tout seul comme on se laisse guider par un chauffeur de taxi dans la nuit.
Mais mon esprit n'était plus troublé par les mouvements erratiques de l'angoisse non plus.
Le cardinal resurgirait un autre tantôt.