Anya jetait des coups d’œil furtifs au vampire qui chevauchait à ses côtés. La mine renfrognée et muré dans le silence depuis leur départ, le jeune homme regardait obstinément devant lui. Anya, quant à elle, avait respecté son mutisme et luttait pour ne pas aborder le sujet qui pourtant lui brûlait les lèvres. Mais ils étaient partis depuis plusieurs heures déjà et plus le visage d’Elijah devenait taciturne plus elle sentait monter en elle une envie irrépressible de mettre les pieds dans le plat :
- Tu ne veux vraiment pas en parler ? hasarda-t-elle.
- Non, répondit-il simplement et froidement en regardant toujours devant lui.
Anya fit une moue de déception et s’apprêtait à abandonner lorsqu’Elijah tira brusquement sur les rênes de son cheval. Surprise, Anya imita son geste et scruta la forêt dans laquelle ils évoluaient à la recherche de la cause de cet arrêt brutal. Pourtant le vampire ne semblait pas préoccupé par un quelconque danger, il approcha son cheval de celui de la jeune femme et la regarda les sourcils froncés pendant un moment qui parut une éternité à Anya. La jeune femme resta interdite devant l’attitude étrange du vampire qui semblait hésiter à parler.
- J’aimerais que tu répondes à une question, commença –t-il calmement. Comment faites-vous, l’une comme l’autre, pour mettre une telle pagaille dans la vie des hommes qui vous approchent et, ce, en si peu de temps ? Cela fait partie de la malédiction de votre famille, ça aussi ? Il y a une page spéciale dans votre maudit grimoire où l’on vous explique comment vous y prendre pour nous pourrir la vie ? Une dernière chose : pourquoi s’obstine-t-elle à ne pas vouloir comprendre ma position alors qu’elle t’a toujours été fidèle malgré toutes les âneries que tu as pu faire ? Comment fait-elle pour me faire sortir systématiquement de mes gonds alors que je…
Le vampire s’interrompit soudain en voyant le visage de la jeune femme qui se mordillait la lèvre inférieure pour tenter de contenir son hilarité devant l’avalanche de questions débitées à une vitesse vertigineuse et la perte du flegme habituel du jeune homme.
- Tu veux que je réponde à quelle question en premier ? demanda-t-elle dans un éclat de rire qu’elle regretta aussitôt devant le visage désemparé du jeune homme.
Tête basse, les lèvres pincées, Elijah se passa une main lasse sur le front avant de descendre de cheval suivi dans son mouvement par Anya:
- Je comprends ta position Elijah. Et Noura aussi, même si elle ne veut pas pour le moment l’accepter. C’est terrible de devoir renoncer à quelqu’un que l’on aime….
Le vampire regarda avec compassion la jeune femme dont la voix s’était imperceptiblement brisée :
- Sauf si ce quelqu’un est devenu un monstre et dans ce cas c’est nettement plus facile, ajouta-t-il.
- Il ne l’a pas toujours été, murmura-t-elle.
- Je le sais bien, sinon je ne serais pas resté à ses côtés.
Mise mal à l’aise par la tournure de la conversation, Anya préféra couper court. Elle se détourna pour échapper au regard d’Elijah et remonta prestement en selle et se racla la gorge pour dissimuler son trouble :
- Allons-y. Plus vite on en aura fini mieux ce sera, décréta-t-elle en tirant sur la bride de son cheval pour l’inciter à reprendre la bonne direction.
Anya secoua la tête pour chasser les images importunes qui s’imposaient malgré elle dans son esprit. Pourtant, les images devaient de plus en plus nettes et défilaient sans qu’elle puisse les contenir. Des souvenirs d’un autre temps…
Huit ans auparavant…
Le bruit des épées qui s’entrechoquaient, raisonnaient dans le silence de la forêt et avait fait fuir les oiseaux qui avaient quitté leurs perchoirs avec des cris et des bruissements d’ailes assourdissants. Les deux adversaires, épuisés par un combat qui durait depuis très longues minutes déjà, s’écartèrent l’un de l’autre pour reprendre leur souffle tout en s’affrontant du regard, leur visage déformé par la haine réciproque qu’ils se portaient. Un troisième, à peine plus âgé que les deux autres, regardait le combat nonchalamment adossé à un arbre, attendant le moment propice pour prendre à nouveau la relève de son frère :
- Cette fois, ton frère ne sera pas là pour te sauver la mise, Niklaus, lâcha-t-il avec un sourire torve au coin des lèvres.
