On dénombre déjà de nombreux morts et des blessés. Il ne s’agit plus de se battre contre un tyran à la solde de l’Occident ! Moubarak a été chassé mais les frères musulmans qui l’ont démocratiquement remplacé n’ont pas su apaiser l’angoisse du pays. Bien au contraire ! Le président Morsi a fait preuve de népotisme. Il s’est embourbé dans la corruption. Ses adversaires voient en lui un islamiste non éclairé, dilettante et avide de pouvoir ! Son règne était compté ! Le voilà prisonnier de l’armée et destitué de tous pouvoirs.
Dehors c’est le chaos. Anti-Morsi et Frères Musulmans se battent en clamant leur légitimité. L’armée, toujours bien aimée du peuple, tente l’apaisement mais se voit dépassée par l’ampleur des violences urbaines. La place Tahrir, au cœur de Caire, retrouve sa fiévreuse activité de manifestation. Mais l’ombre de Moubarak est loin. A présent on se bat pour l’après Morsi et on retrouve sur sa route un opposant avec lequel, quelques mois en arrière, on avait sympathisé pour une opposition commune à la tyrannie du pouvoir.
Un président intérimaire, Adly Mansour, a été nommé par l'armée ! Il a dissous la Chambre haute dominée par les islamistes et a nommé un nouveau chef des renseignements. Le monde entier est suspendu aux évolutions de la tragédie égyptienne. La révolution reste en marche ballotée entre l’islamisme séculaire et le besoin impérieux d’établir une constitution stable et digne d’un pays au potentiel économique incontestable.
En Egypte, comme ailleurs, une révolution prend du temps. Le roi Morsi n’est plus, dans sa fuite avare haines L’auront dûment déchu pour son cœur islamiste. Sur la place Tahrir de nouveau se déchaînent Les ventres mal nourris par les blés intégristes.
Un trop fugace règne de l’après Moubarak Dont le procès perdure sous les cieux déchaînés L’armée revient brandir son habile matraque En garante de paix dans le poing policier !
Le jasmin tunisien voit ses exhalaisons Emporté par le vent des furies populaires Long sera le chemin de la révolution Dans le delta du Nil où s’étend la misère.
Mansour l’intérimaire prône l’apaisement Tandis que l’effusion de sang ne tarit pas Les enfants de Morsi en brûlants résistants Font d’un guide suprême le sursaut du combat.
Le chaos menaçant plane au-dessus des voiles Des djellabas râpés sous le soleil torride Un orage imminent assombrit les étoiles L’aigle de Saladin glatit d’humeurs acides.
Des lendemains brumeux dans la chaleur des larmes A l’ombre des cercueils brandis à bout de bras Les martyrs des deux camps inciteront les armes Dans le manichéisme à rougir les débats.