Dream pop américaine. Voilà semble t-il le terme à utiliser pour qualifier la musique de Gem Club, groupe minimaliste originaire de Boston composé principalement de Christopher Barnes et Kristen Drymala. J'en apprends tous les jours sur le sens des intitulés que les fans tentent d'associer à leur musique préférée, exercice que certains poussent à la limite de l'exagération, jouant le plus souvent de la symbolique excessive sur le rendu général plutôt que sur la première impression perçue, malheureusement souvent bien plus terre à terre. Beaucoup prennent pour cela un malin plaisir à ajouter toutes sortes de termes censés évoquer l'univers artistique de l'artiste ou du groupe qu'ils défendent, avec parfois le risque de tomber, surtout concernant la musique électronique, ou plus généralement alternative (terme fourre-tout bien pratique), dans des considérations esthétiques aux qualificatifs plus douteux que réalistes (j'ai déjà lu des trucs du genre : IDM - indus - downtempo - drone, ou encore : Techno - ambient - field recording - glitch, tout ça pour définir le style d'un album. Un vrai labyrinthe de geek qui demanderait presque à lui seul un décodeur dernière génération pour en déchiffrer le message...). Mais qu'importe. Personnellement je préfère en sourire, et tant pis pour le caractère sérieux de ces appelations que quelques bloggeurs paraissent vouloir défendre en fabriquant des cases musicales sur mesure dignes d'un ouvrage fantastique. Après tout ils se font plaisir, et c'est bien là l'essentiel (on en est tous rendus au même point n'est-ce pas ?). Toujours est-il que cette fois-ci, concernant le disque d'aujourd'hui, ce "Breakers" de 2011, je ne me perdrai pas bien longtemps à chercher ce que tout cela pouvait recouvrir. "Dream pop américaine", 3 mots qui se trouvent dans mon dictionnaire, et pour une fois compréhensibles, surtout pour quelqu'un comme moi qui suis novice en la matière. L'évocation du rêve se trouvant mêlée à un univers pop, le tout en provenance des Etats-Unis. Ok, j'y suis. D'ailleurs en écoutant tout ça de plus près, je reconnais que les termes s'accordent parfaitement avec l'atmosphère qui s'en dégage et définissent assez bien l'univers de Gem Club : une sorte de "dream pop américaine" (donc), minimaliste à l'extrême, intimiste, harmonieuse, écrite avec simplicité, et que l'on pourrait facilement intercaller entre des senteurs de Perfume Genius et de King Creosote, avec comme l'esprit l'exige ni plus ni moins que 1 piano et 4 accords, quelques notes de violoncelle en guise de surlignage mélodique, des chansons chuchotées sur des airs mélancoliques, et pour aller au bout de ma pensée, par moments l'impression de se faire sérieusement chier tant le vide et le désespoir sont importants. Les morceaux se ressemblent tous, même tempo, même lenteur, même lassitude, même tristesse. Pourtant j'apprécie ce disque qui, je dois le reconnaitre fut, en plus d'une heureuse redécouverte, l'occasion pour moi de le ressortir de son tiroir en vue de cette chronique. Pour être honnête, je ne l'avais pas réécouté depuis des mois, ayant même fini par oublier qu'il faisait partie de ma discothèque. Mais l'automne aidant (texte écrit le 11 octobre 2012), la grisaille et le crachin, la luminosité fuyant chaque jour un peu plus, les mines fermées, les regards froids, autant d'éléments qu'il serait vain de ne pas laisser s'accorder avec cette musique faite pour eux, si bien que j'ai fini par succomber à son charme subtil sur un air du temps qui passe. Attention cependant de bien choisir celui ou celle avec qui vous le partagerez. Ce disque tient beaucoup d'une "agitation" dépressive et ne doit pas se trouver dans toutes les mains (vous voilà prévenus). Les 38 minutes qu'il contient paraissent une éternité, et pour le reste, à vous de voir.