Jusqu’au 30 décembre, le musée d’art sacré de Dijon (rue Ste Anne) a invité 18 artistes plasticiennes à marier leurs œuvres contemporaines à la collection du musée. Et,chose rare dans ce genre de scénographie, l’intégration est parfaite. Une expo qui m’a beaucoup touchée.
Le livret distribué à l’entrée est efficace pour apprécier encore mieux l’expo. Ne le dédaignez pas.
Dans la rotonde, en entrant, premier exemple d’œuvre bien en phase avec son environnement: « Pour la gloire… » de Hélène Mugot. Une couronne géante posée au sol,sur les belles dalles de pierre, sous la coupole (toutes ces lignes circulaires en harmonie…) Une couronne faite de vieux ceps de vigne. Évidemment,c’est la couronne d’épines…Le cep torturé et noir évoque la souffrance. Et,en outre,l’artiste a cicatrisé les plaies du bois avec des points de cire rouge. On y voir le sang. Idées puissantes. Plus loin vous verrez d’autres créations de cette artiste,dont sa « rosée » faite de 100 boules de cristal à base dorée…(là aussi,l’emplacement bien choisi a son importance)
Des œuvres en papier de soie plissé de Claudine Drai vous remuent par la force de suggestion qui émane de ces silhouettes pourtant si fantomatiques: une forme féminine en robe immaculée danse une danse immobile au milieu d’une des chapelles de la rotonde. Poignant. Et,non loin de là,une cohorte de mini-personnages s’affrontent dans une sorte d’étrange combat au bâton. Comme venus des mondes parallèles…Ou sortis du temps…(Regardez le livret de l’artiste,super intéressant)
Une tenture attire le regard,encore,dans le vestibule. Un rideau de blanc strié de noir. Fait de lamelles de papier pendues,qui bougent au moindre souffle,cachent et montrent le fond. On devine que,lui, est resté entier et que les bandes découpées, devant, portaient le même dessin, mais ont été laminées. Cette œuvre de Carole Benzaken porte en elle une magie mystérieuse.
Dans la sacristie,sur fond de murs de pierre, les photos de Rossella Bellusci (« Sdoppiamento ») transfigurent la réalité et vous laissent entrevoir comme le bout d’un tunnel, ou une porte sur l’au-delà… L’artiste utilise la lumière comme un matériau. Une technique de photographe originale et maîtrisée.
Dans la sacristie des religieuses, tout un ensemble de petits travaux de textiles,de dentelles,de broderie…(n’en loupez pas! faut avoir l’œil! ne passez pas trop vite devant les vitrines!) et ils sont mis en orrespondance avec des oeuvres d’antan à la même minutie) C’est d’une étonnante délicatesse. Les titres vous donnent une idée: « Fleurs pour l’âme »(Zoe Vida-Porumb),« Cocon » (Marjolaine Salvador-Morel) et « Jardin du silence » (Krystyna Dyrda-Kortyka). On pense aux travaux d’aiguilles des moniales. Mais c’est surtout un travail d’ange…!
Dans le couloir, des huiles sur toiles de Annick Roubinowitz nous plongent dans le calvaire de la Croix et dans l’idée de Résurrection. Une surface peinte qui ne révèle son sens qu’à celui qui sait s’arrêter,regarder et attendre ( un côté méditation) …Apparaît alors,émergeant des profondeur de la toile,une main ou un pied crucifié,une croix,un calice…
Je ne peux tout citer. (Et je n’ai pas tout aimé,non plus !!!)
Il y a le « Bol du pèlerin »et le « Réceptacle-lit » d’Aliska Lahusen, formidables de pureté. Les « Croix » en papier carbone plié et noirci de Cécile Marie,qui forment des polyptyques superbement placés dans le cœur de la rotonde. La photo grand format de Valérie Belin d’une robe ancienne rangée dans sa boîte-cercueil, privée de son corps (évoque les moniales qui abandonnaient leurs habits civils), extraordinairement empreinte d’émotion.
etc etc…Cliquer sur les visuels pour agrandir et poser la flèche de la souris sur eux pour voir l’auteur