- A deux contre un : Ludwik peut être fier de ses deux fils, répliqua Niklaus hors d’haleine avant de fondre à nouveau sur son adversaire.
Mais à bout de force, son attaque fut facilement parée et le jeune homme fut brutalement désarmé avant de perdre l’équilibre. Un genou à terre, il tenta de reprendre son épée qui gisait à un mètre de lui mais son mouvement fut stoppé par un violent coup de pied que l’autre lui asséna à la mâchoire et qui le fit tomber à la renverse. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il vit au dessus de lui les visages goguenards des deux frères. Il serra les dents de rage en entendant leurs éclats de rire et s’apprêtait à se relever lorsqu’un premier coup porté dans les côtes le fit se plier en deux dans un gémissement de douleur. D’autres suivirent toujours plus brutaux. Impuissant à contenir les assauts de ses deux assaillants, Niklaus gisait à terre, le corps animé de soubresauts à chaque coup donné par l’un et l’autre Très vite, un voile obscurcit sa vision et il sombra dans l’inconscience.
Il n’aurait su dire combien de temps, il était resté allongé dans cette clairière mais une sensation de fraîcheur provoquée par un linge humide passé sur son visage, le tira peu à peu de cet état comateux dans lequel il était plongé. Il reprit entièrement connaissance lorsqu’il sentit une pression pourtant légère s’exercer sur ses côtes. Il émit un grognement de douleur et se saisit brutalement de cette main importune. Il ouvrit péniblement les yeux et porta une main devant eux pour atténuer la lumière crue de cette fin de journée qui l’empêchait de voir nettement la silhouette qu’il devinait assise à ses côtés et qui tentait désespérément de se défaire de son emprise. Soudain, il sentit la pointe d’une lame s’enfoncer légèrement sur son cou.
- Lâchez-moi ou je finis ce qu’ils ont commencé, ordonna une voix cristalline qui le fit tressaillir.
De surprise, le jeune homme lâcha prise et tenta de se redresser pour faire face à son interlocutrice mais une douleur aiguë lui arracha un cri et le plia à nouveau en deux.
- Vous avez probablement une côte fêlée. Laissez-moi vous aider à vous relever, proposa-t-elle en joignant le geste à la parole et en passant un bras autour des épaules du jeune homme.
Mais le souvenir cuisant de sa défaite contre les deux fils de Ludwik était encore trop vivace pour qu’il consente à nouveau, et en si peu de temps, à se retrouver en position de faiblesse. Niklaus se dégagea aussi vivement qu’il le put et se redressa tant bien que mal pour lui faire face aussi dignement que possible. Il put alors jauger avec étonnement la jeune fille qui se tenait devant lui, les sourcils froncés et les bras croisés sur la poitrine pour montrer son exaspération.
- D’où sortez-vous ? Et que faites-vous au milieu de la forêt ? demanda-t-il froidement en scrutant les alentours pour chercher la présence d’autres personnes tant l’idée de voir une si jeune femme seule au milieu des bois lui semblait saugrenue.
-J’habite dans la plaine de l’autre côté de la forêt. Et là j’essaie de venir en aide à homme qui devrait se montrer beaucoup plus aimable étant donné que ses deux « amis » sont partis avec son cheval, qu’il se trouve à une heure environ de son village et qu’il n’est pas en état de marcher jusque là-bas, énonça-t-elle avec un sourire mutin.
