Les "bas de laine" en francs, il y en a encore plein en France. Le village de Collobrières, dans le Var, en est la preuve.
En accord avec la Banque de France et la Chambre de commerce et d'industrie du département, les francs y sont acceptés, et même bienvenus, jusqu'à la fin de l'année.
Nathalie Lepelletier, présidente de l'association des artisans et commerçants du village où elle est boulangère, a eu l'idée de ce retour au franc après avoir vu en 2007 un reportage télévisé sur une localité du département de l'Indre, première de France à l'époque, à remettre le franc au goût du jour.
Depuis le 1er avril jusqu'aux derniers mois de l'année 2008, Collobrières accepte les francs. Et cela marche plutôt bien.
La trentaine de commerçants que compte le village se sont remis au franc. La Banque de France leur a indiqué les astuces pour ne pas recevoir de fausses coupures ainsi que des tables de conversion pour bien rendre la monnaie.
"Notre démarche est essentiellement commerciale", précise Nathalie Lepelletier. "Nous ne sommes pas banquiers, pas question pour nous de faire office d'agents de change".
"Nous acceptons les billets de 20, 50, 100, 200 ou 500 francs, pas les pièces. On nous paye en francs, nous rendons en euros ou, mieux, nous donnons en produits l'équivalent des sommes que nous avons reçues pour ne pas avoir à rendre de monnaie".
La boulangère reconnaît avoir encaissé ce mois-ci entre 20.000 et 30.000 FF. Le droguiste, Pascal Carmier, se dit sidéré par tous les francs encore en circulation. "Au début, je ne croyais absolument pas à cette opération", dit-il. "Je pensais que les bas de laine en francs n'existaient plus. En fait, je me suis trompé, il y en a encore beaucoup".
Pierre Thébault
Reuters