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En direct de l'Elysées

Publié le 25 avril 2008 par Chroneric

L'évènement de ce jeudi 24 avril fut donc En direct de l'Elysées. Un grand rendez-vous politique avec le Président des Français Nicolas Sarkozy, interrogé par cinq journalistes et suivi par près de douze millions de téléspectateurs. Notre président est rompu à ce style de communication. On l'a observé à plusieurs reprises, il aime les confrontations et les débats dynamiques. Bains de foules, interpellations par des manifestants, interviews, tout y passe. Ce sont des exercices dans lesquels il y trouve une certaine jouissance car ce sont des exercices qui le stimulent et qui lui permettent de rendre compte de ses actions et ses projets.

Sur la forme, une émission en grande pompe dans le salon qui a l'habitude des grandes cérémonies. Des tentures rouges de grand théâtre, des sièges dorés, des lustres éclatants et de l'or sur les murs. Un écrin. Un petit public, certainement des employés du Palais, des conseillers ou des proches, qui sait, mais certainement pas de public inconnu. Le président fait face à une caméra qu'il n'a regardée à aucun moment. Il répond et s'adresse aux journalistes directement. Dos tourné à la fenêtre donnant sur les jardins, cela donne l'impression qu'il souhaite le soutien et l'adhésion des Français, dehors, représentés par cette ouverture, toute symbolique. Tous derrière, et lui devant, pour affronter les questions les plus dérangeantes au cas où. Tout a été pensé pour rendre solennelle l'exercice et équilibrer le rapport de force entre l'interviewé et les interviewers.

Le choix des journalistes est intéressant et démontre une volonté d'innovation pour rompre avec le traditionnel binôme Poivre d'Arvor-Chabot éculé avec le temps. Nicolas Sarkozy veut montrer qu'il n'a pas peur. Le style se rapproche d'ailleurs plus d'un style à l'américaine. David Pujadas et Patrick Poivre-d'Arvor ont mené à bien les discussions à la minute et n'ont pas été impressionnés. J'ai toutefois trouvé le présentateur de TF1 parfois arrangeant ou en accord avec le président. David Pujadas, de France 2, a été plus piquant et insistant lorsqu'il n'obtenait pas la réponse qu'il finissait par obtenir.

Passons maintenant aux petits nouveaux si je puis dire, qui n'ont pas l'habitude d'interviewer de grandes personnalités.

Que l'on soit pour ou contre Sarkozy, j'ai quand même trouvé parfois Véronique Auger, de France 3, insolente. Peut-être un stress ou l'intention de démontrer qu'elle n'est pas une journaliste de connivence avec les politiques, ce qui est souvent reproché aux journalistes. Dans son style, elle a même réussi à déstabiliser le Président. Par son insistance sur des points concrets comme l'augmentation du prix du gaz pour les plus modestes. Nicolas Sarkozy s'est mélangé les pinceaux en mettant le gaz dans des cuves à la place du fuel. Si c'est ce qu'elle recherchait, elle a réussi.

Bizarrement, l'arrivée d'Yves Calvi de France 5 a rendu l'émission plus conviviale, voire chaleureuse. J'avais l'impression d'être dans C dans l'air, son émission célèbre. Par ses questions, il n'a d'ailleurs pas dérogé à son style de grain de sel. Pas de mots savants, il reste simple et surtout concret. Allant même, et ce fut osé, jusqu'à impliquer le jeune Louis, fils de Nicolas et Cecilia, dans sa question sur les OGM. D'ailleurs, mange-t-il vraiment des corn-flakes ? Malgré son culot, je pense que la réponse n'était pas celle attendue. Je veux dire par là, que le Président a répondu en tant que Président et non à titre personnel comme Yves Calvi l'avait demandé. Nicolas Sarkozy aurait dû attraper la perche tendue par ce sympathique journaliste pour paraître un peu plus humain et moins académique.

Enfin, pour les questions internationales, Vincent Hervouët de LCI s'est prêté au jeu. Spécialiste en la matière avec son émission qui décrypte le monde, je l'ai trouvé moins persévèrent que les autres. Il posait ses questions, tout à fait d'actualité et brûlantes, mais toujours satisfait des réponses apportées de par son sourire et son signe de la tête et yeux fermés que l'on fait quand on est d'accord avec son interlocuteur. Je ne lui reproche rien. Il a peut-être été impressionné par le cadre et la fonction de l'invité (si tant est que l'on peut appeler ça un invité). Je ne lui jette donc pas la pierre.

D'une façon générale, si Nicolas Sarkozy s'est trouvé plus à l'aise au fur et à mesure de l'émission, il n'a pas évité ses habitudes de langage. Vous savez, sa façon bien à lui de convaincre les autres en répondant aux questions par une question, comme le faisait Georges Marchais en son temps. De cette manière, il tente de rendre ses réponses tellement évidentes que l'on se demande pourquoi on les pose. Un Président plus recentré sur sa fonction, pour être plus responsable et sérieux et faire oublier ses dernières frasques "people".

Alors, a-t-il convaincu ? S'en est-il bien sorti ? Ne demandez pas l'avis à la classe politique, leur réponse sont toujours identiques après chaque intervention du Président : à gauche on trouve des défauts, et à droite ce fut un succès. Choisis ton camp camarade !


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