Niklaus émit un bref grognement devant cet exposé des faits qui n’étaient pas vraiment à son honneur. Ce n’était décidément pas son jour. Il s’apprêtait à décliner l’aide de la jeune femme quand il eut soudain le souffle coupé par une douleur cuisante émanant de son flanc droit. Il vacilla, les jambes chancelantes, et tomba à genoux au sol un bras comprimant sa poitrine pour tenter d’atténuer la souffrance. Anyanka se précipita et s’agenouilla près du jeune homme:
- Ne vous entêtez pas et laissez-moi vous aider. Je n’ai pas envie d’avoir votre mort sur la conscience lorsqu’on découvrira votre cadavre dévoré par les loups demain matin.
Niklaus leva un regard perplexe vers la jeune femme qui lui souriait avec bienveillance malgré la dureté de ses propos :
- C’est charmant ! Vous savez trouver les mots qu’il faut pour convaincre, lâcha-t-il entre ses dents.
Elle laissa échapper un petit rire cristallin qui le saisit aussi brutalement que le son de sa voix un peu plus tôt. La jeune femme prit le bras de Niklaus et le passa autour de ses épaules et réussit tant bien que mal à le remettre debout. Ce n’est qu’au prix d’efforts considérables que l’un et l’autre parvinrent à garder un semblant d’équilibre et à rejoindre le cheval de la jeune fille attaché à un arbre. Ce dernier se mit à s’ébrouer mais Niklaus réussit malgré la douleur à monter en selle. Il s’effondra alors sur l’encolure de l’animal, le souffle court, la main sur la poitrine. Anyanka se saisit des rênes et amena le cheval près d’un tronc d’arbre renversé pour en faire un marche pied. Le jeune homme se redressa péniblement pour lui laisser de la place. Lorsqu’elle s’installa devant lui, il posa une main, qu’Anyanka jugea trop familière, sur sa taille.
- Faites attention où vous mettez vos mains si vous ne voulez pas vous trouver le derrière par terre ! le rabroua-t-elle en lui envoyant un coup de coude plus brusque qu’elle n’aurait voulu et qui le fit se redresser avec un gémissement.
Ils chevauchèrent pendant près d’une heure en silence. Anyanka sentait dans son dos la respiration saccadée du jeune homme qui se crispait à chaque fois que le cheval faisait un écart. A plusieurs reprises, elle le sentit vaciller et le retint de justesse. En désespoir de cause et pour éviter qu’il ne bascule définitivement de la selle, elle se saisit de ses deux bras et les enserra autour de sa taille. Elle tressaillit quand il se laissa aller pesamment sur son dos et en sentant son souffle chaud dans son cou.
- J’ai oublié de vous remercier, je crois, murmura-t-il au creux de son oreille.
Troublée par cette proximité avec un homme à laquelle elle n’était coutumière, la jeune femme se contenta d’un simple hochement de tête pour toute réponse. Elle talonna son cheval pour le faire accélérer en constatant que les ombres annonçant le crépuscule envahissaient peu à peu les sous bois. Quelques minutes plus tard, guidés par les indications de Niklaus, ils arrivèrent à l’orée de la forêt à quelques centaines de mètres de la propriété familiale.
- Arrêtez-vous ici. Il vaut mieux que vous n’alliez pas plus loin, demanda-t-il en voyant apparaître au loin la silhouette paternelle.
Il se laissa glisser à terre en grimaçant et leva une dernière fois les yeux vers la jeune femme.
- Merci encore. Vous devriez vous dépêcher de rentrer avant qu’il ne fasse nuit, murmura-t-il simplement avant de prendre le chemin de la maison.
Anyanka regarda un moment la silhouette légèrement recourbée du jeune homme s’éloigner. Des éclats de voix parvinrent jusqu’à elle lorsque Niklaus arriva à la hauteur de cet homme dont elle ne parvenait pas à distinguer les traits. Elle resta pétrifiée en voyant ce dernier le saisir par le col avant de le repousser brutalement au sol et de s’éloigner avec indifférence.
Elle ne se décida à rebrousser chemin qu’en apercevantt un autre homme s’avancer vers lui et le soutenir avec prévenance pour le conduire à l’intérieur de la grande maison.
