Jacques chirac Sarkozy est passé à la TV hier soir, Je l'ai suivi d'un oeil distrait au vu du faible intérêt de l'exercice, mais j'ai eu le temps de noter quelques perles. Et grâce à mes collègues blogeurs nous avons initié un live blogging 2.0 via Twitter. J'aurai pu écrire ce billet hier soir, mais j'ai préféré revoir des épisodes de Southpark: c'est bien plus drôle.
Tout d'abord, c'est simple : Nous n'avons pas entendu parler d'une quelconque nouvelle réforme, d'un projet de société décrivant la France d'après. Harry Potter est fatigué, ça se voyait. A certains moments il buttait sur les mots, semblait hésitant. Pourtant l'interviewer était le fade PPDA qu'on a pu surprendre à plusieurs reprises en train de passer les "mots" à un sarkozy qui partait en sucette.
Il s'est contenté de rappeler les conneries passées, de sortir quelques chiffres bidonnés ( déjà dénoncés ici, comme les 500 000 emplois vacants) et rappeler ses précédents effets d'annonce. On a même cru à un moment qu'Olivier Besancenot avait glissé une fiche avec des trucs de la LCR : Partage des profits, dénonciation de la spéculation. Mais dans ce registre, on était finalement plus proche de Jacques Chirac que du facteur. Surtout quand il s'est mis à taper comme un sourd maladroit sur les agences de notation et sur le patron de la société générale . Là aussi on demande des actes et des détails.
Pour incarner la rupture, mal en point, il a ressorti sa dénonciation des vilains chômeurs qui vivent grassement pendant que d'autres travaillent et dans le même temps parlé de sanctionner financièrement les entreprises qui refusent de discuter des salaires. D'après vous, de quel coté le bâton sera-t-il le plus vigoureux ? Globalement, la sémantique et les poncifs habituels sont ressortis. C'est la continuité dans la rupture qui ne vient pas. Et au final que vois-t-on encore ? des annonces d'appauvrissement de l'état: Moins d'impôts pour les bonnes entreprises. Non, ce n'est pas ça qu'il fait faire: c'est PLUS d'impôts pour les mauvaises. La nuance est de taille.
Il va se contenter de ne pas faire pire qu'en 2007, se contenter d'être au niveau d'une Allemagne qui stagne.Ca doit être ça le choc de confiance ! Dès le début, il nous l'avait dit : la France est un pays qui s'est endormi pendant que les autres avançaient. Nous n'avons pas embrassé TINA et subit les mêmes traitements que nos voisins bons élèves de l'OCDE sur le papier ( uniquement). Pire encore, un moment il a expliqué que les précédentes réformes des retraites, c'était de la merde: Or qui a fait la dernière en 2003 ? N'est ce pas un certain Fillon?
Il a confondu le gaz et le fioul, ce n'est pas la première fois qu'il confond quelque chose. Il a aussi un problème de vue, on apprend donc qu'il est allé dans un restaurant où on exploite des travailleurs immigrés. Ce sont ses mots: exploiter. Il a donc été témoin d'un délit pénal et n'agit pas.
Dans le même genre de confusion, on a un pavé de taille respectable. Il confond demande de permis de travailler et demande de nationalité! Personne n'a remarqué ça, et ça permet de décaler le débat sur l'immigration vers un truc plus vicieux. C'est habile et sans doute fait volontairement.
Mais ce genre de conneries , les journalistes ne les voient pas. Il peut annoncer en mentant que le prix du baril de pétrole à doublé pendant son mandat ( 1 an , rappelons le), mais il oublie de préciser que l'Euro s'est apprécié face au dollar entre temps, et que cela joue sur le prix réel du baril en UE. Il nous parle de budget en déficit depuis 1974, mais personne n'est là pour lui rappeler qu'il a été ministre des finances entre 1993 et 1995 et qu'il a rajouté 100 milliards de dettes avec les intérêts ?Qu'il a été ministre du budget en 2005 par exemple ? Et bien sûr, il n'y a pas d'autre stratégie possible , c'est TINA , TINA, TINA : There is no alternative. La France doit s'adapter dit-il, en même temps il nous annonce que nous résistons mieux que les autres. Vous ne voyez pas là une contradiction très chiraquienne ? Moi si. Et quand il nous dit qu'il a lancé ( pas trop loin, pas trop fort), 55 réformes et que tout se tient... ça ne vous rappelle pas quelqu'un cette formule ? Chaque réforme tient l'autre, nous sommes dans une société complexe. C'est compliqué, on croirait entendre Chirac: quand ça ne marche pas, ce n'est pas de sa faute, mais des autres ou de nous. La hausse des prix ça date de l'arrivée de l'euro... le message subliminal est assez odieux. Il n'explique pas qui a le plus profité de ces hausses!
