Égypte : oui, l’hiver islamiste viendra

Publié le 05 juillet 2013 par Laurentarturduplessis

Attention à l’optimisme hors sol

Nombre de commentateurs occidentaux déclarent que le limogeage par l’armée du président Morsi et du gouvernement des Frères musulmans, cette semaine, sous les applaudissements des manifestants de l’opposition, rend caduque la thèse d’un « Hiver islamiste » succédant au « Printemps arabe ».
Ces commentateurs optimistes raisonnent hors sol. Ils ne prennent pas en compte le contexte économique égyptien et mondial. L’économie égyptienne s’enfonce à cause du naufrage du tourisme lié à l’instabilité politique. À cela s’ajoutent les effets délétères du ralentissement économique mondial, notamment en Europe et dans les pays émergents. L’économie mondiale est au bord d’une grave rechute qui mènera la crise à son paroxysme. Ce qui reste de la pauvre économie égyptienne sera balayé comme un fétu de paille. Les laïcs, s’ils ont le pouvoir, subiront à leur tour le discrédit lié au marasme économique grandissant. Celui-ci sera aggravé par le climat de violence que ne manqueront pas d’entretenir les islamistes radicaux, qu’ils appartiennent aux franges extrémistes des Frères musulmans ou à la mouvance salafiste. Ils s’appuieront sur la misère galopante pour rallier des foules de jeunes au djihad, jusqu’à s’emparer du pouvoir par la force, à moins que les urnes ne le leur offrent. Alors, l’hiver islamiste sera bel et bien installé en Égypte, sous la couleur dominante du salafisme.

Montée du djihadisme

« Vous voyez bien que la démocratie ne mène à rien », dit-on dans les milieux islamistes radicaux. Plusieurs de leurs orateurs ont publiquement annoncé qu’ils réagiraient par la violence à l’éviction de Morsi. Des manifestants pro-Morsi réunis à la place Rabaa Adaouia au Caire, ont adressé des menaces à Abdelfattah Sissi, le commandant en chef de l’armée. Ils ont menacé de répondre à l’intervention de celle-ci par des attentats suicide. Vendredi matin, des islamistes radicaux ont attaqué des postes de la police et de l’armée dans le Sinaï, tuant un soldat. Ils en ont blessé deux autres en attaquant un point de contrôle à al-Gura, dans le nord de la Péninsule. Ils ont bombardé à la roquette un poste de police et un bâtiment des renseignements militaires dans la ville frontalière de Rafah. Empêchée d’exercer une répression dure de l’islamisme radical par son bailleur de fonds américain, l’armée sera débordée par la montée du djihadisme.