~*~
Quelques jours plus tard, une vague de froid soudaine vint remplacer la douceur de l’automne qui régnait jusque là. Très vite, les premiers flocons recouvrirent les sols verglacés et les habitants se cloîtrèrent dans leurs chaumières, pris de court par cette attaque précoce de l’hiver. Rassemblée autour de la cheminée, la famille se laissait bercer par la douce chaleur qui émanait des braises qui se consumaient dans l’âtre. Soudain, un violent courant d’air les fit tous tressaillir et se tourner vers la porte d’entrée. Viktor se débarrassa de sa cape et la secoua vigoureusement pour en chasser la neige verglacée qui s’était amassée dessus avant de rejoindre le reste de sa famille.
- Je commençais à m’inquiéter. Tu es parti depuis des heures. Tout va bien ? demanda Suria en voyant le front soucieux de son mari.
Viktor avança les mains vers l’âtre pour se les réchauffer avant de répondre :
- Il y a eu une attaque de loup près de la clairière à une heure d’ici. Des chasseurs ont retrouvé le corps d’une jeune femme. Elle était là depuis plusieurs jours apparemment. Nous allons organiser une battue dès demain à l’aube pour traquer l’animal.
Les paroles paternelles eurent l’effet d’un choc sur Niklaus qui se leva d’un bond à la surprise générale.
- Sait-on de qui il s’agit ?, demanda-t-il en proie à une angoisse qu’il ne s’expliquait pas à l’idée qu’il puisse s’agir de cette jeune femme qui lui était venu en aide.
- Non. Je viens de te dire qu’elle était là depuis plusieurs jours. Il faut être inconscient pour s’aventurer aussi profondément dans cette forêt. Les animaux se sont chargés de la rendre méconnaissable, répondit froidement Viktor en dévisageant son fils. Dès demain, soyez tous prêts à l’aube, vous participerez tous à la battue.
Le jour s’est à peine levé, que les cavaliers avaient pris la route dans l’air glacial du matin. Alors que ses frères chevauchaient devant lui, Niklaus se tenait à l’écart. En voyant par-dessus de son épaule l’air maussade de son cadet, Elijah tira sur la bride de son cheval et lui fit faire demi-tour pour le rejoindre. Il ignora sciemment le regard désapprobateur de son père. Persuadé de l’influence néfaste du plus jeune, toujours prompt à se mettre dans des situations compromettantes comme cette énième incartade avec les fils de Ludwik et qui à chaque fois le mettait dans une situation délicate face au conseil, Viktor n’appréciait que très moyennement cette complicité entre ses deux fils.
- Tout va bien ? demanda Elijah en arrivant à la hauteur de son frère.
- Je vais avoir besoin de ton aide, Elijah, répondit-il à brûle pourpoint.
Elijah leva un sourcil interrogateur :
- Une aide où va me falloir encore mentir pour te couvrir ?
Un sourire narquois apparut sur les lèvres du plus jeune :
- Effectivement oui. Il faudrait que je m’éloigne pendant une heure ou deux.
Elijah soupira de dépit avant de répondre:
- Je suppose qu’il est inutile que je te demande pourquoi.
- Ce que j’aime chez toi Elijah, c’est ta perspicacité, se moqua Niklaus.
- Très bien mais tâche de revenir entier cette fois, recommanda-t-il en éperonnant son cheval pour rejoindre le groupe.