Sur les heures, supplémentaires, il parle de 30% d'heures supplémentaires et refuse de parler du montant moyen pour le salarié, forcément c'est moins de 100 euros en moyenne. Loin d'un 13e mois. Sur les loyers, on tombe sur un truc odieux : c'est 600 millions qui ont été ainsi rendus aux locataires. Faux ! Personne n'a récupéré d'argent supplémentaire, il faut changer de logement loué pour bénéficier de la mesure. Personne n'a reçu de chèque!
Il transforme l'avance de 200 euros sur les retraites en prime. Ce n'est pas la même chose. C'est Majax avec ses trucs de nuls, il fait sortir un lapin du chapeau: la prime au gaz ! 695 000 personnes l'ont touché, ça représente 10% pour ceux qui ont une cuve de 2000 litres. La journaliste ose un "de fioul", il répond sûr de lui, de gaz. Et là, il se rend compte qu'il a merdouillé, annonce qu'il va voir avec Gaz de France, regarde le plafond, et botte en touche : Y'a des déficits, c'est de l'argent public... On ne peut pas en rajouter, on va avoir un tarif social toujours en retard, et lapsus de taille: il va l'augmenter, vous voilà prévenus. Et le voilà qui embraye sur les heures supplémentaires pour les fonctionnaires. Donc les fonctionnaires chauffés au gaz sont rassurés. Pour les autres, on se demande qu'elle sera la solution. Et il avoue, les gens n'en peuvent plus, là il est réaliste sur le constat.
C'est là qu'il va rebondir après quelques minutes pénibles sur son projet de société, sur les profits considérables dont les salariés doivent profiter. Nous sommes prévenus, il va déposer un projet de loi. Et depuis les 35 heures , il n'y a plus de négociations salariales dans les entreprises (...) les salaires ont baissé, voilà un nouveau mensonge de taille: du grand n'importe quoi. Il suffit de connaître le monde de l'entreprise pour constater que depuis, il y a eu quand même des négociation salariales un peu partout, avec des résultats minables pour d'autres raisons que les 35 heures.
Regardez cette vidéo jusqu'au bout, elle dure 7 minutes. C'est Sarkozy interrogé sur le pouvoir d'achat avec une question sur le prix du Gaz. On voit l'approximation, le manque de sérieux, la navigation à vue du candidat-président.
Sarkozy dans le gaz
envoyé par dagrouik
Il y a une perle de taille dans cet extrait, à la fin , PPDA qui se pose des questions, ose un truc puissant "mais rien ne sort de tout ça". C'est exceptionnel, vous ne trouvez pas ? Et si mâââââmmmme Chabot avait été là, aurait-elle osé faire mieux encore? du genre "Mais vous êtes un gros nul". Ca doit être ça la rupture, PPDA qui explique que rien ne marche et Sarkozy qui balaye d'un revers de la main.
Il a encore osé le répéter : On ne travaille pas assez en France. c'est faux, c'est un mensonge, une intox de taille que nous sommes peu à dénoncer depuis 1 an et plus. Il suffit de consulter les données Eurostat et celles du bureau du travail US pour constater que le salarié français qui travaille en fait plus longtemps que ses voisins du sud, et autant si ce n'est plus que les autres ( UK, D). Quand aux américains, c'est pire que tout.
Pour lui, tout se ramène à des problèmes de communication avec des erreurs complètes sur le paquet fiscal. Les couacs vont continuer par ce qu'il va être tolérant vis à vis de ses ministres. La plus grosse perle est quand même celle-ci : "Est-ce qu'on peut bouger ce pays sans que ça provoque des mouvements ?"
C'est sans doute ça la morale de cette intervention: il confond tout et n'importe quoi.