Le Médecin malgré lui
Les années 90 rendent visite à l’œuvre de Molière, un exercice délicat, pourtant l’on donne à ce Médecin malgré lui, le Bon Dieu sans confession.
Année 90- Los Angeles – sous un pont – Sganarelle à la misère joyeuse, il trompe le temps avec ses acolytes de beuverie. Tant pis si sa maquerelle de femme n’apprécie pas. Quelques coups de bâton sauront lui faire entendre raison ! Mais, de son côté,la Martine ourdit une sombre conspiration contre son clochard de mari. Quand deux hommes de main cherchent un médecin pour guérir l’incurable, elle indique sans remords, son conjoint, non sans préciser que celui-ci comme tout grand génie a quelques lubies…du genre masochistes.
Molesté, contraint, Sganarelle s’improvise médecin malgré lui, mais entre l’alcool et son goût pour les médocs il aura fort à faire pour convaincre son entourage.
En décalant le contexte de cette farce de Molière on est surpris de voir à quel point celle-ci s’accommode bien des années ou des genres ! Le comique de la situation reste intact et les grands écarts temporels ne choquent en rien. La cohérence est même troublante, les problématiques abordées dans la pièce trouvent –toujours- un écho à notre temps. Mais la farce ne serait complète, sans en grossir légèrement le trait. Ainsi, les servants paysans cèdent la place à un couple hispanique à couper au couteau, quand le père de Lucinde est l’incarnation de J.r Ewing, sorti tout droit de Dallas. Les références aux années 90 se multiplient, du générique de la série Urgence, quand Sganarelle apparait pour la première fois en blouse blanche, à X-files, lorsqu’il se perd en explications du mal dont est atteint sa patiente, la scénographie habile, bien que minime, nous transporte.
Alors que les conservateurs les plus alarmés se rassurent, l’œuvre originale ne perd rien de sa richesse. On imagine bien Sganarelle lui-même, lisant son texte, une bouteille aux lèvres, indiquait cette didascalie californienne.
Le médecin malgré lui au Théâtre le Lucernaire
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