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La République se meurt, un essai de Michel Winock

Publié le 07 juillet 2013 par Mpbernet

07 juillet 2013

La critique de Claude :

Se souvenant de l'étudiant de 20 ans qu'il était en Sorbonne, de 1956 à 1958, Michel Winock nous raconte l'agonie de la IVème République, et plus encore celle de ses illusions politiques personnelles.

Winock

Jeune homme de gauche, il verra le Parti communiste justifier la répression sanglante de Budapest en 56, puis le Parti socialiste SFIO couvrir au sein du Gouvernement Guy Mollet la torture en Algérie : où faut-il militer quand les deux grands partis de la Gauche sont à ce point infidèles aux idéaux progressistes?

"Les écailles de mon militantisme tombaient les unes après les autres" écrit-il avec une verve douloureuse. Son humour est plus gai quand il parle des écrivains de la Nouvelle Droite, les " hussards" de Nimier et Jacques Laurent, qui produisaient, dit- il, " des romans de fesse et d'épée" 

A ce point, il faut souligner le talent littéraire de Winock, grand amateur de mots rares, tels que "rassoter" pour intoxiquer, "raccoutrer"  pour raccommoder, "improbation" pour refus, etc... On le lit avec un dictionnaire, comme on le ferait d'un livre en anglais.

Le lecteur gaulliste sera évidemment désolé de la méfiance que le jeune Winock éprouve pour de Gaulle. Entre temps, bien sûr, le Général  a effectivement rétabli les libertés publiques, et organisé, dans la douleur, l’évolution  de l’Algérie, comme le montre Benjamin Stora. Mais cela, notre jeune héros, qui évoque Fabrice à Waterloo, ne pouvait pas le savoir.

On est moins surpris, en revanche, par le dégoût qu'il éprouve pour cette droite française pour qui la fin sécuritaire justifie tous les moyens, torture comprise. Même si le livre. date de 1978, on y trouve de discrets avertissements contre "le retour de la bête immonde" (Brecht, Arturo UI)

En tout cas, cet ouvrage est à recommander à tous ceux qui aiment l'histoire contemporaine et Michel Winock en particulier, ou qui se passionnent pour la construction des attitudes politiques. 

La République se meurt, chronique 1956-1958, essai de Michel Winock (1978), Folio-Histoire, 279 p.8€


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