REC - Pompiers, zombie et vidéo

Par Bebealien

A y est ! J’arrive enfin à reprendre un rythme un peu plus normal pour chroniquer les dernières sorties ciné. Je profite d’ailleurs de cette intro pour pousser un coup de gueule. N’ayant pas fait gaffe, je me suis retrouvé à une séance en VF de [REC]. Et malheureusement sur un film sensé faire peur, lorsqu’on est en présence de spectateurs commentant ce qui se passe à voix haute, répondant à leur téléphone, etc… l’ambiance est un peu moins prenante. Donc marre de ces petits cons égoïstes et vive les séances en VO, beaucoup plus sympathiques en terme de public.

[REC] – Mourrez, vous êtes filmés !

Angéla est une animatrice télé présentant une émission suivant le quotidien de métiers travaillant la nuit. Aujourd’hui elle est dans une caserne de pompier, pour présenter leur activité. Elle suit donc naturellement deux d’entre eux, intervenant dans un immeuble de Barcelone auprès d’une vieille femme s’étant à priori fait très mal en tombant… Sauf que sur place, la vieille dame fait preuve d’une agressivité surprenante et attaque les secouristes en les mordant sauvagement. Essayant de sortir de l’immeuble pour aller chercher des renforts, les occupants apprennent qu’ils sont en zone de quarantaine et condamnés à rester à l’intérieur… La nuit ne fait que commencer !

L’affiche du film est tirée d’une scène tournée en infrarouges. Difficile de trouver des photos qui ne déflorent pas l’histoire !

[REC] est une coréalisation de Jaume Balaguero (La secte sans nom, Darkness, Fragile) et Paco Plaza (Les enfants d’Abraham et L’enfer des loups), deux solides noms du fantastique ibérique. Leur objectif dans [REC] est simple. Faire un film de trouille avec un minimum d’effets, un seul décor, et en caméra portée. Ils accouchent donc d’un concept qui rappelle Le Projet Blair Witch et le revival de films de zombis que l’on connaît ses dernières années.

Angela vient de voir une personne se faire agresser sauvagement, elle ne sait plus que penser

Contrairement à la tendance actuelle à verser dans la surenchère, ils décident de faire le film le plus efficace possible en jouant sur des peurs viscérales et une mise en scène simple et percutante. Les yeux du spectateur sont matérialisés par l’objectif de la caméra que manie l’assistant d’Angela la reporter. Procédé déjà souvent utilisé, mais qui ici voit son efficacité particulièrement augmentée.

La grande force du film réside en effet dans ses dix premières minutes et la mise en place d’une ambiance qui évoque le quotidien le plus banal, les reportages que diffusent TF1,M6 ou NT1 sur les pompiers, et les petites crises entre propriétaires d’un même immeuble. Du coup, en partant de la banalité, la bascule dans le tragique et le surnaturel permet d’accroître la tension chez le spectateur. Ici pas d’effet facile, de musique qui fait « Tadaaaa » pour nous faire sursauter. La prise de son est en live, le micro de la caméra prenant parfois quelques coups et perdant de son acuité.

Balaguero et Plaza jouent sur les peurs les plus viscérales. La peur du noir, où l’utilisation de la vision infrarouge de la caméra permet une belle scène de frousse, la peur de l’irruption de l’irrationnel dans le quotidien, la peur de l’étranger, la peur de ce qui est hors champs, qu’on entend mais qu’on ne voit pas… et le résultat est super efficace. Je suis un habitué des films d’horreur, et [REC] m’a fait sursauté avec grand plaisir. Forcément, le spectateur se situe dans l’attente d’une attaque à n’importe quel moment, sait que c’est une mauvaise idée d’avancer dans le noir… [REC] en soit ne fait pas vraiment peur, par contre il met en place une ambiance particulièrement oppressante, et du coup super appréciable pour les amateurs dont je fais partie.

Angela commence à peter un cable… Rahh trop dur, peu de photos ne déflorant pas l’intrigue sont dispos

Prouvant une nouvelle fois l’excellente santé du ciné fantastique ibérique, [REC] est d’ors et déjà en train d’être remaké pour le public américain. Aberration, car je ne suis vraiment pas sur que le successeurs de nos deux petits espagnols derrière la caméra sera à même de produire une telle efficacité. Le succès de ce type de production est du au court temps de tournage, à l’équipe réduite, à la volonté d’urgence qui donne un ton très particulier et renforce l’ambiance générale.

Enfin, [REC] s’appuie sur un bon casting emporté par Manuela Velasco dans le rôle de le reporter intrépide. Très bon casting de tronches qui décrit à merveille la vie d’un immeuble, les petites guerres d’influence, les incompréhensions ethniques et le racisme latent. [REC] est une petite bombe à ne pas manquer !