Quelques minutes plus tard, convaincus par Elijah qu’ils seraient plus efficaces s’ils se séparaient, des groupes éclatés se dirigeaient dans différentes directions et s’enfonçaient inexorablement dans les sous bois, alors que Niklaus chevauchait à vive allure vers la clairière faisant voler sur son sillage la neige accumulée sur les branches. Lorsqu’il y parvint, l’endroit était désert, recouvert par une épaisse couche de neige vierge. Bien décidé à ne pas abandonner aussi facilement, Niklaus talonna son cheval et s’engouffra sur le sentier en direction du village des plaines. Arrivé à mi-chemin, il tira brusquement sur les rênes faisant cabrer son cheval. Devant lui, dans la neige fraîche, il distingua nettement des empruntes humaines qui se dirigeaient vers la rivière en contre bas. Il attacha son cheval à un tronc d’arbre et descendit la pente enneigée. Il s’immobilisa en entendant des voix et des rires de femmes qui parvenaient jusqu’à lui. Dissimulé derrière le tronc épais d’un arbre, Niklaus tendit le cou pour tenter d’apercevoir plus distinctement les trois femmes qui remplissaient leurs seaux d’eau gelée quelques mètres plus bas. Un sourire se dessina malgré lui en reconnaissant le visage d’Anyanka qui se retourna dans sa direction pour déposer les seaux pleins sur la rive. Elle était en vie et bien en vie. Ses longs cheveux bruns retombant sur ses épaules, son sourire mutin, ses grands yeux bruns qui se portèrent soudain sur lui sans qu’il s’en rende compte tant il était perdu dans sa contemplation. Il se figea et serra les dents en se voyant démasqué aussi bêtement. Elle le regardait mi surprise, mi inquiète. Il réfléchit à toute allure pour étudier les possibilités qui se présentaient à lui. Soit il battait lâchement en retraite, quitte à passer pour pervers qu’elle allait regretter d’avoir sauvé, soit il assumait le fait d’avoir fait toute cette route pour s’assurer qu’elle allait bien, quitte à passer pour un pauvre niais. Il n’eut pas le temps de prendre une décision que déjà Anyanka échangeait quelques mots avec les deux autres et s’éloignait d’elles en lui faisant un signe discret pour qu’il la suive.
Il longea la rivière tout en restant à bonne distance pour ne pas être repérer par les deux autres. Il tâchait de ne pas perdre de vue la jeune femme qui marchait à vive allure malgré la neige. Mais malgré ses efforts, elle disparut soudain de son champ de vision après qu’il ait manqué de perdre l’équilibre lorsque ses bottes s’enfoncèrent brusquement et profondément dans la neige. Il laissa échapper un juron de contrariété en se redressant :
- Je peux savoir ce que vous faites là ? demanda Anyanka qui était apparue derrière lui sans qu’il ne sache d’où elle sortait.
Niklaus, pris au dépourvu, répondit sans réfléchir :
- On a retrouvé votre corps dans la clairière hier, je voulais m’assurer qu’il ne s’agissait pas du vôtre, cafouilla-t-il.
- Pardon ? demanda-t-elle devant l’absurdité de sa phrase.
Le jeune homme, dépité par sa stupidité, baissa la tête en la secoua et se passa une main dans les cheveux dans un geste d’embarras.
- Je suis désolé, se reprit-il. Je me rends compte que, jusque là, je ne vous ai pas donné une image très flatteuse de moi.
Attendrie par sa maladresse, Anyanka lui adressa sourire bienveillant qui creusa deux facettes sur ses joues rosies par le froid.
- Je pense malgré les apparences, vous êtes…..un loup…
- Hein ? Pardon ?
Pétrifiée d’effroi, la jeune femme fit un geste en direction d’un promontoire qui se trouvait derrière lui.
- Derrière vous….un loup, bredouilla-t-elle.
Le jeune homme se retourna doucement. A quelques mètres d’eux, les surplombant, l’animal les fixait de ses yeux luisants. Avec précaution et des gestes lents, Niklaus sortit une flèche de son carquois et banda son arc. Les babines de l’animal, devant la menace, se retroussèrent et laissèrent échapper un grognement sourd qui fit frémir Anyanka. Alors qu’il s’apprêtait à fondre sur eux, Niklaus décocha sa flèche qui atteignit le flanc de l’animal qui s’écroula au sol dans un jappement de douleur.
Il se retourna vers la jeune femme qui regardait horrifiée l’animal gisant au sol et dont le sang se répandait sur la neige maculée.
- Et dire que si vous n’aviez pas retrouvé mon corps dans la clairière hier, je serais morte ici même à cet instant, plaisanta-t-elle en lui jetant un regard malicieux.
Niklaus accepta la raillerie de bonne grâce et laissa échapper un sourire :
- Je vous propose de reprendre les choses par leur commencement. Je m’appelle Niklaus, se présenta-t-il en tendant la main vers la jeune fille.
- Anyanka, répondit-elle en plaçant sa main la sienne.
- Enchanté Anyanka, reprit-il en portant ses doigts fins à ses lèvres.