« Que ce soit un paradoxe ou une dialectique, l’étendue de l’amnésie dans notre culture n’est égalée que par une fascination toujours plus prégnante pour la mémoire et le passé. » Andreas Huyssens
Sous le titre Deux générations d’avant-garde de la photographie polonaise, l’Été photographique réunit cinq expositions qui donnent le ton de l’ensemble de cette édition : celui de l’expérimentation. En effet, pour la plupart, les œuvres exposées explorent a singularité de la photographie et ses potentialités artistiques. La démarche consistant à pousser le médium à ses limites est revendiquée par Nicolas
L’expérimentation est également au cœur des projets artistiques d’Agnieszka Polska, Renaud Auguste-Dormeuil, Annette Merkenthaler, Pierre-Lin Renié, mais aussi de Józef Robakowski, dont les films (vidéo et cinéma) seront projetés le 20 juillet au cinéma de Lectoure.
Si tous ces artistes ont en commun une volonté d’exploration, leurs préoccupations sont aussi différentes d’une génération à l’autre que les contextes historiques de leurs créations. Ainsi, en Pologne dans les années 50, le bouillonnement artistique né du dégel qui suit la mort de Staline remet d’actualité la question du statut artistique de la photographie. Lewczyński et d’autres artistes ont alors cherché des formes nouvelles d’écriture photographique – telles que le montage, la photo trouvée, l’image négative, etc. – pour sortir de l’impasse de l’académisme et se libérer du modèle obligé du reportage. Lewczyński a nommé ses recherches « anti-photographie » en référence au Nouveau roman français.
Une autre tonalité de cet Été est la dimension humaniste portée par des photographes de quatre générations – Tadeusz Rolke (1929), Bruce Wrighton (1950-1988), Guillaume Herbaut (1970), Emanuela Meloni (1987). Leur approche empathique, lucide et sans complaisance, en s’abstenant d’esthétiser ou d’idéaliser les personnes photographiées, s’approche au plus près de la réalité de leur condition, sans craindre de déranger le spectateur. Le face à face ne laisse pas d’échappatoire à qui regarde les portraits de Bruce Wrighton ou d’Emanuela Meloni. Les photographies de Tadeusz Rolke et de Guillaume Herbaut, les œuvres de Renaud Auguste-Dormeuil, dérangent parce qu’elles dévoilent des réalités occultées, dont la prise en compte oblige à revoir les dogmes, les idées simples et autres certitudes manichéennes.
L’artiste allemande Annette Merkenthaler, pour qui l’espace public est depuis longtemps un terrain d’expérimentation, installera en plusieurs points de Lectoure des œuvres spécialement conçues pour ces lieux (commissariat de Michel Métayer).
Comme à chaque édition, l’Été photographique privilégie les découvertes : les expositions de Guillaume Herbaut et Renaud-Auguste Dormeuil, Pierre-Lin Renié, Annette Merkenthaler ont été créées pour l’Été photographique ; celles des artistes polonais, dont le commissariat est assuré par Patrick Komorowski et Gunia Nowik, n’ont pour la plupart jamais été montrées en France.
François Saint Pierre
Centre d’art et photographie de Lectoure , Maison St Louis Maison de Saint-Louis – 8 Cours Gambetta 32700 Lectoure – 05 62 68 83 72www.centre-photo-lectoure.fr Horaires tout public : du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h. Entrée libre.